
23 Sep Carole-Anne Kast
DIN – Département des institutions et du numérique
Des femmes et des hommes au service de la population
Département d’importance que celui des institutions et du numérique (DIN), un département chargé de la sécurité de la population, de l’Office cantonal de la population et de l’immigration, de la détention, du dialogue institutionnel avec les communes et de la politique numérique du canton. À la tête de ce dernier, depuis le 1er juin 2023, la conseillère d’État Carole-Anne Kast nous explique plus en détail les rôles et les enjeux qui entourent certaines prestations qu’elle gère avec ses équipes.
Quel est votre parcours et pourquoi êtes-vous entrée en politique ?
Je suis née à Genève en 1974. À 13 ans, j’ai déménagé à Cressy, un quartier situé entre Bernex et Onex. Je me crée un réseau d’amis. Puis j’avance dans les études. Après l’obtention d’une maturité scientifique, j’intègre la faculté de droit et travaille comme assistante à l’université de Genève au département de droit pénal. C’est en 1998 que la politique entre dans ma vie par le biais du père d’un ami très investi dans la vie associative et politique onésienne. Ce dernier, qui n’est pas socialiste, est au Conseil municipal et il m’encourage à m’y investir en voyant que je suis intéressée par la chose publique. Il réussira à me convaincre et lorsque je me présente en 1999, je suis élue. C’est le début d’une longue histoire qui me mènera ici, en 2023, en tant que conseillère d’État au Département des institutions et du numérique.
Quels sont les gros dossiers qui vous occupent actuellement ?
C’est une question complexe car il y en a beaucoup. En ce qui concerne la police, il y a un enjeu important lié à la surcharge de travail. La police est un office qui fonctionne très bien mais qui fait face à des défis opérationnels énormes. À Genève, il y a une sollicitation toujours plus grande en termes d’organisation d’événements festifs et de manifestations de loisir et de sport sur le domaine public avec une multiplication d’activités par ailleurs fort sympathiques. Or, nous vivons dans un monde qui veut toujours plus de sécurité. Une offre d’événements croissante couplée avec des besoins sécuritaires plus élevés entraîne donc des conséquences qui se font ressentir sur le plan opérationnel. Tous ces événements ne constituent pas une mauvaise chose en soi – au contraire ! – mais c’est un facteur qui impacte l’organisation des services. Nous devons donc réussir à répondre aux attentes avec une police qui n’est pas restrictive, mais qui joue plutôt un rôle d’accompagnement, étant donné que beaucoup de ces enjeux sont sociétaux. Évidemment, on ne peut pas réduire la présence policière, il faut donc être créatif pour éviter d’épuiser tout le monde et mettre trop de pression. Trouver le juste équilibre est nécessaire, d’où une réflexion autour des horaires de travail des policières et policiers.
Par ailleurs, la police doit savoir s’adapter sans cesse. Par exemple, beaucoup de citoyennes et citoyens sont actuellement confrontés à de faux policiers. Les malfrats sont particulièrement rusés. On sait qu’ils mènent des enquêtes en amont sur les personnes auxquelles ils vont subtiliser les cartes de crédit et les informations les concernant. Nous avons donc mené une campagne de prévention de grande ampleur pour alerter sur ce danger. Comme vous pouvez le voir, la police est vraiment sur tous les fronts.
Quelle est l’importance de l’Office cantonal de la population et de l’immigration ?
Elle est de taille car le rôle de cet office touche chaque citoyenne et chaque citoyen. Tout le monde a à faire à l’OCPM à un moment ou à un autre de sa vie. Cet office s’occupe des naturalisations de la gestion des permis B – et avec une économie aussi dynamique que celle de Genève, ce n’est pas une mince affaire. Elle s’occupe aussi des permis C, des questions d’état civil, des changements de noms ou d’adresses, des adoptions… La liste des prestations est longue. L’enjeu pour l’OCPM est d’être capable de traiter une masse de dossiers avec le plus d’efficience possible, notamment les permis B, et de gérer aussi des questions particulièrement complexes telles que la régularisation des personnes sans papier. Dans ce cas, une enquête très précise et pointue doit être menée pour vérifier les informations qui sont données parce que les processus, de même que les lois, exigent un tel niveau de vérification. L’OCPM est donc un office qui fait face au défi de gérer à la fois une production d’ampleur industrielle tout en fournissant par ailleurs un travail d’orfèvrerie administrative autour d’une situation familiale – avec tout ce que cela peut impliquer sur le plan émotionnel et humain. C’est réellement une gageure d’être capable d’avoir ces deux niveaux d’analyse tout en étant performant et efficient.
Au niveau de la détention, quel est précisément le travail des agents dans les prisons ?
Le travail des agentes et agents a beaucoup évolué et changé depuis quelques années. La mission est toujours sécuritaire mais l’encadrement et la préparation de la réinsertion des prisonniers font désormais aussi partie de leur quotidien. Il est avéré – et ce n’est pas propre à Genève – que les détenus souffrent de plus en plus souvent de problèmes psychologiques et/ou d’addictions. Les agents doivent donc prendre en charge ces difficultés qui ont un impact sur le vivre-ensemble dans la prison. Il y a aussi la question des jeunes personnes qui ne sont pas incarcérées pour toute leur vie. Elles doivent avoir des perspectives pour quand elles sortiront : il faut être capable de leur proposer autre chose pour l’après. Tout ceci représente de gros enjeux sociaux. Le personnel est également formé à détecter et à repérer les problèmes de suicidalité, ce taux étant plus important en prison qu’à l’extérieur. Au final, les agentes et les agents sont confrontés à un quotidien compliqué et il n’est pas facile de les recruter, même si leur métier est fondamental pour la société. Notre rôle est donc de valoriser cette profession et de montrer les aspects positifs que les agents peuvent apporter aux détenus. Évidemment, l’environnement dans lequel chacun·e vit, qu’il s’agisse du personnel ou des détenus, a son importance. Nous rencontrons par exemple des problèmes d’infrastructure à la prison de Champ-Dollon. Le projet de rénovation de la prison a été refusé par le Grand Conseil en 2019. Aujourd’hui, nous devons donc réhabiliter la structure tout en maintenant son opérationnalité. C’est un dossier qui demande un important travail de réflexion, même si depuis dix ans, le taux d’emprisonnement tend plutôt vers la baisse.
Un mot de la fin ?
Comme vous avez pu le constater, le travail ne manque pas au DIN. Si j’ajoute aux activités citées ci-dessus, celles de l’Office cantonal des systèmes d’information et du numérique qui est également sous ma responsabilité, de même que celles de l’Office cantonal de la protection de la population et des affaires militaires ainsi que la surveillance des communes, les dossiers sont nombreux et très variés. Il n’empêche… Le désir de tout mettre en œuvre pour que chaque secteur fonctionne au mieux, et ce dans le respect des droits humains, m’anime au quotidien. Nos missions sont très régaliennes. Elles exigent de répondre à des nécessités impératives, mais grâce à l’engagement inestimable et sincère des collaboratrices et collaborateurs qui y travaillent, c’est un réel plaisir de pouvoir ainsi renforcer des droits fondamentaux comme la sécurité, la liberté d’expression ou la démocratie.
Photos: © État de Genève