JardinSuisse Valais

Nicolas Bonvin

 

Les paysagistes en première ligne face au changement climatique

Regroupés depuis 1971, les paysagistes valaisans ont rejoint l’association JardinSuisse en 2013. Harmoniser les pratiques de la profession, défendre ses membres et veiller au respect des conditions de travail des salariés sont ses principales missions. Face au réchauffement climatique, les pratiques changent et, plus que jamais, faire appel à des professionnels garantit des aménagements pensés pour apporter des ressources de fraîcheur, de bien-être et favoriser ainsi un écosystème équilibré. Nous avons rencontré pour vous Nicolas Bonvin, président de JardinSuisse Valais.

Comment se porte votre profession en Valais ?

La variété de notre métier attire toujours les jeunes qui ont envie de travailler en extérieur au contact de la nature et non pas enfermés dans un bureau. Cependant, nous avons relativement du mal à les garder. En effet, plus volatils, ils n’hésitent pas à changer d’employeur ou même de filière assez rapidement. Ainsi, certains partent rejoindre les rangs des employés communaux ou bien s’engagent auprès d’ingénieurs civils qui leur offrent des conditions plus avantageuses en termes de congés ou de salaire. De plus, la formation de paysagiste est assez généraliste : les jeunes travaillent avec le bois, le métal, la maçonnerie et les végétaux. Par la suite, beaucoup se spécialisent dans un domaine plus spécifique. Le CFC constitue également un tremplin pour devenir architecte paysagiste.

Du côté des clients, dans un canton plutôt rural, il y a deux types de clientèle. D’une part, les anciens qui connaissent en général bien le jardin. Néanmoins, nous pouvons les accompagner vers des pratiques nouvelles liées au changement climatique. D’autre part, il y a des clients manquant à la fois de temps et de connaissances qui font appel à nos services, et que nous devons sensibiliser sur le fait qu’aménager un jardin n’est qu’un point de départ et que l’entretien régulier est tout aussi, sinon plus, important.

Quels sont vos objectifs pour ces 3 prochaines années ?

Durant mon mandat jusqu’en 2027, mon objectif, en collaboration avec le comité, est de réviser notre formation en impliquant de nouveaux experts, tout en renforçant la pédagogie en entreprise pour mieux accompagner l’apprentissage et fidéliser nos jeunes afin de limiter les abandons. Je souhaite également dynamiser notre association en la rendant plus attrayante, tout en poursuivant le très bon travail de mon prédécesseur, Stéphane Lattion, qui a largement contribué au rayonnement de JardinSuisse Valais. Concrètement, nous souhaitons offrir à nos membres des avantages tangibles, comme des partenariats avec des fournisseurs, des cours de perfectionnement à tarif réduit et les inciter à participer activement aux examens des apprentis.

Parlez-nous de la nouvelle formation ?

Au travers de la nouvelle Ordonnance de la révision de la formation initiale (RFI24) la partie connaissance des végétaux a été supprimée au profit de l’élaboration d’un portfolio d’espèces végétales locales que l’élève rencontre sur son lieu d’apprentissage. En effet, les connaissances exhaustives de toutes les plantes, qui incluaient aussi leurs dénominations en latin, généraient trop d’échecs lors de l’examen puisqu’il s’agissait d’une note éliminatoire. Il est apparu ainsi plus judicieux de réformer cette épreuve en la remplaçant par une pratique plus concrète et en cohérence avec le territoire où exerce le jeune.

Le Valais accueillera le prochain concours romand des paysagistes suisses ?

Tout à fait, l’Association du concours romand des apprentis paysagistes (ACRAP) se déroule tous les deux ans en Suisse romande et nous aurons le plaisir et l’honneur d’accueillir cet évènement en Valais en 2026. L’organisation de cette épreuve va grandement nous occuper et nous mettrons un point d’honneur à l’organiser afin que ce soit une belle réussite. Ce concours permet également de qualifier les meilleures apprenti(e)s de Suisse romande pour les SwissSkills, ce qui est également fort intéressant.

Quelles problématiques rencontrez-vous sur le canton ?

Nous sommes préoccupés par l’invasion du scarabée japonais. La présence du coléoptère à la livrée de cuivre vient d’être repéré dans le Haut-Valais, après avoir fait son entrée au Tessin il y a quelques années. Il représente un nouveau défi pour les paysagistes et les professionnels de l’aménagement extérieur. Se déplaçant comme un nuage de criquets, ses larves sont encore plus redoutables car invisibles et se propagent donc incognito lors de déplacements de terre ou de végétaux en pots. Ces insectes nuisibles et polyphages, identifiés dans la plaine du Rhône menacent l’agriculture locale, en s’attaquant aux cultures et en perturbant l’équilibre des écosystèmes. Dans ce contexte, JardinSuisse Valais doit non seulement accompagner les propriétaires de jardins dans la gestion de ces ravageurs, mais aussi sensibiliser ses membres à l’importance de pratiques paysagères adaptées pour limiter la propagation de cette espèce invasive. La formation continue des paysagistes, l’intégration de nouvelles pratiques écologiques et la collaboration avec les autorités locales sur des solutions durables sont des enjeux majeurs pour protéger les paysages du canton et assurer, de cette manière, la résilience des espaces verts face à ces nouvelles menaces.

Comment se porte la biodiversité aujourd’hui ?

La biodiversité n’est pas une tendance passagère, mais une démarche logique, qui s’inscrit dans une vision durable et respectueuse du vivant. Notre objectif est de renforcer cette prise de conscience et de continuer à sensibiliser nos clients à cet enjeu essentiel. Peu à peu, des actions simples, comme laisser en jachère une partie de jardin ou de terrain peuvent grandement favoriser le retour de la faune locale et encourager ainsi la croissance de végétaux bénéfiques pour cet écosystème. En effet, il ne suffit pas de privilégier des essences locales, il est également crucial de choisir celles qui résisteront aux évolutions climatiques. De plus, il est tout aussi important de lutter contre la monoculture, véritable fragilité pour l’écosystème ainsi que favoriser une diversité végétale ordonnée et cohérente. Dans un contexte économique où de nombreuses personnes limitent leurs déplacements et privilégient l’aménagement de leur extérieur, cet investissement dans un cadre naturel devient de plus en plus populaire. Nous poursuivons donc notre démarche en ce sens, convaincus d’aller dans la bonne direction.

JardinSuisse Valais
Nicolas Bonvin
Rue de la Dixence 20 – Case postale 141 – CH-1950 Sion
Tél. +41 27 327 51 24
info@jardinsuisse-valais.chwww.jardinsuisse-valais.ch