Eric Maria architectes et associés SA

«Privilégier le vivant»

 

Plus qu’une passion, le métier d’architecte était une évidence pour Eric Maria. Très tôt fasciné par le dessin et la création de maquettes, c’est naturellement qu’il a fait les Beaux-Arts à Paris et par la suite travaillé dans des bureaux prestigieux comme celui de Jean Nouvel. Particulièrement intéressé à réaliser des projets emblématiques et culturels, depuis la création de sa société, on lui doit nombre de réalisations marquantes. Pour comprendre son approche architecturale, Eric Maria répond aux questions de Bien Vivre.

Comment s’est développé votre bureau ?

Après avoir travaillé 15 ans auprès de Jean Nouvel et avoir fini directeur d’agence, je me suis installé à Berne en 1999 et j’y ai créé ma structure en 2001. Durant cette période, j’ai continué à collaborer avec lui pour Expo02 puis il m’a demandé d’être partenaire dans le cadre d’un concours pour un projet lié au groupe Richemont à Genève que nous avons gagné. Pour me rapprocher de ce projet, j’ai déménagé ici et à partir de là, j’ai monté un véritable réseau de travail. J’ai multiplié les réalisations et aujourd’hui, mon bureau, Eric Maria Architectes et Associés SA compte entre 15 et 18 architectes.

A quels types de concours répondez-vous ?

Je cherche avant tout les bâtiments urbains emblématiques, ceux qui forgent l’esprit. A titre d’exemple, je donnerais les gares qui structurent la ville ou encore les musées.

Comment appréhendez-vous un projet ?

Pour moi, il y a plusieurs fondamentaux à respecter. Le premier touche à la psychologie. En effet, il est indispensable de bien cerner le maître d’ouvrage. Il faut le questionner, partager, discuter afin d’avoir une bonne compréhension de ses attentes. Le second tend à comprendre l’environnement dans lequel le projet va prendre place. On ne construit pas à Fribourg comme à Genève. Il m’est toujours important de déchiffrer le contexte et étant pragmatique, je m’y adapte. L’important dans une réalisation n’est pas de faire plaisir à l’architecte (je me méfie des dogmes)mais à tous ceux qui vont y résider, y travailler ou même en profiter au niveau du regard, l’architecture étant un art visuel. Chaque lieu, à mes yeux, doit être agréable à vivre c’est pourquoi au-delà de l’aspect il faut aussi savoir choisir les matériaux. Je ne suis pas passéiste mais je privilégie le vivant au synthétique car il apporte une part d’affect importante. Si j’ai une tendance à aller vers le froid et le contemporain, je démarre l’idée sur ces bases puis je synthétise avec les contraintes pour humaniser la proposition.

Est-ce qu’entre l’idée et le résultat, les choses restent toujours identiques ?

Entre le projet, tel qu’il est pensé et vu par l’architecte, et le résultat final, ce dernier peut être sclérosé par de nombreux intervenants. C’est un peu comme au cinéma, entre la vision du scénario par le scénariste et la façon dont l’interprète le comédien, les choses peuvent être différentes. Dans mon métier, si nous sommes souvent contraints de faire des concessions, une part du travail réside aussi à convaincre pour avoir un rendu proche du concept de base. Quand on atteint 80% de ce dernier, souvent après d’âpres négociations, je dirais que déjà c’est très bien !

Avez-vous un rêve inassouvi ?

Je ne me suis jamais posé la question car je n’ai jamais imaginé atteindre les sommets de l’architecture. Dans la mesure où je trouve des projets intéressants et que je les concrétise correctement, j’ai atteint mes objectifs personnels. Quand je parle de projets intéressants, cela ne veut pas dire uniquement des concepts de taille, je peux aussi me faire très plaisir avec des petits objets comme une galerie d’art que je viens de réaliser à Paris. Certes, au niveau financier, il est difficile d’investir en architecture avec seulement de petites réalisations mais elles se compensent avec celles d’importance. L’ensemble me permet de trouver un équilibre et d’avoir toujours autant de plaisir à être architecte. Durant toute ma carrière, je n’ai jamais aimé traiter de dossiers contraints par les lois et où l’on n’a très peu de marge de manœuvre. J’ai réussi à les éviter et ne travailler que des concepts intéressants où j’ai pu laisser libre cours à ma créativité et à ma spontanéité.

Eric Maria architectes et associés SA
Rue de la Navigation 21 bis – CH-1201 Genève
Tél. +41 22 731 50 50
www.ericmaria.com