AVPEE – Association valaisanne des producteurs d’énergie électrique

Stéphane Maret

 

Le pilier de la sécurité énergétique suisse et de la prévention des risques en Valais

Sous la présidence de Stéphane Maret, également directeur des Forces Motrices Valaisannes (FMV), l’AVPEE œuvre activement à assurer la sécurité énergétique de la Suisse et prévenir les risques liés à la montée des eaux. Fortement impliquée dans les projets énergétiques et mobilisée dans la sensibilisation du public aux risques, l’association incarne un acteur clé de la transition énergétique et de la protection de l’environnement. Ses initiatives se déploient des grands projets hydrauliques et de photovoltaïque alpin aux actions pédagogiques estivales et illustrent son engagement pour un avenir énergétique plus durable et plus sûr.

Comment l’AVPEE est-elle organisée et quelles sont ses missions ?

L’Association Valaisanne des Producteurs d’Electricité (AVPEE), fondée en 1960, est une association à but non lucratif. Elle regroupe des personnes physiques, sociétés ou collectivités publiques possédant ou exploitant directement des centrales hydroélectriques en Valais. Bien que la majorité de ses membres soit issue du secteur hydraulique, l’association ouvre également ses portes aux producteurs d’énergie photovoltaïque. Pour mener à bien ses activités, un comité constitué de 5 représentants, élus par l’Assemblée générale, représente ses 43 membres. L’AVPEE s’est activement impliquée dans des projets ayant un impact national et, plus que jamais, elle demeure un acteur clé dans le domaine de l’énergie à l’échelle européenne.

Comment le Valais contribue-t-il aux besoins énergétiques de la Suisse et quelles initiatives ont été prises pour répondre aux enjeux actuels ?

Avec ses ressources naturelles, comme le soleil, les montagnes alpines et son importante capacité hydraulique, le Valais joue un rôle crucial dans la production d’énergies renouvelables. Bien que leader en la matière, le canton doit ajuster ses ambitions à la hausse pour faire face aux défis liés à la sortie des énergies fossiles et garantir son autonomie énergétique, dans un contexte de crises multiples. En 2021, sous l’impulsion de l’ancienne conseillère fédérale Simonetta Sommaruga, une table ronde a été organisée pour discuter de solutions permettant d’ajouter 2 milliards de kWh à la production hivernale d’énergie. Les acteurs valaisans, comprenant 13 exploitants et 67 communes concédantes ont uni leurs forces pour trouver des solutions durables. En moins d’un an, 17 projets ont été proposés dont 8 ont été retenus et inscrits au plan directeur cantonal. Ces projets permettraient de produire 1,2 milliard de kWh, soit 60% des objectifs nationaux en matière de production d’énergie supplémentaire, à l’horizon 2035-2045. Ils permettront ainsi de stocker 655 millions de m3 d’eau soit 50% de plus que le parc actuel d’une capacité de 1,2 milliard de m3.

Parmi ces projets, quid du barrage du Gornerli ?

Le projet Gornerli situé au-dessus de Zermatt, devrait renforcer la sécurité énergétique de la Suisse en transférant 650 millions de kWh d’électricité de l’été vers l’hiver et en augmentant la production nette de 200 millions de kWh par an, via Grande Dixence. Il contribuera aussi à la protection contre les crues, limitant les risques pour Zermatt et le Mattertal et assurera un approvisionnement en eau grâce à la fonte des glaciers. Conçu pour réduire son impact environnemental, le nouveau barrage se connectera avec l’infrastructure existante de Grande-Dixence avec un bilan carbone optimisé. D’un coût de 300 millions de francs, il devrait être opérationnel dès 2031, sous réserve des autorisations.

Quels autres leviers peut-on actionner pour accroître la production d’énergie hivernale ?

Le risque de pénurie hivernale reste structurel et demeure aussi important qu’auparavant. La situation n’a guère évolué et nous n’avons que peu de marge de manœuvre si nous réduisons l’énergie exportée. En hiver, il manque entre 2 et 4 fois la capacité totale de production de la Grande Dixence (centrale d’accumulation d’énergie) pour satisfaire l’ensemble des besoins du pays. Nous compensons cette lacune en important de l’énergie chaque année, mais sans nos barrages, ce déficit serait encore plus important. Ils diminuent ainsi notre dépendance et atténuent le manque d’énergie pendant l’hiver mais cela ne suffit pas. Aujourd’hui, 72% de la consommation énergétique de la Suisse provient d’énergies fossiles et d’uranium importés. En misant sur des sources d’énergie renouvelables telles que la force hydraulique, le photovoltaïque alpin et l’énergie éolienne, nous pouvons progressivement réduire notre dépendance à ces ressources extérieures qui contribuent au réchauffement climatique et à l’accélération du dérèglement climatique. Ces projets hydrauliques et photovoltaïques alpins nous offrent une opportunité de devenir plus vertueux et autonomes sur le plan énergétique. Une double raison d’agir.

Comment le photovoltaïque alpin se concrétise-t-il dans le Valais ?

Le photovoltaïque alpin prend forme concrètement en Valais grâce à plusieurs initiatives locales portées par des acteurs de l’énergie. A ce jour, 12 projets ont été rendus publics, avec un potentiel de concrétisation dans un futur proche. En vertu de la loi votée en septembre 2022, ces projets devront être opérationnels d’ici la fin 2030. Ce calendrier serré représente un véritable défi, mais il s’avère crucial face aux impératifs de sécurité d’approvisionnement énergétique du pays. Ainsi, des champs de panneaux photovoltaïques seront implantés dans les zones les plus adaptées, tout en prenant en compte des facteurs environnementaux. Une fois leur durée de vie achevée, ces installations seront démontées afin d’assurer une gestion responsable de leur impact.

Pouvez-vous nous expliquer le projet MINERVE ?

MINERVE (Modélisation des Intempéries de Nature Extrême du Rhône Valaisan et de leurs effets) est un projet initié par le Canton du Valais après la crue dévastatrice d’octobre 2000. Ce projet vise à anticiper ce type d’événements et à prévenir les catastrophes liées aux crues du Rhône. Pour ce faire, un concept global de protection a été mis en place. L’objectif est d’exploiter les capacités de rétention des ouvrages à accumulation afin, en cas de fortes précipitations, de retenir l’eau en amont des affluents du Rhône. Cela permettrait de protéger la plaine du Rhône des inondations dévastatrices. Actuellement, les conventions entre le Canton et les propriétaires des aménagements hydroélectriques les plus importants sont en cours de réflexion.

Quel est votre rôle dans la prévention des risques liés à la montée des eaux ?

La prévention des risques liés à la montée des eaux dans les cours d’eau du Valais est une priorité constante. L’AVPEE s’engage à informer le public sur les dangers associés aux lâchers d’eau imprévus des prises d’eau et barrages qui peuvent survenir à tout moment, indépendamment des conditions météorologiques. Des panneaux de mise en garde sont installés, et des actions pédagogiques sont menées pour sensibiliser les habitants tout comme les visiteurs. Chaque été, des étudiants sont recrutés comme sentinelles pour informer directement les personnes présentes dans les zones à risque, afin de leur prodiguer des conseils de sécurité dans une ambiance à la fois constructive et décontractée. En parallèle, des campagnes de communication sont déployées via les médias, les réseaux sociaux et des bannières sur des applications mobiles. L’objectif n’est pas d’interdire les activités de plein air comme le rafting ou le canyoning, mais de les encadrer de manière sûre afin que chacun puisse profiter de la nature tout en restant informé et en sécurité.

AVPEE
p.a. FMV
Rue de la Dixence 9 – CH-1950 Sion
Tél. +41 27 327 45 00
www.avpee.ch

Photo principale : Barrage de Griess. © FMV
Petite Photo: © Sébastien Moret