Fondation Culture du Bâti

Eligio Novello

 

Contribuer au développement et aboutir au partage d’une culture commune du Bâti avec le public

Promouvoir la culture du bâti, tel est l’objectif de la CUB, la Fondation Culture du Bâti, fondée fin 2016. Pour en savoir plus sur ses activités, nous avons rencontré le président de son Comité de pilotage Eligio Novello.

Quelles sont les réflexions qui ont conduit à la création de la CUB ?

Nous avons constaté que le public peinait à suivre les développements du paysage construit, et en particulier des grands projets. La conséquence est l’émergence d’inquiétudes et de blocages conduisant parfois au refus de certains de ces projets et ce, malgré tous les processus extrêmement démocratiques à la base de leur développement, dont les concours d’architecture.
A l’époque, nous avions identifié le risque d’en arriver à une « architecture référendaire », dont la réponse ne serait finalement motivée que pour passer le dernier cap du blocage du public. Une situation inconcevable. Rapidement, nous avons relevé l’importance d’établir des référents communs, une culture commune et largement partagée avec le public dans le domaine du bâti et du paysage, de manière à ce que les citoyens puissent appréhender de manière directe, dans un dialogue enrichissant, avec les professionnels et le politique, les développements de leur environnement quotidien. L’idée étant d’éviter la polarisation. Chose d’autant plus essentielle que le canton connaît une croissance exponentielle.

Comment la CUB s’est-elle constituée ?

En 2015, l’InterAssAr (Intergroupe des Associations d’Architectes du Canton de Vaud, qui regroupe toutes les associations d’architectes et d’ingénieurs vaudoises) a déposé sur la table du Conseiller d’Etat Pascal Broulis une proposition pour intégrer sur le site de Plateforme 10, un espace dédié à la culture du bâti. Celle-ci a reçu un très bon accueil. Nous avons réussi à réunir un panel de tous les acteurs principaux du bâti, du paysage, de la construction et de la formation, aux positions
parfois différentes mais très complémentaires, et à les fédérer autour d’un projet commun, celui de faire connaître le patrimoine d’hier et de promouvoir celui de demain auprès du public. Seize partenaires et acteurs du bâti, issus du monde associatif, académique et économique, ont ainsi signé l’acte Fondateur de la CUB en octobre 2016, lors d’une exposition monographique symbolique organisée sur Hannes Meyer et le concept de design collectif, le premier événement organisé par cette CUB en devenir, et les statuts de la Fondation furent finalement signés en décembre 2016. En janvier 2017, Pascal Brouillis annonçait publiquement que la CUB serait intégrée à Plateforme 10 et qu’un concours serait prochainement organisé. Cela a permis de nous positionner comme ce que certains ont appelé la 4e entité culturelle du site et de confirmer aux yeux du public ces formes d’arts appliqués que représentent la planification du territoire, l’architecture, l’ingénierie, l’architecture paysagère et la construction.

En un an d’activité, la CUB a-t-elle trouvé ses marques ?

Depuis que le groupe de fondateurs a décidé de s’unir, de dialoguer et de partager ses préoccupations, on se demande plutôt pourquoi cela n’a pas été fait avant. Le paysage qui nous entoure est constitué de domaines disjoints dont la qualité dépend de plus en plus des interactions pluridisciplinaires entre ces divers domaines. La CUB répond à un réel besoin d’échanger, de questionner, de débattre, de tisser des liens entre ces environnements, qui évoluent très rapidement, mais aussi de souligner et de partager avec le public la conscience que la culture du bâti, et donc toute la réflexion qui sous-tend son développement partagé, ne porte pas seulement sur l’architecture, mais bien sûr l’ensemble des disciplines désormais liées que sont l’ingénierie, l’architecture du paysage, la construction et leur formation.

Parmi les événements organisés par la CUB, « Ecrans Urbains », dont la première édition a eu lieu du 27 février au 4 mars 2017 à Lausanne. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Nous avons proposé des projections et des rencontres autour du thème « Les mutations de la ville ». L’objectif était d’explorer les liens entre la ville, l’architecture, le paysage, leur construction, et le cinéma. La manifestation s’est déroulée dans 5 lieux à Lausanne : Casino de Montbenon, Zinéma, Forum d’architectures, Capitole et Théâtre de Vidy. La soirée d’ouverture a eu lieu au Capitole avec la projection du film « Blade Runner ». Ecrans Urbains a rencontré un très grand succès avec plus de 2000 entrées. Nous avons eu de très bons retours du public et de la profession. Nous préparons actuellement une nouvelle manifestation de cette envergure que nous souhaitons cette fois réaliser en collaboration avec une des institutions muséales de Plateforme 10. Une manière de montrer les synergies évidentes entre l’art et les domaines de la construction du paysage. Progressivement, ces prochaines années, la CUB va s’orienter vers des projets plus grands. Ella a déjà soutenu le dépôt de la candidature de Lausanne pour l’organisation du congrès de l’Union Internationale des Architectes (UIA) en 2023. Dans ce sillage, elle participe à la réflexion sur l’organisation d’une biennale de l’architecture internationale qui débuterait à cette date et dont le nom serait LAC. A côté de cela, nous avons un riche programme de conférences. Nous partageons enfin et désormais avec le public un agenda présentant et mettant en valeur toutes les manifestions et événements organisés par les membres fondateurs de la Fondation. En attendant que la CUB puisse bénéficier de ses locaux et de sa propre vitrine à Plateforme 10, les fondateurs sont incités à sortir de leurs murs et à organiser des événements externes, en collaboration les uns avec les autres et les uns chez les autres, selon le principe d’infiltration.

La CUB devrait à terme occuper la place de la tour de contrôle des CFF. Une bonne chose ?

Ce bâtiment se situe en tête de site, à l’articulation de la ville et de la plateforme des musées. C’est un lieu stratégique. Il ne sera toutefois libéré qu’en 2023 suite à un concours d’idées qui devrait être prochainement lancé. A terme, nous souhaitons que ce lieu devienne un lieu d’une importance, d’une visibilité et d’une portée comparables au Pavillon de l’Arsenal à Paris ou à la Maison de l’architecture de Copenhague pour ne citer qu’eux. Nous souhaitons surtout et avant tout que ce lieu soit un espace de médiation, de réflexion et de débat entre les citoyens et les professionnels dans le but de développer cette culture commune et partagée du bâti et du paysage à laquelle nous aspirons dans ce canton.

Le canton de Vaud se développe à une vitesse folle. Quels défis cela pose-t-il ?

Les défis sont multiples et s’évaluent à l’aune d’une multiplicité de domaines différents. Je pense notamment à la question de la densification, toujours très sensible, en particulier quand il s’agit d’évoquer des projets de tours dans le contexte d’une topographie complexe. Pour ne citer que cet exemple, la densification ne s’optimise pas seulement par la verticalité, mais aussi par des compléments horizontaux et beaucoup plus fins du tissu urbain existant. La tour se justifie à certains endroits et pas à d’autres. Ce type de sujet doit dès lors pouvoir être développé publiquement de manière détaillée pour que chacun puisse ensuite mesurer finement les enjeux au cas par cas. La culture du bâti se développera par l’apprentissage et le dialogue, en particulier par la médiation auprès de factions qui aujourd’hui encore trop souvent s’opposent. C’est le rôle que s’est donné la CUB de nourrir, d’enrichir et d’affiner ce dialogue.

Fondation Culture du Bâti
Union 15 • CH-1800 Vevey
Tél. +41 21 921 86 36
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