16 Juil Genève-Cliniques
Vincent Michellod
Un secteur d’activité qui doit plus que jamais faire front commun
Face à une situation qualifiée d’apogée d’une crise qui couve depuis plusieurs années, Genève-Cliniques met tout en œuvre pour que la prise en charge, comme il l’a été, reste ainsi et ne devienne pas une prise en otage. Plus que jamais la faîtière est présente et mène une bataille pour continuer à pouvoir offrir des soins à celles et ceux qui le souhaitent. À l’heure où sont écrites ces lignes, juin 2025, plus que jamais des discussions majeures sont menées entre les assurances et les différentes parties. Pour nous parler de cette actualité forte, rencontre avec Vincent Michellod, président de l’association.
Quels sont les avantages d’être membre de Genève-Cliniques ?
La santé est un domaine hautement politisé, notre faîtière défend activement les intérêts de ses membres en maintenant un dialogue constant avec les autorités et partis politiques.
C’est également un domaine sur-régulé, dans lequel on légifère beaucoup, souvent de manière maladroite. Genève-Cliniques défend une vision libérale de la santé, et promeut l’esprit d’initiative et de libre entreprise. Nous militons donc pour que le tissu économique genevois reste un terreau fertile dans lequel nos entreprises puissent prospérer et continuer à offrir des soins de la plus haute qualité. Nos établissements font aujourd’hui partie intégrante du paysage sanitaire cantonal et contribuent de manière décisive à la couverture du besoin en soins de la population genevoise.
Vous avez été élu au poste de Président, avez-vous des ambitions spécifiques ?
Notre système de santé s’enfonce dans une crise de financement sans précédent. Les hôpitaux publics accumulent les déficits, tandis que les structures privées peinent à se maintenir à flot. Paradoxalement, cette dégradation des conditions-cadres intervient dans un contexte de pénurie annoncée de personnel. La branche devra donc dans les années à venir déployer des trésors d’ingéniosité pour rester attractive et continuer à offrir des soins de qualité à prix abordable et dans un délai raisonnable. Nous devons trouver notre chemin dans cette tempête. Le secteur privé est bien armé pour faire face à ces difficultés : sa capacité d’adaptation et d’innovation en font un candidat idéal pour esquisser des solutions de sortie de crise, à condition toutefois qu’on lui ménage l’espace nécessaire, et que nous créions les conditions d’une concurrence saine et équitable.
Assurances complémentaires et cliniques privées sont en conflit. Un impact est-il déjà ressenti ?
Nous vivons l’apogée d’une crise qui couve depuis plusieurs années. La progression constante de la prime LAMal grève le budget des ménages et réduit le montant disponible pour la souscription de produits complémentaires. Le vieillissement des portefeuilles d’assurés privés provoque un effondrement de la rentabilité, et met fortement sous pression les assureurs-maladie complémentaires, qui cherchent par tous les moyens à assainir leurs produits en allégeant la charge financière qu’ils ont à assumer. Dans ce contexte, il n’est pas étonnant qu’une guerre commerciale ait éclaté. Les établissements privés ont consenti des efforts importants sur leurs prix, en comprimant leurs marges et en travaillant sur leur productivité. Mais contrairement à un marché parfait où l’offre rencontre la demande au juste prix, ce point d’équilibre est difficile à trouver dans le domaine de la santé. Pour plusieurs raisons : (1) parce que le bénéficiaire de la prestation n’est souvent pas celui qui honore la facture ; (2) parce que la consommation de soins est différée ; et (3) parce que le service est également offert par des acteurs publics lourdement subventionnés, à un prix inférieur au prix du marché.
Cette guerre commerciale a mené à l’exclusion de plusieurs établissements de l’offre d’assureurs complémentaires. Cette situation n’est ni souhaitable, ni pérenne. La santé n’est pas une « commodity », une offre de soins de qualité se construit sur le temps long.
Que mettez-vous en œuvre pour leur faire revoir leur position ?
Ce que nous souhaitons éviter par-dessus tout et en toutes circonstances, c’est que le patient soit pris en otage. C’est également notre faiblesse, certains assureurs tirant parti de notre réticence à quitter la table des négociations. Les mondes de la santé et de l’assurance ne parlent pas le même langage. Tous deux soumis à de très fortes pressions, il n’est pas surprenant que des tensions apparaissent. Les intenses discussions menées ces dernières années ont le plus souvent permis de désamorcer les situations le plus explosives. Nous devrons travailler dans les années à venir à retrouver une compréhension mutuelle du marché, et développer ensemble une vision d’avenir. C’est dans notre intérêt mutuel.
Si rien ne devait changer, avez-vous des solutions en parallèles, et si oui lesquelles ?
Le grand public tend à l’oublier, mais nos établissements ne dépendent pas entièrement du marché des assurances complémentaires. Ils offrent aujourd’hui une très large palette de prestations accessibles à tous, quelle que soit la couverture d’assurance du patient. C’est notamment le cas de l’ensemble de nos services ambulatoires, qui représentent près de la moitié de l’activité de nos membres. Nous sommes également actifs dans les domaines de la réadaptation et de la psychiatrie, qui sont épargnés par ces conflits.
Comment voyez-vous le secteur du privé dans 10 ans ?
Plus que partout ailleurs, l’offre privée a une importance systémique à Genève. Son importance continuera à croître à mesure que le système tendra vers une plus grande intégration. Le développement des réseaux de soins et de la médecine préventive constitue une formidable opportunité de collaboration avec les Hôpitaux universitaires de Genève et avec la médecine de ville. Je fais le pari que le secteur privé approfondira dans les années qui viennent ses missions dans le domaine de la formation et de la recherche médicale, tout en préservant ce qui fait son ADN, à savoir son agilité, sa capacité d’innovation et la qualité des soins prodigués au patient.
Quel est votre souhait le plus cher pour les cliniques privées ?
Qu’elles puissent continuer à offrir des soins de la plus haute qualité, en continuant à cultiver cette « orientation-client » qui fait parfois cruellement défaut dans le service public.
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