Anne Hiltpold

DIP – Département de l’instruction publique, de la formation et de la jeunesse

 

«Lorsqu’on reprend en main le DIP, les chantiers ne manquent pas!»

Anne Hiltpold a démarré la politique à Carouge pour être aujourd’hui conseillère d’Etat en charge du Département de l’instruction publique, de la formation et de la jeunesse. Dans ce département où les dossiers d’importance ne manquent pas, elle souhaite apporter des solutions réfléchies et adaptables à l’évolution de la société pour offrir, entre autres, un cadre scolaire et de formation le meilleur possible à chaque jeune. Pour en savoir plus de son histoire, de son présent et du futur, Anne Hiltpold répond aux questions de Bien Vivre.

Qui êtes-vous Anne Hiltpold?

Une femme politique engagée depuis presque 25 ans dans la Cité, d’abord à Carouge en tant que conseillère municipale, puis conseillère administrative et depuis juin 2023, comme conseillère d’Etat chargée du Département de l’instruction publique, de la formation et de la jeunesse. Je suis aussi mère de deux enfants de 19 et 21 ans.

Comment êtes-vous venue en politique et pourquoi?

J’ai été bercée par la politique dès mon plus jeune âge. Mon père était maire de Carouge, il nous a transmis le virus à mes frères et moi. Les dîners étaient animés, nous échangions énormément sur le monde qui nous entourait. J’ai su très vite que je voulais m’engager, ne pas rester spectatrice, je me suis donc présentée après mes études de droit, pendant mon stage d’avocate, au Conseil municipal de Carouge. J’avais un avantage précieux, je savais faire campagne ! J’ai passé 14 ans sur les bancs du municipal, et c’est en 2015 que j’ai sauté le pas en me présentant au conseil administratif de Carouge. J’y ai donc passé les huit années suivantes.

Vous dirigez un département où les chantiers d’importance ne manquent pas, comment s’organise votre programme pour aller de l’avant?

Assurément, lorsqu’on reprend en main le DIP, les chantiers ne manquent pas ! C’est enthousiasmant, motivant, mais aussi vertigineux. Pour construire un programme et diriger sa mise en œuvre, il faut commencer par l’essentiel, se poser la question fondamentale, quelle école veut-on mettre en œuvre pour les prochaines années de cette législature, et qui aura évidemment un impact sur les décennies à venir. Nous l’observons de chez nous, mais aussi chez nos voisins européens, l’enfance et la jeunesse de nos pays sont confrontées à des environnements qui sont progressivement devenus plus agressifs, plus exposants, notamment sur les réseaux sociaux, dans des messages souvent très violents, et qui conduisent malheureusement parfois à des drames. Mais c’est aussi le besoin de réussite, qui est presque devenu une exigence de nos sociétés, avec des seuils qui sont de plus en plus inaccessibles pour nos élèves, à tous les niveaux de la formation.

Tout cela pose la question de l’école, quelle philosophie éducative propose-t-on, pour que nous puissions offrir un environnement scolaire et de formation sain, équilibré, et qui mette dans la balance éducative d’un côté la qualité de la formation et d’un autre une offre qui soit adaptée à nos jeunes, tout en sachant qu’il faudra progressivement ajuster le cadre pour que nous ne mettions plus des élèves dans une situation d’échec annoncé.

Et je tiens à ce que nous gardions toujours en tête que derrière chaque décision prise, il y un enfant, une famille. Cela ne veut pas dire que nous ne prendrons pas de décisions qui pourraient fâcher, mais je souhaite que les élèves et leurs parents soient considérés davantage comme des usagers à qui nous devons rendre des comptes.

Parmi tous vos dossiers, lequel priorisez-vous et pourquoi?

Enormément de dossiers sont prioritaires dans mon département, nous devons les mener simultanément et de front. Je peux quand même vous dire que la réorganisation de l’office médico-pédagogique nous occupe beaucoup. Il y a aussi une très grande attente autour du Cycle d’orientation. Après le refus de la réforme CO22 par le peuple, nous devons proposer autre chose. Cela ne veut pas dire tout changer, mais réfléchir à ce que nous voulons, un meilleur enseignement pour les élèves en difficulté, un renforcement de l’orientation afin que tous le jeunes puissent choisir en toute connaissance de cause la voie qui leur convienne. Cela passe notamment par la formation des enseignants qui jouent un rôle central dans l’avenir de notre jeunesse, nous devons d’ailleurs leur en être reconnaissants.

Et puis il y a des dossiers qui exigent une attention constante, je pense à la lutte contre le harcèlement et le cyberharcèlement scolaires et plus largement tout ce qui touche au climat scolaire. Je citerai encore la promotion de la santé mentale des jeunes. Les jeunes sont de plus en plus touchés dans leur santé psychique, notre époque est anxiogène et particulièrement pour ceux qui ont grandi notamment avec le covid, le dérèglement climatique et les guerres. Sans nier la réalité, nous devrions aussi pouvoir offrir un autre discours aux jeunes, leur permettre de rêver, un peu.

L’école de vos rêves serait comment?

Elle serait à taille humaine, avec des enfants et des enseignants qui s’y sentent bien. J’attache une grande importance au bien-être à l’école. Les élèves et leurs professeurs doivent s’y sentir en sécurité, c’est une condition indispensable pour pouvoir transmettre les savoirs, la première mission de l’école.

Dans 5 ans, à la fin de votre législature, qu’aimeriez-vous avoir réalisé?

Avoir amélioré l’orientation des élèves afin de leur permettre de se réaliser sans devoir subir des échecs parfois inutiles. Avoir permis à davantage de jeunes de choisir la voie professionnelle si tel est leur désir en les informant davantage sur les perspectives que cette voie offre et en travaillant main dans la main avec les entreprises afin qu’elles proposent encore davantage de places. En deux mots stimuler les parcours de réussite!

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