12 Déc Delphine Bachmann
DEE – Département de l’économie et de l’emploi
«J’ai confiance en l’attractivité de notre canton»
Difficile dans le monde d’aujourd’hui de se projeter dans l’avenir avec sérénité. Pour autant, les raisons de croire en une économie toujours plus forte, porteuse et novatrice sont là grâce, entre autres, aux projets ambitieux portés par le Département de l’économie et de l’emploi. Parce que Genève reste un canton attractif et entend bien faire évoluer cet atout, Delphine Bachmann, conseillère d’État en charge du DEE, nous explique plus en détails la situation actuelle et sa vision pour demain.
Comment se porte l’économie genevoise ?
Le marché du travail genevois est très dynamique et se porte bien. Il souffre toutefois, comme le reste de l’économie suisse, de la baisse des commandes, chinoises notamment. À cette baisse de la demande internationale s’ajoute les instabilités géopolitiques, particulièrement la nouvelle politique douanière américaine. Ses effets sont encore incertains, mais nous nous attendons à ce que ces bouleversements impactent notre économie. Le Conseil fédéral en est tout à fait conscient, lui qui a reconnu à la mi-avril que l’annonce de la hausse des droits de douanes justifiaient le droit aux indemnités en cas de réduction de l’horaire de travail (RHT). La RHT est un excellent instrument économique pour maintenir l’emploi, comme l’a démontré son utilisation durant la crise sanitaire liée au Covid-19. Elle permet de prendre en charge 80% de la perte de gain liée à la réduction temporaire d’activité et ainsi éviter des licenciements. J’y suis pleinement favorable. En outre, dans le contexte actuel, je pense que les pouvoirs publics devraient être plus actifs en matière de politique de soutien à l’industrie. Il ne s’agit pas de mettre sous perfusion des pans entiers de l’économie. Mais grâce à des soutiens ciblés, nous pouvons renforcer le secteur secondaire. J’en parle régulièrement avec des entreprises. Elles appellent de leurs vœux un accompagnement de l’État pour innover et ainsi transformer leurs modèles d’affaires. Là, l’aide de l’État prend tout son sens. Cette démarche est d’ailleurs au cœur du premier Plan directeur cantonal de l’innovation que j’ai présenté au mois de mars 2025.
Qu’est-ce que le plan directeur pour l’innovation ?
Il part du constat initial qu’il y a une concurrence croissante entre les places économiques (aux niveaux national et international) et qu’il y a la nécessité de diversifier l’économie genevoise. C’est d’autant plus d’actualité quand on voit l’offensive américaine contre les politiques de libre-échanges et les règles de l’OMC. L’attractivité d’une place économique ne se résume pas uniquement à la compétitivité de ses conditions-cadre traditionnelles, mais également à sa capacité à mettre en place un écosystème innovant et performant qui contribue à attirer des talents que nous n’avons pas encore. L’innovation permet de répondre aux défis posés par les grandes transitions numériques et écologiques, notamment pour le secteur industriel, et de saisir les opportunités économiques liées aux nouvelles technologies. Ce plan va participer à dynamiser le tissu économique et à créer des emplois. Il prévoit un doublement du soutien financer à l’innovation, avec à la clé la création d’un vrai fonds cantonal de l’innovation ouvert à l’ensemble des acteurs économiques du canton, PME en tête.
Qu’en attendez-vous concrètement ?
Très concrètement, on espère la création de davantage d’entreprises et d’emplois. L’idée est non seulement de permettre la création de nouvelles startups et PME, mais aussi d’accompagner celles existantes qui doivent se transformer et répondre aux grands défis que sont les transitions numériques et environnementales notamment.
Quel est le dossier qui vous accapare le plus actuellement ?
L’attractivité de Genève en général. Avec le départ de la multinationale SGS pour le canton de Zoug, nous avons souvent été questionnés sur ce sujet. À chaque fois, j’ai rappelé que le cas de la SGS est un cas isolé. En fait, le nombre de multinationales à Genève n’a cessé d’augmenter ces dix dernières années, ce qui constitue un très bon indicateur de notre attractivité. Elles étaient 1735 en 2014 contre 2372 en 2023, selon les derniers chiffres de l’office cantonal de la statistique. J’ai l’impression qu’on oublie parfois un peu trop rapidement les nombreux atouts de Genève, qu’on a souvent tendance à voir le verre à moitié vide. Avec son aéroport très proche du centre-ville, ses hautes écoles, son hôpital universitaire ou encore la stabilité de son système politique, Genève possède des avantages indéniables.
J’ai confiance en l’attractivité de notre canton. Dans un contexte international rempli d’incertitudes, les indicateurs restent bons. Les nuitées dans les hôtels atteignent des records. Genève est le 4e canton suisse en termes de PIB et le 2e canton exportateur de Suisse, après Bâle mais devant le canton de Vaud. Genève est donc un canton qui compte au niveau national et international. Il convient toutefois de rester vigilant. Nous devons continuer à œuvrer pour offrir les conditions-cadres les meilleures pour notre économie.
Quel bilan faites-vous après deux années au Département de l’économie et de l’emploi ?
Un bilan très riche et positif. Quand je suis arrivée dans ce département, on m’avait dit que dans un pays libéral la marge de manœuvre d’une ministre de l’économie était très limitée. Or il n’en n’est rien. Je vous ai parlé de notre plan directeur de l’innovation lancé en mars. Nous présenterons aussi à la fin de l’été notre nouvelle stratégie économique cantonale, qui n’a pas été renouvelée depuis 2015. Et puis, en matière d’emploi, nous sommes aussi très actifs. Grâce au nouveau plan directeur de l’employabilité, porté par l’ensemble du Conseil d’État, nous avons prévu une série de mesures pour mieux faire coïncider les besoins du marché avec les profils des personnes qui recherchent des emplois. C’est tout le travail que fait l’Office cantonal de l’emploi (OCE), qui accompagne quelque 17’000 demandeurs et demandeuses d’emploi dans leurs démarches pour retourner sur le marché du travail.
Petite photo: © Le Centre

