AGI – Association genevoise des ingénieurs

Jiri Horsky – Alberto Pedulla

 

« Tout faire pour sauvegarder la qualité Swiss Made »

Confrontée à de nombreux problèmes allant de la concurrence déloyale à un laisser aller de la qualité des constructions, l’Association genevoise des ingénieurs (AGI) met tout en œuvre pour que les prestations de ses ingénieurs soient toujours reconnues pour leur qualité et leur professionnalisme. Rencontre avec Jiri Horsky, président par intérim, et Alberto Pedulla, trésorier de l’AGI pour parler des dossiers en cours.

Est-ce que votre profession connaît des préoccupations particulières ?

Nous aimerions mettre en évidence dans chaque projet, la place prépondérante que tiennent les ingénieurs. Le rôle de ces derniers, qu’ils soient civils ou techniques, représente 50% de chaque opération. Ils sont importants et incontournables pour gérer les problèmes voire les anticiper et ceci est malheureusement trop peu souvent reconnu.

Est-ce que le prix des prestations des ingénieurs est sujet à discussion ?

Ceci est un gros souci car nous nous battons pour que les maîtres d’œuvres aient conscience qu’ils doivent accomplir toutes les prestations qui sont prévues par les normes SIA et qu’elles doivent être faites et bien faites ! Pour pouvoir soumettre une offre, nous nous basons sur le cahier des charges et souvent nous rencontrons des soucis car tous ne sont pas bien faits. Au final, quand nous envoyons notre devis, notre but est d’utiliser les bons mandataires pour de bonnes prestations et une bonne réalisation. Tout ceci a un coût et trop souvent sur les marchés publics, les maîtres d’œuvres ne regardent que le tarif final et pas la qualité des prestations. A Genève, la demande de logements est largement supérieur à l’offre de ce fait, on construit beaucoup, vite et à moindre coût. Pour s’assurer de ne pas rencontrer de soucis, trop se replie derrière les conditions contractuelles. Il faudrait vraiment revoir les choses car c’est la qualité du travail qui en pâtit et tout le savoir-faire des vrais professionnels.

Comment explique-t-on que pour un même travail, les devis puissent aller du simple au double ?

Les choses sont simples à expliquer. Pour notre métier, il y a deux parts de travail, d’un côté l’intellectuel qui se passe dans les bureaux et d’autre part la présence sur les chantiers. Quand on répond, aujourd’hui, à une demande rien ne nous empêche pour la partie intellectuelle de déléguer à un bureau installé à l’étranger où le taux horaire est très bas. Ce genre de pratique est de plus en plus courante et de ce fait, vu que rien n’empêche d’agir de la sorte, le bureau qui est à Genève, qui a des collaborateurs payés au tarif de la convention collective ne peut pas lutter.

Votre convention collective vous aide à palier à ces soucis ?

En effet, notre convention collective qui a été étendue jusqu’à 2022 met en évidence les salaires minimums que chacun doit recevoir en fonction de son poste. Ceci concerne également les entreprises étrangères quand elles viennent sur les chantiers. Donc pour cette partie du travail, nous sommes ici tous égaux. Nous avons également encadré les stages pour que l’abus cesse et que ceux qui les font aient une rémunération.

Est-ce que former la relève est difficile ?

Nous rencontrons un problème de taille puisque l’Etat s’est désisté de son rôle de formateur et a remis une grande partie de l’enseignement sur les épaules des bureaux formateurs. Ceci est très compliqué car les ingénieurs ont les facultés pour apprendre aux jeunes tout ce qui touche à la théorie et à la pratique du métier, par contre ils ne sont pas formés à l’aspect pédagogique. De plus, il faut savoir que pour bien former un jeune, 20% du temps du formateur lui devrait être dédié selon la période de l’année. Tout ceci coûte aux sociétés et beaucoup ne peuvent pas assurer la relève. Aujourd’hui, nous avons enfin pu obtenir une révision de l’ordonnance fédérale et nous espérons que cela va entraîner des financements à destination des formateurs. La formule actuelle n’est pas bonne et elle démotive les jeunes car les places sont difficiles à obtenir. Certains se tournent vers la formation scolaire mais leur niveau n’est pas égal à celui d’un élève qui suit la formation duale. De ce fait, nous finançons avec nos propres deniers des formations pour que les jeunes soient à niveau.

Est-ce que le BIM est aujourd’hui devenu incontournable ?

La révolution numérique a un impact indéniable sur notre métier. Malheureusement, la Suisse est vraiment à la traine puisqu’en Europe 50% des bureaux utilisent le système BIM alors que nous nous ne sommes qu’à 15%. L’AGI a proposé des cours pour les employeurs afin de leur présenter en détail le système et leur expliquer tous les tenants et aboutissants. Si tous souhaiteraient l’utiliser, le frein est souvent au niveau de la logistique et de la finance puisque le coût pour le BIM est très important et tout le monde ne peut pas investir massivement. Il va bien falloir trouver des solutions car tout va vite et ce système va devenir incontournable, déjà l’Etat accepte les dossiers réalisés avec le BIM et tout laisse à penser que dans un futur proche, tout passera par lui.

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