Association hôtelière du Valais

Beat Eggel

 

L’hôtellerie, une force économique

L’hôtellerie est un des atouts du Valais. Une industrie dont beaucoup ignorent l’importance autant économique que par le nombre d’emplois qu’elle génère. Taux de fréquentation ; situation face aux événements mondiaux ; analyse du parc hôtelier ; digitalisation… les dossiers qui occupent l’Association Hôtelière du Valais sont nombreux. Pour faire le point, Beat Eggel, son nouveau directeur, répond à nos questions.

Qu’en est-il du taux de fréquentation de l’hôtellerie en Valais ?

Les années 2020 à 2022 ont été fortement influencées par la pandémie. La situation était très difficile avec des restrictions qui variaient fréquemment. Aujourd’hui nous sommes de retour à la normale de ce côté. La pandémie a été un facteur majeur mais il n’y a pas qu’elle puisque le Brexit pour les Anglais, le taux de l’euro pour les Européens et la guerre en Ukraine pour les Russes ont impacté et impactent encore sur leur venue. Malgré tout, nous sommes aujourd’hui de retour à des chiffres qui avoisinent ceux de 2019, une très bonne année. Par ailleurs, en plus de l’hiver, nous pensons que les saisons estivales à venir vont continuer à voir augmenter les personnes en quête de dépaysement et de fraîcheur, une fraîcheur qu’elles trouvent dans nos montagnes. Autre point fort de la fréquentation, le retour des séminaires. Leur avantage est de concerner autant la plaine que la montagne et de se dérouler tout au long de l’année. Les hôtels voient leur nombre augmenter ce qui là encore est un point positif pour le Valais. Les voyants sont donc au vert, malgré les nouveaux facteurs négatifs que sont notamment l’augmentation des prix de l’énergie et des matières premières ou l’inflation.

Considérez-vous l’hôtellerie valaisanne suffisamment estimée pour ce qu’elle est ?

Comme je l’expliquais auparavant, les touristes reviennent. Il faut les loger. Pour cela, le Valais bénéficie d’un parc hôtelier d’importance comportant des établissements très diversifiés répondant aux besoins de chacun. Ces hôtels sont évidemment des acteurs majeurs de l’économie du canton. Malheureusement la branche de l’hôtellerie et plus généralement du tourisme est vue comme un loisir et donc pas une nécessité. Nous l’avons constaté avant l’hiver à l’annonce de possibles coupures d’énergie si des problèmes d’approvisionnement se faisaient ressentir. Les hôtels, notamment ceux avec des spas et les remontées mécaniques par exemple ont immédiatement été visés. Or, le secteur doit être considéré dans son ensemble comme une industrie à part entière. Il s’agit d’une chaîne de valeur et chaque maillon a son importance. Arrêter les remontées mécaniques ou devoir se passer des spas sont deux exemples qui auraient une incidence majeure sur le taux de fréquentation. Les hôtels sont prêts à consentir à des efforts, à revoir les horaires d’ouverture, à s’adapter mais en aucun cas à tout stopper, cela serait une catastrophe pour toute l’économie de la région.

Concernant la relève est-elle au rendez-vous ?

Intéresser et former des jeunes aux métiers de l’hôtellerie est un objectif majeur, car nous rencontrons souvent un problème d’image. Nos métiers peuvent être perçus comme difficiles, peu rémunérés et fatigants. Comme pour d’autres secteurs, ils sont pourtant en pleine évolution et les aspects positifs doivent mieux être mis en avant, par exemple : le contact avec la clientèle, l’aspect familial, le fait de donner du plaisir, les possibilités de carrière. Pour remédier aux aspects peu flatteurs, nous travaillons de concert avec GastroValais qui connaît les mêmes difficultés. Nous analysons beaucoup de choses pour voir comment nos métiers sont perçus aussi bien positivement que négativement. Des enquêtes auprès d’étudiants et de collaborateurs travaillant dans le domaine sont menées. Le parfait n’existe pas mais de telles analyses vont permettre de fournir des boîtes à outils qui seront bien utiles aux hôteliers. Ces derniers vont être également incités à accueillir plus de jeunes, la formation étant le meilleur moyen pour lutter contre la pénurie de main-d’œuvre. Des formations qui sont souvent la porte d’entrée d’un monde où faire carrière est tout à fait possible, les exemples sont très nombreux.

Une analyse du parc hôtelier est programmée. Pourquoi ?

Nous avons en Valais un nombre important d’hôtels qui sont des affaires de famille. Sachant que certains rencontrent des problèmes de succession, il est nécessaire que nous fassions une analyse pour voir ce que cela peut avoir comme incidence sur l’offre. Notre enquête va aller au-delà de ce type de problème puisque nous allons également interroger les hôteliers sur leur gestion, l’ancienneté de leur établissement, le personnel, les travaux énergétiques qui seraient à faire… un large panel de questions pour avoir une vision globale de la situation. C’est important que nous ayons le maximum d’informations pour pouvoir, en fonction du constat, sensibiliser les politiques et même la population aux actions à mener pour garder un niveau de qualité élevé et un nombre d’établissements satisfaisant pour répondre à la demande.

Quelque chose est-il fait pour faciliter l’accès à la digitalisation ?

Le mot digitalisation effraie pas mal de monde. Certains pensent que cela va prendre du temps et qu’ils n’en ont pas ou que cela rime avec complexité. Le canton a ainsi mis sur pied un programme d’accompagnement, dédié aux entreprises touristiques valaisannes, qui permet de concevoir des projets concrets pour les accompagner dans leur quotidien et leur faciliter la gestion. Le site digitourism.ch, qui est unique et qui connaît un grand succès référencie des sociétés proposant des solutions adaptées ou des formations, entre autres pour l’hôtellerie. De plus, en participant à ce programme, les mandants bénéficient d’un soutien financier jusqu’à 4000 francs, ce qui n’est pas négligeable. Aujourd’hui, nous comptons déjà plus d’une centaine d’hôtels qui est passée par Digitourism autant pour donner une nouvelle vie à un site internet devenu obsolète que pour des solutions de gestion. L’offre est large. Ce concept doit rester actif jusqu’à fin 2023, nous espérons qu’il ira au-delà car il est un outil important et efficace.

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