AVPEE – Association valaisanne des producteurs d’énergie électrique

Stéphane Maret

 

Le Valais, un acteur clé pour la production d’énergie électrique en Suisse

L’Association valaisanne des producteurs d’énergie électrique, AVPEE, représente quelque 95% de la force hydraulique du canton. Devant la situation mondiale et les ambitions de la Confédération pour une transition énergétique qui apportera également une sécurité en approvisionnement et une sortie des énergies fossiles, des solutions nouvelles ont été trouvées en Valais en un temps record grâce à l’unité des parties prenantes. Pour nous en parler, Bien Vivre a rencontré le président de l’AVPEE, Stéphane Maret.

Comment est organisée l’AVPEE ?

L’AVPEE est une association à but non lucratif fondée en 1960. Elle réunit toute personne physique, société ou collectivité publique possédant ou exploitant directement pour des producteurs une ou plusieurs centrales hydroélectriques en Valais. Nos portes sont également ouvertes aux producteurs d’énergie photovoltaïque mais la large majorité de nos membres se trouve aujourd’hui dans l’hydraulique. Pour conduire l’association, un comité constitué de 5 représentants de ses 43 membres est élu par l’Assemblée générale. Plus que jamais dans le contexte international en matière d’énergie, l’AVPPE a été présente sur tous les fronts et a, entre autres, soutenu des projets qui auront un impact au niveau national.

Comment le Valais s’implique-t-il dans les besoins suisses en matière d’énergie électrique ?

Avec son soleil, ses régions alpines et sa force hydraulique, le Valais est très actif en matière de production d’énergies renouvelables et peut encore les développer. Même en notre qualité de leader pour la Suisse aujourd’hui, nous sommes obligés de revoir nos ambitions à la hausse pour sortir des énergies fossiles et acquérir une autonomie énergétique au vu des différentes crises en cours. Dans cette perspective accélérée par l’urgence, l’ancienne conseillère fédérale, Madame Simonetta Sommaruga, a organisé, en 2021, une table ronde des acteurs suisses de la force hydraulique pour trouver comment produire 2 milliards de kWh d’énergie supplémentaire en hiver. Pour y contribuer, les acteurs concernés en Valais, 13 exploitants et 67 communes concédantes, ont mené une réflexion commune. Ils ont travaillé de concert dans le seul but de développer des solutions viables. Et tel est le cas puisque les membres de l’AVPEE ont porté 17 projets. Huit ont été retenus et sont inscrits au plan directeur cantonal. Le tout en moins d’une année. Cela prouve combien les parties prenantes ont été soudées et ont regardé vers le même objectif. Au final, les huit solutions permettront de produire 1,2 milliard de kWh, soit 60% des objectifs nationaux.

Quels sont ces huit projets ?

A l’occasion d’une table ronde de la Confédération sur l’hydroélectricité, huit sites ont été choisis que l’on parle d’extensions d’aménagements ou de constructions de nouveaux barrages. Les huit projets retenus sont : Lac de Griesse (43 GWh), Lac de Chummen (179 GWh), Oberaletsch Klein (54 GWh), Mattmark (65 GWh), Moiry (125 GWh), Gornerli (650 GWh), Toules – rehaussement (74 GWh) et Emosson (58 GWh).

Quel est le plus important de ces projets ?

Par exemple, la construction d’un nouveau barrage, au-dessus de Zermatt, en aval du glacier du Gorner, s’inscrit dans une logique de multifonctionnalités de l’eau. Le projet porte sur la réalisation d’une digue de 85 m de haut et de 280 m de large. La production d’énergie sera très importante puisqu’elle avoisinera les 650 millions de kWh soit plus de la moitié du total des 7 autres projets à venir. Il faut savoir qu’elle permettra d’alimenter 150 000 foyers en électricité en hiver, ce qui donne une idée de l’importance de la production. De plus, grâce à ce futur barrage, les risques de crue à Zermatt seront réduits.

Vous avez parlé des projets liés à l’hydraulique. Qu’en est-il du photovoltaïque ?

Un risque de pénurie d’énergie pour l’hiver était très présent en 2022. Il montrait combien nous sommes dépendants des pays qui nous approvisionnent sans aucune marge de manœuvre en cas de réduction des possibilités d’importation d’électricité. Parce que cette potentielle crise a mis plus que jamais en lumière notre dépendance, elle a accéléré la volonté de décarbonation et de trouver des solutions pour des énergies renouvelables et indigènes. Ainsi, dans cette perspective, le Parlement fédéral a voté en urgence une modification de la loi fédérale sur l’énergie en septembre dernier. La « Solar express » permet le développement de grands projets photovoltaïques alpins subventionnés jusqu’à hauteur de 60%. L’objectif final est d’atteindre également les 2 milliards de kWh comme pour l’hydraulique.

Le photovoltaïque alpin se traduit comment dans le concret au niveau du Valais ?

Des initiatives locales menées par des acteurs de l’énergie ont permis de faire émerger sept projets rendus publics à ce jour. D’autres sont en gestation et pourraient potentiellement voir le jour. Selon les obligations liées à la loi votée en septembre 2022, les sept chantiers à venir devront être opérationnels au moins partiellement fin 2025. C’est un défi que de mener à terme la construction de telles installations en si peu de temps, mais c’est une nécessité majeure dictée par les besoins qu’a le pays en matière de sécurité d’approvisionnement. Différents champs de panneaux seront donc installés dans les secteurs les plus propices qui devront tenir compte de plusieurs paramètres dont celui de l’environnement. Ils seront démontés au terme de leur durée de vie.

Le mot impact est devenu omniprésent qu’il soit positif ou négatif. Pour ces projets photovoltaïques alpins qu’en est-il ?

Tous les projets vont évidemment passer à l’enquête publique et ne bénéficient pas de passe-droit même si leur importance revêt un caractère majeur en matière de sécurité d’approvisionnement et de transition énergétique. Comme pour tous les grands chantiers, ils ouvrent les discussions et mettent sur la table le pour et le contre. Pour autant, il faut rester positif et surtout voir les bénéfices qu’ils vont amener. Aujourd’hui, 72% de la consommation énergétique de la Suisse proviennent d’énergies fossiles et d’uranium importés. En misant entre autres sur le photovoltaïque alpin mais aussi bien sûr sur la force hydraulique et l’énergie éolienne, nous nous détacherons progressivement de cette emprise, que nous ne maîtrisons pas, et qui est également synonyme de réchauffement et d’accélération du dérèglement climatique. Nous pouvons imaginer, grâce à ces champs photovoltaïques devenir vertueux et autonome. Deux raisons qui doivent tous nous interpeller.

AVPEE
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Photo principale : Barrage de Griess. © FMV