Antonio Hodgers

DT – Département du territoire

 

Un investissement de chaque instant

Depuis 10 ans conseiller d’Etat, réélu en avril dernier, Antonio Hodgers entame un 3e mandat. En charge du département du territoire, il souhaite continuer à tout mettre en œuvre pour verdir Genève et la rendre plus vertueuse. Pour connaître ses positions et les dossiers qui l’occupent spécialement, il répond aux questions de Bien Vivre.

Quelle définition donnez-vous de votre poste de conseiller d’Etat?

Ma fille m’avait un jour, à l’âge de 4 ans, posé cette même question. En lui expliquant mon travail, elle avait conclu, en espagnol, « Papa es de la gente ». J’aime garder l’esprit de cette traduction enfantine qui retient que je travaille pour et avec les gens. Ce qu’elle ne dit pas, ce sont les valeurs qui m’animent et que je porte pour chacune des thématiques soit la solidarité, le bien commun et le respect.

Qu’est-ce que cela implique de plus au quotidien d’être Président du Conseil d’Etat?

Un agenda très chargé ! Présider les séances du Conseil d’Etat implique de lire tous les dossiers déposés par mes collègues. Il y en a une centaine chaque semaine. Même si, après 10 années au Conseil d’Etat, je suis familier avec les politiques publiques, c’est un exercice intellectuel qui prend du temps. A cela s’ajoute les évènements protocolaires qui sont nombreux vu la présence de la Genève internationale. De nature curieuse, j’apprécie énormément ces deux facettes de la présidence, studieuse et humaine qui me sortent des thématiques départementales !

Vous repartez pour 5 années avec le même département. L’abordez-vous à titre personnel de la même manière et avec les mêmes convictions qu’en 2018 ou qu’en 2013 quand vous étiez alors en charge du DALE?

Je dirai même avec une énergie supplémentaire ! Lors de la précédente législature, la transition écologique a été fédératrice pour le Conseil d’Etat. Que l’écologie soit vue comme un projet de société enthousiasmant décuple ma motivation et ma force de travail. Nous avons maintenant cinq ans pour garder le cap et nous rapprocher du port !

Parmi les nombreux dossiers que vous avez à gérer, quel est celui qui vous prend le plus de temps?

Il n’y en a pas un qui prend le dessus en permanence. Cela dépend de leur niveau de maturité et du consensus qui s’en dégage. A en choisir un, je pense que le logement est probablement celui qui prédomine sur les années. Historiquement les fronts sont très durs à Genève sur ce sujet. Toute réforme ouvre potentiellement un nouveau champ de tension. C’est un travail de longue haleine de développer et maintenir un climat de confiance avec les acteurs pour que les logements construits à Genève soient de qualité, correspondent au besoin de la population et se construisent au bon endroit.

Genève plus vertueuse, plus tournée vers le développement durable, plus écologique, en quelques mots est-ce possible et si oui comment?

Oui bien sûr que c’est possible et c’est même déjà une réalité. Par rapport à il y a 30 ans, Genève est déjà moins polluante. Nous avons déjà entamé le virage écologique, même si nous devons aller plus loin. Et cela sera le cas grâce au Plan Climat qui est extrêmement clair sur ce que nous devons faire. Cela tient fondamentalement en trois points. Le premier est de rénover nos bâtiments qui consomment 50% de notre énergie. Aujourd’hui à Genève, c’est une obligation que son immeuble, ou sa villa, correspond à des normes énergétiques efficaces, un peu comme celles des étiquettes sur les appareils ménagers. Cet immense chantier va durer des années, mais au final, les bâtiments seront mieux isolés, plus confortables et ne consommeront que de l’énergie locale. Le deuxième point est la mobilité. Le Léman Express est un succès puisqu’il transporte aujourd’hui plus de passagers que la ligne Lausanne - Genève. Il nous faut un deuxième et un troisième Léman Express. Il faut prolonger les lignes de trams et augmenter la fréquence des bus pour que les transports publics soient non plus une option mais une nécessité. Et bien sûr, réduire drastiquement les déplacements en voiture. L’objectif est de baisser de 40% la part de voitures et pour celles qui continueront à circuler, passer à l’électrique. Nous y gagnerons tous en qualité de vie ! Ainsi l’air sera encore meilleur, le bruit diminuera et nous pourrons récupérer en ville le béton aujourd’hui utilisé par les voitures pour planter des arbres, agrandir des terrasses ou élargir les pistes cyclables. Des quartiers sans voiture, c’est le bien-être assuré ! Le troisième et dernier point concerne notre consommation individuelle que l’on parle de vêtements, d’électronique, de nourriture ou bien encore de loisirs. Dans ces domaines, les cantons n’ont que peu de marge de manœuvre sauf à sensibiliser aux écogestes, ce que Genève fait d’ailleurs depuis 20 ans. A titre personnel, je plaide pour que la Confédération prenne des mesures pour limiter l’importation de biens très polluants et que les consommateurs que nous sommes soient finalement dirigés vers des produits plus vertueux sans que nous ne devions nous poser la question à chaque rayon de l’impact carbone de tel légumes ou de tel Pampers.

Dans 5 ans, quel bilan aimeriez-vous faire?

J’aimerai surtout que le bilan du gouvernement soit bon. Ce ne sont pas des paroles en l’air. Si dans 5 ans, nous avons réussi à concrétiser les mesures que je citais plus haut, que nous sommes en mesure d’offrir des filières de formation pour les métiers de demain, que nous avons massivement investi dans des infrastructures de mobilité durable, en ne laissant personne au bord de la route, alors je serai extrêmement satisfait.

Photo principale: © Magali Girardin