Dominique de Buman

Président du Conseil national

« Le fil rouge de cette présidence sera la cohésion nationale »

Depuis novembre 2017, Dominique de Buman est le premier citoyen de Suisse. A 61 ans, le Fribourgeois, ancien syndic de Fribourg, a été élu à l’une des plus hautes fonctions politiques du pays, puisque pendant un an, il dirigera les débats de la Chambre du peuple. Pour Bien Vivre, il évoque cette fonction et nous parle de son engagement en faveur de la cohésion nationale.

Tout d’abord, pouvez-vous revenir sur les grandes étapes de votre parcours politique ?

J’ai commencé la politique il y a plus de 30 ans au sein du PDC. Je suis entré au Conseil communal de Fribourg en 1986, d’abord aux Sports puis aux Finances, avant d’être élu Syndic en 1994, fonction que j’ai exercée pendant 11 ans. Parallèlement, j’ai été élu en 1986 au Grand Conseil Fribourgeois, et je l’ai présidé en 2001. Je suis entré au Conseil national en 2003 et je suis devenu rapidement membre de la Commission de l’économie et des redevances (CER). En 2004, j’ai été nommé vice-président du PDC suisse. Parallèlement à mon mandat à Berne, je préside Biomasse Suisse, la Fédération suisse du tourisme, les Remontées Mécaniques Suisses et Bibliomedia.

Comment vous sentez-vous dans cette nouvelle fonction ?

Je me sens très bien. Je suis tout d’abord honoré de la reconnaissance que m’ont exprimée mes collègues. Cette désignation interne se fonde sur des critères comme l’ancienneté, l’assiduité, la capacité à rassembler et l’aptitude à diriger des débats. Je dois dire que cette nouvelle fonction me passionne au-delà de mes espérances.

Pouvez-vous nous expliquer quel est votre rôle politique en tant que président du Conseil national ?

Le président n’a pas de pouvoir personnel. Il se doit d’avoir une certaine neutralité et ne dépose habituellement pas d’intervention parlementaire. Son rôle principal est de conduire les débats et d’être au service du travail parlementaire. Il s’agit de mettre les gens en relation, de faciliter leur travail en étant bien organisé, de rassembler et d’éviter les débats polémiques. Le président du Conseil national est en quelque sorte le chef d’orchestre de la procédure et veille aussi à la bonne ambiance collective. Il est également en contact avec le Conseil fédéral ainsi qu’avec les pays étrangers au travers de visites ou par la réception de délégations étrangères. A côté de cela, il gère la vie interne des Services du Parlement et de ses 300 collaborateurs. Logistique, transport, gestion du budget, archives, service du bulletin, communication, protocole : voilà quelques secteurs comparables à ceux d’une entreprise.

Allez-vous placer cette année de présidence sous une thématique ?

Je pense qu’il faut rester modeste dans cette fonction. On ne va pas réinventer la roue. Certains dossiers étaient en cours avant mon élection et le seront encore à mon départ. C’est à moi de m’adapter et de servir le système. Ce qui peut varier, en revanche, c’est la patte qu’on met dans notre travail, le style. Pour moi, le fil rouge de cette présidence sera la cohésion nationale. Ce n’est pas juste un grand mot, mais une réelle conviction. Dans un monde actuel qui est de plus en plus inégalitaire et violent, où les incitations à la haine se multiplient, promouvoir la paix et la cohésion nationale est essentiel. Nous devons veiller à ne laisser personne au bord de la route et faire en sorte que nos lois favorisent une certaine justice afin de permettre à tout le monde d’accéder au bonheur et de trouver sa place dans la société en fonction de ses talents. Il faut également inciter les gens à aller les uns vers les autres, y compris au sein du Parlement afin de pouvoir faire avancer notre pays.

Quels seront les grands rendez-vous à votre agenda cette année ?

Il y aura tout d’abord le voyage officiel en délégation à l’étranger. Il y a déjà eu le voyage officiel en délégation en Arménie début février. Ce pays me tient à cœur, puisque j’avais obtenu du Conseil national la reconnaissance du génocide arménien. Je m’y suis déjà rendu plusieurs fois. L’Arménie est un pays très intéressant, un petit pays avec une grande culture et qui a produit de nombreux scientifiques et artistes. Je représenterai également la Suisse aux 200 ans de la fondation Nova Friburgo au Brésil. Je souhaite aussi pouvoir faire des déplacements dans les pays voisins. J’aimerais notamment organiser le voyage du président en France autour 14 juillet. J’ai aussi envie d’aller en Allemagne où je souhaite rencontrer Angela Merkel que j’admire. Ces destinations attendent encore confirmation. Mon voyage en Italie est en revanche fixé. J’assisterai à la prestation des gardes au Vatican en profitant de prendre contact avec mes collègues du Parlement Italien pour discuter de dossiers importants comme la fiscalité ou l’immigration. Je prévois aussi de nombreuses rencontres avec la population suisse, dans divers cantons et je vais tâcher d’honorer, en outre, les associations dont je suis membre. Je tacherais d’exporter l’esprit fribourgeois et de franchir la barrière des langues, notamment en Thurgovie, où je compte remercier les autorités cantonales pour avoir maintenu l’enseignement précoce du français.

Autre Fribourgeois mis à l’honneur cette année, Alain Berset, président de la Confédération. Une chance pour le canton ?

Dans une fonction officielle, on ne peut favoriser activement notre canton, et une certaine neutralité s’impose, mais il est clair que cette double présidence donne une certaine visibilité à Fribourg. C’est l’occasion à travers notre travail de donner l’image d’un canton rassembleur, pluraliste et crédible, ce qui peut être positif en termes d’investissements par la suite, pour l’implantation de sociétés et l’organisation de manifestations sur le territoire cantonal. Je suis fier d’être issu de ce canton qui a été le premier des cantons romands à entrer dans la Confédération en 1481 et qui au final est à l’image du pays, plurilingue et multiculturel.

Quels sont les principaux défis du parlement à l’heure actuelle ?

Il s’agit d’arriver à mettre sous toit des réformes. Pour cela, il faut éviter que la polarisation bloque les dossiers. Il est urgent que certains dossiers avancent. Je pense notamment à la réforme des rentes mais aussi à la relation avec l’étranger, qu’il s’agisse de migration ou de nos relations avec l’Europe. Enfin, il faut à tout prix mettre sous toit le Projet fiscal 17, qui permettra de supprimer les statuts spéciaux et nous mettre en conformité avec la scène internationale.