GastroValais

Stève Delasoie

 

Changer l’image de la branche

Métiers difficiles et mal payés ; chefs au caractère trempé ; horaires impossibles… les images négatives que peut véhiculer le monde de la restauration ne sont, bien souvent, plus le reflet de la réalité. En plein renouveau, il se diversifie, évolue, se métamorphose et offre des possibilités de carrière beaucoup plus attractives qu’on ne le pense. Pour le faire savoir au plus grand nombre, GastroValais mène de nombreuses actions pour redorer une image souvent écornée à tort. Pour nous parler de l’actualité de ce secteur d’activité, rencontre avec Stève Delasoie, son nouveau directeur.

GastroValais a connu une importante restructuration. Qu’en est-il ?

Depuis janvier 2022, j’occupe un poste qui est nouveau au sein de GastroValais, celui de directeur. Ancien vice-président de l’association, issu du sérail puisque je suis cuisinier de métier, j’ai pour mission de redonner du prestige et une image positive au secteur de la restauration qui pâtit souvent d’une réputation qui n’est pas juste et qui lui nuit. Pour m’accompagner, je peux compter sur un groupe de conduite de 5 personnes, toutes professionnelles du secteur, ainsi que sur le vice-président et le président. A eux s’ajoute l’assemblée des présidents, ils sont 14, qui relaient les informations aux quelque 1600 membres de GastroValais. Nous avançons tous avec le même but commun : faire évoluer nos métiers et les valoriser. Des analyses, des discussions, des rencontres que nous faisons actuellement vont naître des suggestions que nous soumettrons à nos membres, une boîte à outils dans laquelle ils piocheront à leur guise et qui donnera quoi qu’il en soit matière à réflexion. Pour aller plus loin et savoir ce que globalement le grand public pense de nous, j’ai également interrogé ChatGPT, un agent conversationnel utilisant l’intelligence artificielle. Il répond à une question en analysant toutes les informations qu’il peut trouver autour sur le net. Ce n’est pas une vérité absolue mais c’est un « + » intéressant.

Parole est donnée aux jeunes actifs du secteur. Comment cela se traduit-il ?

Parmi les grandes nouveautés, le groupe jeune de GastroValais a vu le jour en 2022. Il est constitué de 21 personnes âgées de 25 à 45 ans qui représentent toutes les facettes du métier, du fast-food au restaurant conceptuel en passant par l’étoilé. Une population hybride qui image parfaitement notre univers. S’ils sont toutes et tous différents, ils n’en restent pas moins des passionnés raison pour laquelle ils s’investissent. Ce groupe se retrouve deux fois par année et débat autour d’un thème. Le premier qui a été abordé était : l’image de la restauration en 2023. Au-delà du moment passé ensemble, chacun a répondu à des questions, mené une enquête, réfléchi… Leurs retours ont permis à GastroValais de faire une synthèse, d’analyser les choses et surtout de trouver des solutions ou en tout cas de fournir des idées à nos membres pour mettre en avant ce qui est perçu comme positif et contrecarrer ce qui est négatif. C’est un travail de longue haleine, prenant mais ô combien intéressant et surtout constructif pour le milieu de la restauration. Aujourd’hui, le groupe jeune aborde un nouveau thème : la génération Z ou comment s’adapter à elle pour qu’elle intègre notre secteur, y reste, s’y fasse plaisir et s’y épanouisse, un autre vaste sujet !

Que faites-vous pour inciter les plus jeunes à rejoindre la restauration ?

Pour inciter de nouvelles personnes à croire en nos métiers, il me semblait essentiel de savoir dans un premier temps comment et pourquoi des jeunes s’y intéressent et suivent des formations. C’est auprès d’eux que je suis allé chercher des réponses. Je leur ai demandé d’où venait leur motivation. Leurs réponses ont été assez inattendues puisque beaucoup m’ont dit avoir été influencés par Food Wards une manga culinaire japonaise. J’ai acheté les différents volumes, je les ai lus et j’ai regardé de plus près le message véhiculé ainsi que les valeurs pour mieux comprendre. A ces ouvrages, ce sont ajoutées les émissions télé liées à la cuisine. Du résultat de ces discussions est née la conviction que la communication que nous faisons auprès des plus jeunes pour se former à nos métiers doit être en phase avec leurs centres d’intérêts raison pour laquelle GastroValais souhaite collaborer avec l’EPAC – Ecole de Bande dessinée et Game Art de Saxon, pour réaliser un manga ou un webtoon.

La relève est-elle présente ?

Depuis la pandémie, le nombre d’apprentis à doubler alors que nous craignions qu’il se raréfie. Pour celles et ceux qui sont jeunes et ne sont pas encore prêts à suivre un CFC de manière classique, une solution s’offre à eux : le dual-mixte ou école des métiers. La première année se déroule au sein de l’EPCA à Sion où ils découvrent sur place l’aspect pratique puis plus de techniques sur le terrain grâce à deux stages. Ces derniers les aident à décrocher une place d’apprentissage qu’ils mènent durant les 2 années suivantes. C’est une formule gagnante à condition qu’ils trouvent des restaurateurs prêts à leur ouvrir leurs portes. Il y en a mais nous avons aussi pour ambition de voir le nombre grandir. Le but est de certifier les compétences des personnes qui n’ont pas accès au CFC ni à l’AFP. Dans un tout autre ordre d’idée, nous travaillons également autour du RIPP (Reconnaissance institutionnelle de la pratique professionnelle) qui concerne les requérants d’asile de tous les âges. Ces personnes viennent majoritairement de l’asile, mais aussi de l’AI, du chômage également de nos propres établissements. On les aide à évaluer leurs compétences et à les valider, voire à les faire grandir, afin de décrocher des emplois dans la restauration. Ceci génère de la main d’œuvre pour les professionnels, du gagnant-gagnant.

Pouvez-vous nous en dire plus sur l’événement « Futurs Chefs » ?

C’est un concours gastronomique sous forme d’un jeu télévisé réalisé par Canal 9, sous l’impulsion du service de l’agriculture du canton du Valais. L’idée était de promouvoir les produits du terroir et par effet domino, les jeunes talents qui sont en formation puisqu’il concernait les apprentis de 1re année d’école des métiers et de 1re et 2e année en variante duale. Toutes celles et ceux qui souhaitaient participer ont soumis un dossier complet comprenant leur recette, des photos, un petit film. Ils ont été analysés par de jeunes professionnels prometteurs de la restauration et 6 candidats ont été retenus. Ces derniers ont fait la compétition en avril dernier. Non seulement, ils avaient la pression du concours mais en plus, ils étaient filmés. Le grand gagnant a été connu du public à l’occasion de la diffusion en juin dernier. La personne désignée vainqueur a remporté une somme de 3000 francs (offerte par GastroValais) et la seconde 1000 francs. Une raison de plus pour voir combien nous nous impliquons sur tous les fronts et cherchons par tous les moyens à changer l’image d’une branche qui véhicule du bonheur car quoi de plus agréable que de mettre les pieds sous la table ? je vous le demande !

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