CNCI – Chambre neuchâteloise du commerce et de l’industrie

Emmanuel Raffner

 

Un nouveau président pour la Chambre neuchâteloise du commerce et de l’industrie

Directeur de l’entreprise de décolletage Lauener à Boudry, Emmanuel Raffner préside depuis juillet 2021 la CNCI. Née en 1933, la Chambre a pour mission d’assurer une économie forte, durable et équilibrée. De nombreuses actions sont mises en place pour répondre aux besoins de ses 1030 membres qui sont aussi bien de grandes entreprises internationales, des PME ou des raisons individuelles.

Qu’est-ce qui a motivé votre décision à reprendre la présidence de la CNCI?

C’était une réelle envie, après presque huit ans passés au sein du conseil et du comité. A la Chambre, le conseil est l’organe décisionnel tandis que le comité s’occupe de préparer les réunions du conseil. Je souhaitais continuer de faire vivre l’esprit et la méthode de la CNCI, dans la lignée de mon prédécesseur Alain Marietta. La concertation, le dialogue, mais aussi le pragmatisme constituent des valeurs clés pour nous. Il nous importe d’œuvrer non pas selon des principes généraux abstraits, mais au contraire, en tenant compte des réalités cantonales, avec nos spécificités locales et les forces en présence. En tant que président, je suis un porte-voix. Il faut saluer le travail effectué en amont par les équipes permanentes de la chambre. Ce sont elles qui constituent le socle et l’ancrage des travaux de la Chambre.

Comment définissez-vous le rôle de la CNCI au sein du canton de Neuchâtel?

La CNCI est une plateforme qui a plusieurs rôles: elle propose à ses membres des services (légalisation, Carnet ATA, secrétariat, …), elle favorise la mise en relation de ses membres, elle apporte une aide et des informations utiles à ses membres sur des sujets d’actualité ou sur des problématiques de gestion ou de gouvernance (labels, digitalisation, cybercriminalité, …), elle apporte un soutien actif à toutes les initiatives qui favorisent vraiment les développement des entreprises et l’essor du canton (attractivité, mobilité, fiscalité, cohésion sociale, …). La CNCI collabore aussi étroitement avec les autres organisations économiques du canton, mais aussi avec les autres chambres du commerce, les organisations faîtières et économiesuisse. Nous considérons l’économie dans sa dimension sociale et sociétale. Cela constitue l’un de nos enjeux forts: faire comprendre à tout le monde le rôle de l’économie, largement méconnu, dans l’épanouissement et le bien-être de la population. Il faut penser le travail autrement. La grande majorité des entreprises sont des petites entreprises et leur objectif numéro un n’est pas de faire du profit mais de «survivre»: pouvoir payer des salaires, couvrir ses charges. C’est un élément important à faire comprendre. Et contrairement à ce que certaines personnes pourraient penser, le rôle de la Chambre n’est pas de défendre les intérêts individuels d’entreprises du canton. Il y a un faux débat sur la répartition des richesses. Le vrai débat consiste à créer des richesses. Au Conseil de la CNCI, nous cherchons plutôt à défendre des conditions cadres favorables pour les entreprises installées dans le Canton, à protéger leur rentabilité en veillant à maintenir une fiscalité acceptable. Ce faisant, nous voulons aussi donner envie à d’autres de venir s’installer dans notre canton.

Et donc, comment parvenir à attirer de nouveaux·elles venu·e·s dans le canton?

Pour l’attractivité du canton, c’est à nous de mettre en place ce que l’on aurait envie d’y trouver comme nouvel arrivant, à savoir: un centre ville dynamique avec une offre diversifiée, des emplois, des écoles, des structures parascolaires, … Cela va donc bien au-delà des enjeux purement économiques. C’est dans ce sens et avec une vision globale que la Chambre veut travailler avec les autorités locales, afin de développer l’attractivité du canton pour les entreprises mais aussi pour les salariés, les familles. Nous avons aussi dans nos perspectives la cohésion sociale dans son ensemble et les emplois des jeunes et des plus de 50 ans.

Vous misez beaucoup sur les jeunes…

Il faut en effet savoir adapter le tissu économique aux jeunes générations, les compétences évoluent, il faut apprendre à évoluer au sein des entreprises, rester agile mais réfléchir. Le regard des jeunes, parfois transgressif, est important sur la technologie, les techniques de vente. Souvent, il y a un réflexe de repli. Pour éviter cela, nous favorisons un tour de table complet entre les anciennes et les jeunes générations. Réunissant plus de 1000 membres et représentant 35 000 postes de travail, la CNCI constitue un réseau d’échanges particulièrement fertile.

A ce titre, vous collaborez avec d’autres organisations économiques du canton, de quelle manière?

En effet, la concertation avec les autres organisations économiques est essentielle pour que l’action soit globale soit efficace. Nous collaborons ainsi avec l’AIP (Association Industrielle et Patronale), avec l’APIAH (Association Patronale des Industries de l’Arc Horloger), la CIN (Chambre Immobilière Neuchâteloise), la Convention Patronale de l’industrie horlogère suisse, la FER (Fédération des Entreprises Romandes), la FNE (Fédération Neuchâteloise des Entrepreneurs), la FNSO (Fédération Neuchâteloise des associations professionnelles du Second Œuvre) et l’UNAM (Union Cantonale Neuchâteloise des arts et métiers). C’est important de toutes les citer car elles jouent chacune un rôle majeur dans leur domaine de compétence. Nous voulons mettre toutes ces compétences au service du canton et pour la défense de ses intérêts. Nous travaillons ensemble lorsque les sujets à traiter le nécessitent. Ainsi, nous avons mis en place un front d’information commun pour nos membres au moment du Covid pour leur transmettre rapidement des informations claires et utilisables immédiatement. Nous luttons aussi ensemble contre toutes les initiatives qui mettent à mal l’économie neuchâteloise et l’attractivité du canton. Les entreprises représentent une courroie vers le politique, et il s’agit de trouver, par ce système de réseau, des solutions par branches, des réponses efficaces, pragmatiques face aux défis qui se présentent. Nous sommes fiers d’avoir toujours pu entretenir un vrai dialogue constructif avec les autorités cantonales de tout bord, dans un climat de confiance. C’est extrêmement important.

Un enjeu important à Neuchâtel est l’innovation, pouvez-vous nous en dire plus?

Le canton a cette chance de compter en son sein le Centre suisse d’électronique et de microtechnique (CSEM), des hautes écoles et une université. Le tissu économique doit parvenir à faire le lien entre la recherche et développement et la production, l’échange de bonnes pratiques. Le milieu économique a la capacité à innover dans les modes de fonctionnement, faire évoluer les compétences, dans une logique de formation et d’amélioration continues. Il y a certes cette dimension technique, mais aussi humaine. Prenons par exemple le cas du télétravail: initialement, cela semblait contre-productif ou globalement inapplicable, or on s’aperçoit aujourd’hui que pour certains métiers et à dose raisonnable c’est une solution qui fonctionne. De manière plus générale, on constate que beaucoup de gens ne travaillent pas parce que l’organisation actuelle des entreprises ne le leur permet pas. Il y a quelque chose à inventer, il faut réfléchir autrement pour les années futures et pour contrer la pénurie systémique de main d’œuvre.

Quels sont les défis du canton pour les années à venir?

Les défis sont nombreux et tous importants, mais je vois deux enjeux clés. Premièrement l’humain: tenir compte des évolutions sociétales qui sont en marche, assurer pour tous une formation de qualité, construire un marché du travail plus inclusif, recréer de la confiance et du dialogue entre les partenaires sociaux, amener de la flexibilité, alléger le poids règlementaire qui pèse sur les entreprises et finalement sur nous tous. Deuxièmement, il faut se concentrer sur la compétitivité des entreprises pour leur permettre de continuer à se développer, à innover, à embaucher, à créer des richesses. Cela passe par une politique fiscale et parafiscale attractive pour les entreprises et pour les salariés. Nous devons réfléchir tous ensemble pour trouver les solutions les plus adaptées au tissu et aux spécificités locales. C’est une condition essentielle pour le bien-être de tous et le développement de canton et de ses talents.

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