Frédérique Perler

Maire de Genève

 

Et si Genève était une ville sans voiture ?

Frédérique Perler, membre des Verts, est maire de Genève jusqu’au 31 mai 2022. Elue au Conseil administratif de la ville, en 2020, elle y est en charge du Département de l’aménagement, des constructions et de la mobilité, un Département qu’elle a délibérément voulu pour apporter sa pierre à l’édifice d’une Genève tournée vers des habitudes de vie plus respectueuses de l’environnement et du développement durable. Pour parler des dossiers en cours et des grands projets à venir, elle répond aux questions de Bien Vivre.

En quelques mots, qu’est-ce que le Département de l’aménagement, des constructions et de la mobilité ?

C’est un département très important qui, par les décisions qui y sont prises, impacte sur le quotidien des Genevois. Concernant la construction, il touche aussi bien le logement que des structures dédiées au sport, il y a donc également un aspect qualité de vie qui est très présent. A côté de cela, je mets un focus particulier sur la mobilité. Les enjeux sont très forts car je souhaite redonner de l’espace aux piétons et plus de place aux cyclistes. Dans un autre registre, il y a les plans localisés de quartier comme, par exemple, le PAV ou encore les Eaux-Vives qui sont en pleine mutation sans oublier tout ce qui a trait à la rénovation. A ceci s’ajoute un projet de taille : la Gare de Cornavin, un dossier important qui touche plusieurs parties prenantes. Tous ces chantiers, en cours ou à venir, ont pour point commun d’être examinés à l’aube de l’urgence climatique et d’englober des solutions pour parer au mieux à cette dernière.

Plusieurs requalifications vont changer le paysage de certains quartiers. Qu’en est-il exactement ?

Effectivement, à court et moyen terme, il y en a 3 marquantes qui vont être réalisées. Ainsi, de la place du Cirque à Uni Mail, toute l’avenue du Mail va être requalifiée avec l’implantation de trottoirs plus confortables, une piste cyclable ombragée et l’ajout de végétalisation. Pour ce faire, une voie, aujourd’hui réservée aux véhicules, va être supprimée. Les travaux vont démarrer début 2022. Ensuite, il y a la rue de Carouge qui va connaître également une refonte complète. A mon arrivée, voyant que d’importants travaux du réseau d’assainissement étaient programmés, j’ai demandé au Conseil municipal d’en profiter pour voter un amendement qui libère des moyens financiers pour combiner en même temps, une requalification. Ainsi, dans un futur proche, nous allons rendre l’espace, du rond-point de Plainpalais jusqu’à la place des Augustins, aux piétons, vélos et trams et faire de cet axe, un lieu où il fera bon se balader. Pour aller plus loin, nous réfléchissons également à rendre piétonnes plusieurs petites rues adjacentes. La dernière requalification concerne la rue des Rois, dont le chantier démarre prochainement. Là encore, les voitures vont être abolies et en place et lieu de la route va être installé un jardin arboré que les résidents pourront s’approprier. Ces trois projets me tiennent spécialement à cœur car le traitement de chaque dossier a vraiment été pensé avec une idéologie écologique. Au-delà, de la qualité de vie qu’ils vont apporter, il y a derrière, par exemple, une place importante donnée à la gestion de l’eau. En effet, comme cela a déjà été mis en place sur le quai Wilson, l’eau de pluie sera récupérée et servira à l’hydratation des arbres. Une autre manière de contribuer au développement durable.

Parlez-nous du PAV.

Voilà, un projet d’envergure qui va également modifier le paysage et qui a suscité et suscite encore des inquiétudes chez de nombreuses personnes. Il y a beaucoup à dire mais je vais m’attacher à ce qui concerne la première phase du projet aux Vernets. Pour cette dernière, j’ai mis l’accent sur l’importance de bien réfléchir à la meilleure manière d’organiser les espaces publics. Pour cette raison, tout ce qui les concerne va être mis en place avant que les futurs résidents emménagent. Ainsi, par exemple, la rue qui longe l’Arve va être fermée aux véhicules et dédiée aux cyclistes et piétons. Ceci entre dans la logique du PAV puisqu’il est voulu comme un périmètre sans voiture. A ceci s’ajoute la voie verte qui s’étend jusqu’au bois de la Bâtie et qui va être prolongée. Alors oui, le PAV peut effrayer mais tout est pensé et réfléchi pour qu’ils soient un modèle en matière de développement durable. Il est l’exemple même de la volonté qu’a Genève d’aller dans ce sens.

Qu’est-ce qui est fait en matière de rénovation au niveau de la ville ?

La stratégie veut que nous réalisions des travaux, qui sont souvent nécessaires, tout en requalifiant les alentours de nombreux bâtiments qui ne sont trop souvent que des parkings. L’idée est de rendre l’espace aux résidents pour une meilleure qualité de vie. Concernant les travaux, pour limiter l’empreinte carbone, nous voulons relier le plus grand nombre d’immeubles aux réseaux de chaleur des SIG et rapidement supprimer les chaudières à mazout. Parallèlement, j’ai demandé un inventaire des constructions sur lesquelles nous pourrons implanter des panneaux photovoltaïques et de la végétation. Pour finir, il n’est pas possible de réaliser des travaux de rénovation de taille dans les espaces locatifs, nous ne pouvons pas déloger les résidents. Pour cette raison, il a fallu penser à une solution alternative qui soit efficiente et engendre des économies substantielles. Le changement des fenêtres en ait une, je vais donc faire une demande de crédit au Conseil municipal pour obtenir les fonds nécessaires à ces travaux.

Quel est l’avenir du vélo dans la ville ?

Dans mes projets, il y a l’importance de faire grandir les pistes cyclables dans la ville. L’expérience des pistes Covid a mis en exergue l’évolution de ce mode de transport. Entre mars 2020 et mai 2021, il a été officiellement comptabilisé une hausse de l’usage du vélo de 14%. Ce qui est énorme. Cela prouve qu’on doit lui donner de la place car il peut encore grandir si les usagers ont à leur disposition des pistes sécurisées et adaptées surtout quand on sait que 45% des Genevois, vivant intra-muros, n’ont pas de voitures. Pour l’heure avec l’Etat, nous avons pérennisé toutes les pistes, dites Covid, hormis à la rue du 31 Décembre. Mon souhait est évidemment d’en créer de nombreuses autres.

Quelle serait la Genève de vos rêves ?

La Genève de mes rêves serait une ville sans voiture ! Ce serait également une ville où les besoins de chacun seraient pris en compte, et ce pour les plus jeunes comme les aînés ou encore pour les personnes à mobilité réduite. Nous devons penser chaque projet pour tous les types de citoyens. Côté mode de vie, de très nombreux espaces seraient réservés à la déambulation. Pour arriver à ce modèle de ville, il faut privilégier les modes de déplacement doux comme le vélo ou la marche à pied et donner plus d’importance aux transports publics en implantant des lignes plus rapides et surtout desservant plus largement toutes les campagnes avoisinantes. Si tout ceci pouvait se réaliser, nous y gagnerions également en pollution aussi bien dans l’air que sonore et au final, Genève qui est déjà agréable à vivre le deviendrait plus encore.

Ville de Genève
Département de l’aménagement, des constructions et de la mobilité
Rue de l’Hôtel-de-Ville 4 • CH-1204 Genève
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