Delphine Bachmann

DEE – Département de l’économie et de l’emploi

 

«Je suis la ministre de toutes les entreprises»

Entrée jeune en politique, Delphine Bachmann a été élue au Conseil d’Etat en avril dernier. En charge du Département de l’économie et de l’emploi, elle souhaite répondre à tous les enjeux qui l’attendent en s’appuyant sur 2 piliers qui lui sont chers : la concertation et l’action. Pour mieux la connaître, pour savoir quel est son état d’esprit et son quotidien, la conseillère d’Etat répond aux questions de Bien Vivre.

Merci de vous présenter en quelques mots.

Infirmière de formation, j’ai complété mon parcours par un MBA en emploi, avant de devenir membre de la direction de Hirslanden Genève. En parallèle, j’ai mené une carrière politique, 7 ans comme députée au Grand Conseil en assumant également la présidence cantonale du Centre (ex-PDC) pendant deux ans. Je suis aussi maman de deux jeunes enfants et l’aînée d’une fratrie de 7 enfants, tous des garçons, sauf moi ! Autant vous dire que je ne me suis jamais ennuyée !

Pourquoi avez-vous fait le choix de la politique?

La politique a toujours fait partie des discussions familiales et je suis heureuse d’y avoir été sensibilisée très tôt. Mon grand-père a notamment été conseiller d’Etat pendant plus de 10 ans à Genève jusqu’en 1985 (ndlr Guy Fontanet). Il a incarné ce que j’attends d’un magistrat : être au service de tous les administrés avec humanisme. Cet héritage familial m’a poussé à m’y intéresser et m’a incité à m’engager activement à l’âge de 21 ans.

Quelles sont vos priorités comme nouvelle conseillère d’Etat?

Ma priorité, tout d’abord, c’est d’imprimer ma marque, ma méthode : la concertation et l’action. Je suis une femme de terrain et pragmatique. J’aimerais être la ministre du « bon sens ». Je pense qu’aujourd’hui les clivages partisans doivent être dépassés surtout quand on fait partie d’un exécutif. D’ailleurs, à chaque fois que nous le pouvons, avec mes collègues, nous mettons en avant l’action de l’Etat, plutôt que l’action d’un seul département.

Oui mais que dites-vous aux entreprises genevoises? Quel est votre message?

Je veux tout d’abord leur dire que je conçois mon action avec elles en étant à leurs côtés. J’en ai déjà rencontré de nombreuses avec ma collègue Nathalie Fontanet, conseillère d’Etat chargée des finances, et l’accueil est très positif. Nous devons entendre leurs besoins et être à leur service. J’ai eu l’occasion de le rappeler lors de la rentrée des entreprises organisée par la FER Genève mardi 22 août, qui a réuni près de 3000 personnes. Dans ce contexte, ma première priorité est la défense de conditions-cadres qui soient notamment favorables aux milieux économiques. Il s’agit également de mettre à jour notre cadre législatif. Ainsi, je souhaite réviser la loi en faveur du développement de l’économique et de l’emploi du canton de Genève (LDévEco), qui n’a pas été actualisée depuis plus de 20 ans. A l’avenir, elle devra mieux tenir compte des nouveaux enjeux auxquels nous sommes confrontés. Il s’agit aussi de stimuler et d’encourager l’innovation et la recherche, ainsi que l’implantation de start-ups. Mais l’innovation ne se décrète pas, elle est le fruit du fonctionnement de tout un écosystème auquel l’Etat doit contribuer.

Serez-vous la ministre des multinationales ou des PME?

Je suis la ministre de toutes les entreprises. J’aime rappeler que chaque emploi dans une multinationale génère 1,5 emploi dans une PME, c’est dire leur étroite imbrication et interdépendance. C’est le maillage entre les entreprises et leur diversité qui permet une croissance équilibrée. Cela fait le succès de Genève. J’ai la conviction que les entreprises sont notre meilleur atout pour la prospérité de notre canton. Car ne soyons pas naïfs : dans un contexte de marché ultra concurrentiel, nos adversaires, eux, n’ont pas de tabous. Nous n’avons pas le choix : c’est ensemble que nous parviendrons à défendre la compétitivité de notre canton et à renforcer son attractivité.

Trouver du personnel est un véritable défi dans beaucoup de secteurs d’activités. Avez-vous des idées, des projets ou des solutions pour y remédier?

Oui, vous avez raison, la pénurie de main-d’œuvre est un vrai défi pour les entreprises et certains secteurs en souffrent, comme l’horlogerie ou la santé. On manque aussi de professionnels pour la transition énergétique et dans certains domaines de la construction. Mais cette difficulté est aussi une opportunité, notamment pour les personnes au chômage, ou celles qui doivent se réinsérer sur le marché du travail. La question centrale de l’employabilité fait partie de mes deux principales priorités aux côtés de la défense des conditions-cadres. Comment faire en sorte que les formations d’aujourd’hui soient en adéquation avec les besoins des entreprises ? C’est tout l’enjeu de l’employabilité, porté par le Conseil pour l’employabilité, et qui nécessite un travail transversal avec mes collègues chargés de la cohésion sociale et de l’instruction publique. Le Conseil d’Etat est conscient que certaines entreprises ont de la peine à recruter, et qu’en plus elles doivent répondre à de nouvelles exigences formulées par les jeunes générations. Les compétences recherchées hier ne sont plus les mêmes que celles d’aujourd’hui, et certainement encore moins que celles de demain.

C’est pour cette raison que nous souhaitons accompagner les entreprises genevoises dans l’anticipation et la planification de leurs besoins en main-d’œuvre. Cette anticipation permettra entre autre de développer des filières de formation professionnelle très qualifiantes, notamment l’apprentissage qui doit être revalorisé.

A cela s’ajoute la promotion de la reconversion professionnelle et l’amélioration de l’offre et de l’accès à la formation continue tout au long de la vie.

Il y a notamment un manque de personnel dans les métiers liés à la transition énergétique. Il manque par exemple des poseurs de panneaux photovoltaïques. Que faites-vous concrètement pour aider les entreprises en terme de durabilité?

Les transitions environnementales mais aussi numériques sont essentielles pour rester concurrentiel. L’Etat doit accompagner celles et ceux qui le souhaitent à prendre ces virages, en particulier les PME et TPE qui composent l’essentiel de notre tissu économique. Il faut rappeler que presque 9 entreprises genevoises sur 10 comptent moins d’une dizaine d’employés. De fait, elles n’ont pas toujours le personnel et les moyens nécessaires pour entamer ou poursuivre ces adaptations.

Concernant le numérique, mes services proposent une formation certifiante d’une journée sur la responsabilité numérique des entreprises (RNE) à la HEG Genève, ainsi que des cours en ligne sur la RNE et la protection des données. D’autres contenus viendront prochainement compléter ce dispositif de formation à destination des entreprises genevoises. Pour la durabilité, nous avons lancé la version 2023 du programme diagnostic-action. Plus de 70 entreprises du canton y participent cette année – accompagnées par une quarantaine de mandataires – afin d’entreprendre une analyse complète de leurs activités et de définir précisément où elles pourraient améliorer leur bilan environnemental. C’est en travaillant avec les entreprises, avec leurs réalités, qu’il est possible de définir les actions les plus efficaces, autant pour le modèle d’affaires de l’entreprise que pour la durabilité et les objectifs climatiques globaux du Canton.

Dans 5 ans, quel bilan aimeriez-vous faire?

J’ai la chance d’être à la tête d’un département qui réunit économie et emploi, ce qui me permet d’assurer une vraie cohérence entre ces deux politiques publiques majeures pour notre canton. D’ici 5 ans, j’espère donc que mes actions et celles de mes services auront pu être utiles aux Genevoises et aux Genevois en général, et aux entreprises de notre canton en particulier. Cela signifie l’accompagnement de nouvelles entreprises dans leur implantation à Genève ou leur création, lever les blocages qui empêchent leur développement, le maintien et la création d’emplois, et que chacun puisse trouver sa place sur un marché du travail qui assure une concurrence loyale et des conditions de travail dignes.

Photo principale: © Etat de Genève
Petite photo: © Le Centre