JardinSuisse Genève

Vincent Compagnon

 

Des professionnels au service de notre futur

Association patronale qui regroupe l’ensemble des métiers verts et associations professionnelles de la branche du canton, JardinSuisse Genève compte quelque 70 membres. Plus que jamais, devant le réchauffement climatique et l’importance de la végétalisation, il est important de faire appel à des professionnels détenant toutes les compétences pour entretenir, revisiter ou créer des espaces verts qui serviront au bien-être de chacun. Pour comprendre les enjeux qui entourent ces métiers en pleine mutation et connaître les dossiers qui occupent le quotidien, Bien Vivre a rencontré Vincent Compagnon, président de JardinSuisse Genève.

Pourquoi est-il nécessaire de privilégier des membres de JardinSuisse Genève quand on pense jardin ?

Tous nos membres sont des professionnels aguerris qui détiennent des compétences indispensables autant pour entretenir sainement un jardin que pour créer un nouvel espace vert. Leurs connaissances sont aujourd’hui essentielles devant un climat qui change et qui oblige à repenser tout ce qui a trait à la végétation. Pour vous donner un exemple, nous travaillons avec l’Etat de Genève qui nous sollicite pour trouver des solutions pérennes pour les plantations. En quelques mots, nous sommes les garants de la prochaine canopée. Il faut pour cela savoir de quoi l’on parle raison pour laquelle nous réfléchissons pour chaque demande autant au lieu de l’implantation qu’aux essences les mieux adaptées à l’environnement dans lequel elles prendront place. Ceci se vérifie évidemment également pour les demandes des professionnels de l’immobilier comme des particuliers.

Quel travail entoure les essences dont vous parlez ?

Pour les cultivateurs, le travail est aujourd’hui en pleine refonte et devrait aller vite, très vite. Ceci est impossible quand on sait qu’une large majorité des arbres met 20 ans à pousser. Il faut donc trouver des solutions pour le présent et anticiper le futur. C’est complexe. Tout laisse à penser que des essences des pourtours méditerranéens vont être une solution puisqu’elle supporte la chaleur mais il faut voir comment elles réagiront à nos hivers qui peuvent être rudes. Après, il y a également un côté esthétique qui est à prendre en compte. En effet, les arbres exotiques peuvent trouver leur place en ville, par contre en campagne, ils jureraient avec le paysage existant. Si vous prenez les hêtres, par exemple, qui demandent beaucoup d’eau, ils sont en voie de disparition. Pour les changer, nous pensons à des variétés orientales, plus résistantes et dont l’esthétisme est plus adapté à un environnement rustique. Tout est en phase d’essais. C’est une profonde modification qui se joue et dont l’enjeu est crucial. Il est donc là encore nécessaire d’avoir des professionnels face à soi quand on veut planter des arbres et surtout les voir durer dans le temps.

Le bio est-il d’autant plus important aujourd’hui dans vos métiers ?

Nos métiers ont souvent été décriés pour l’usage de produits nocifs. Si les choses se sont quelque peu régulées par elles-mêmes face aux interdictions d’usage de certains d’eux, il est évident que faire le choix du bio reste la meilleure solution pour l’environnement. Pour autant, elle n’est pas simple. Les plantes poussent plus lentement, les engrais sont différents, les tâches plus larges donc au final, le bio coûte plus cher. A Genève, une large majorité de nos membres actifs dans la production font toutefois le choix de ce changement. La demande est là car la prise de conscience touche un grand nombre de personnes. Les communes, par exemple, font le passage au bio. Si elles plantent de la végétation, elles doivent donc certifier que cette dernière l’est.

Concernant la formation professionnelle, des choses vont-elles changer ?

La Confédération a sollicité notre faîtière, JardinSuisse, pour revoir les formations en les simplifiant tout en gardant des connaissances et compétences qui sont nécessaires. De plus, 4 CFC étaient proposés : paysagiste, pépiniériste, horticulteur plantes en pot et horticulteur plantes vivaces. Là encore, les choses vont changer dès 2024, il n’y aura plus que 2 CFC : paysagiste et horticulteur production. Les discussions ont été vives car nous comprenions que simplifier les connaissances et le nombre de Certificats étaient nécessaires mais nous voulions quand même qu’un certain savoir reste au niveau des connaissances en matière de végétation. L’équilibre est trouvé. Ceci va assurément attirer encore plus de jeunes vers nos professions qui connaissent le plein emploi et qui sont prisées. Il faudrait qu’il y ait également un nombre croissant qui souhaite poursuivre les études car la carence en architectes paysagistes et techniciens est criante. Il en manque et la demande est vraiment au rendez-vous.

Le travail au noir est-il un fléau dans vos secteurs d’activité ?

Le gros souci du métier de paysagiste est qu’il n’est pas encadré. Demain, chacun peut acheter une tondeuse et prétendre savoir entretenir un jardin, ce qui est totalement faux ! Ceci est un premier pan de nos soucis car il n’y a aucune compétence derrière raison pour laquelle, je le répète, il est vraiment primordial si on veut un travail de qualité de faire appel à un de nos membres. De plus, cela garantit également que les employeurs respectent les critères de partenariat social posés par la convention collective. Ce n’est pas le cas chez ceux qui ne déclarent pas les salariés qu’ils envoient sur le terrain. Devant la recrudescence de travail au noir, nous avons dépêché le bureau des contrôles pour qu’ils visitent des chantiers qui ne sont pas aux normes. Les choses sont toujours longues quand la légalité n’est pas au rendez-vous mais au moins savoir que les contrôles existent peut donner matière à réflexion à ceux qui ne voudraient pas être dans les normes.

Un mot de la fin ?

Nos métiers sont difficiles, le réchauffement climatique nous donne matière à réfléchir et repenser la profession mais nous sommes tous attachés à la nature, à son entretien, à faire grandir les espaces plantés, à embellir un jardin… ce sont là quelques éléments qui expliquent l’engouement qu’ont les jeunes pour ces professions. Pour le célébrer, Genève accueillera l’an prochain, du 24 au 26 mai, un événement qui se déroule toujours dans un canton différent : le concours romand des apprentis paysagistes. Ouvert au grand public, il permettra d’illustrer tout le savoir-faire, les compétences, les connaissances et la passion qui entourent ce beau métier et d’aller à la rencontre, à l’occasion d’un grand marché aux fleurs, de producteurs et de professionnels présents pour l’occasion. Une manifestation à noter dans son agenda !

JardinSuisse Genève
Rue de Saint-Jean 98 – Case postale – CH-1211 Genève 3
Secrétaire patronale : Flore Teysseire
Tél. +41 58 715 39 65
flore.teysseire@fer-ge.chwww.jardinsuisse-geneve.ch

Photo principale: © Baumgartner Jonas SA