16 Juil Christophe Darbellay
Département de l’économie et la formation
« La formation et la recherche seront les bases futures de l’économie valaisanne »
Le Valais est « une terre d’innovation », telle est la conviction de Christophe Darbellay. Un an après son élection, le chef du Département de l’économie et de la formation (DEF) est toujours aussi enthousiaste. Pour Bien Vivre, il fait un premier bilan de ce début de législature et nous présente sa vision du Valais.
Quelle est l’origine de votre engagement en politique ?
Aussi loin que je me souvienne, la politique m’a toujours intéressé. Je suivais beaucoup l’actualité à la radio et de nombreuses personnes au sein de ma famille étaient engagées en politique. J’ai débuté ma carrière comme directeur de l’organisation faîtière de l’agriculture romande (AGORA), une activité très liée au politique à travers des activités de lobbying. J’ai ensuite été élu au Conseil national en 2003, à 32 ans et j’ai rapidement pris la présidence de mon parti, le PDC. Une expérience qui m’a donné envie d’aller encore plus loin en me présentant au Conseil d’Etat. Je crois que l’exécutif correspond mieux à mon caractère que le législatif et j’ai l’impression de voir plus rapidement les effets de ce que j’entreprends.
Quel est votre bilan depuis le début de cette législature ?
Je suis très satisfait de cette première année. J’ai la chance d’évoluer dans un département aux activités très diversifiées, ce qui est particulièrement intéressant. Cela demande du travail et de l’implication, d’autant plus que les attentes de la part de la population sont énormes, mais je m’engage chaque jour pour faire avancer les dossiers qui me sont confiés, même si nous sommes dans un contexte financier difficile. Beaucoup de projets ont été cependant initiés.
Pourquoi avoir réuni la formation et l’économie dans un même dicastère ?
J’ai toujours pensé qu’il y avait deux moteurs dans un pays ou une région, à savoir l’économie et la formation. La réunion de la formation et de l’économie dans un même département doit aboutir à un meilleur dialogue entre les deux domaines et à la création de synergies. Ce mariage, unique en Suisse au niveau cantonal, est certes un pari sur l’avenir, toutefois je suis persuadé qu’il sera gagnant. Ce sont des mondes différents mais qui sont fortement dépendants l’un de l’autre. Ils doivent apprendre à mieux se connaître et à se parler. Assez spontanément, des synergies commencent déjà à se créer. Avec ces prochaines années un nombre important de départs à la retraite sur les sites industriels du canton et le projet d’investissement massif de la Lonza à Viège notamment, ce dialogue s’avérera essentiel. Il s’agit d’offrir davantage de perspectives professionnelles à la jeunesse de l’ensemble du Valais et de permettre aux entreprises de trouver une main d’œuvre locale de qualité, tout en attirant d’éminents spécialistes venus d’autres cantons ou de l’étranger. La qualité de la formation est également un atout important pour attirer de nouvelles entreprises et va de pair avec des conditions-cadres attractives comme la fiscalité actuellement discutée dans le cadre du projet fiscal 17 et qui vise à augmenter notre compétitivité par rapport aux cantons voisins.
Vous militez pour un Valais innovant et futuriste. Comment concrètement y arriver ?
Ce canton n’est pas celui des clichés que les médias aiment entretenir avec les vaches et la raclette, c’est aussi une terre d’innovation. La formation et la recherche seront les bases futures de l’économie valaisanne. Avec la plus importante antenne de l’EPFL hors Lausanne et la Haute Ecole d’Ingéniérie, le campus Energypolis au sud de la gare de Sion constitue une grande chance pour le Valais. Je crois au développement de synergies entre recherche fondamentale et la HES plus « pratique » sur les axes à haute valeur ajoutée comme la biotechnologie, l’énergie et la mobilité, avec à la clé les emplois de demain. Le Conseil d’Etat a activement soutenu la deuxième phase du projet avec à termes 16 à 17 chaires présentes sur le site de Sion ainsi que 350 chercheurs et employés. Il y a aussi le pôle santé qui va se développer sur le site de l’Hôpital de Sion et de la SUVA et qui va créer une émulation autour de ce domaine.
Votre prédécesseur à l’éducation avait une vision assez claire de ce que doit être l’école. Quelle est la vôtre ?
Je suis pour une école ouverte, une école de la diversité qui vise l’excellence et favorise l’égalité des chances. C’est ce que l’on doit à tous les enfants pour que chacun puisse trouver une solution professionnelle adaptée. L’école doit transmettre des savoirs à commencer par les fondamentaux, des savoir-faire et des savoir-être pour construire les adultes de demain. L’école est d’autant plus importante que la plupart des métiers que nos enfants exerceront n’existent pas encore.
Quelles sont vos priorités pour l’école valaisanne ? Des réformes à venir ?
Nous sommes actuellement dans une phase de consolidation et d’optimisation. Prendre les élèves pour des cobayes en réformant à tout va comme cela se fait dans d’autres régions n’est pas mon but même si des choses restent à améliorer. Les échanges linguistiques et le bilinguisme restent prioritaires pour moi. Le Valais est certes leader suisse des échanges scolaires mais seul 10% des élèves font des échanges. Il reste donc encore beaucoup à faire. Une attention particulière doit être également portée aux conditions-cadres de la formation et à la santé des enseignants. Ceux-ci ont été trop souvent dénigrés et il est essentiel qu’ils puissent évoluer dans un climat de confiance et de sérénité. Il faut que les enseignants se sentent bien pour qu’ils puissent transmettre leurs savoirs dans de bonnes conditions. La formation professionnelle est également un sujet qui me tient à cœur. Nous avons la chance en Suisse d’avoir un système dual qui marche très bien avec une grande reconnaissance de l’apprentissage. Le développement de la HES sur le site de Sierre et Sion représentera une option pour beaucoup de jeunes apprentis et cette perspective me réjouit.
Photo d’entrée : © Valais/Wallis promotion/Céline Ribordy
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