JardinSuisse Valais

Stéphane Lattion

 

Privilégier la biodiversité et les produits naturels pour l’avenir

JardinSuisse Valais est l’une des sections cantonales de JardinSuisse depuis 2013. Forte d’une cinquantaine de membres, elle défend les intérêts de la branche paysagère et valorise les savoir-faire de la profession. Elle est également pionnière dans l’entretien des espaces verts et initie les bonnes pratiques de demain, à l’image de la végétalisation des villes ou encore de l’utilisation de produits naturels pour l’entretien des plantes. Rencontre de Stéphane Lattion, président de l’association valaisanne qui nous dévoile les grandes tendances de demain.

L’association a 50 ans cette année, qu’avez-vous prévu pour célébrer cet anniversaire ?

Nous avons programmé six évènements. Une opération coup de poing a été réalisée en mars dans la ville de Sion. De la chaille (gros gravier) a été déversée au milieu d’une rue avec l’idée de montrer un avant/après. Le lendemain, des plantations ont été faites, puis le troisième jour de la prairie a été posée. Ceci pour montrer les bonnes pratiques dans l’aménagement des espaces extérieurs. Début avril, une conférence avec table ronde a été organisée autour des essences végétales de demain et de la nature en ville. Puis un mois plus tard, le premier week-end de mai, un concours européen des paysagistes a été organisé avec quatre équipes européennes et six équipes valaisannes. Celui-ci s’est déroulé à l’école d’agriculture de Châteauneuf qui fêtait ses 100 ans. Le prochain évènement à venir se déroulera en octobre pendant la Foire du Valais. L’association sera en charge de la décoration du stand et participera à la journée des paysagistes pendant laquelle une conférence sera donnée par le président de JardinSuisse, Olivier Mark. Le thème de cette intervention portera sur l’avenir des paysagistes.

Comment évolue le métier de paysagiste ?

Dans le métier de paysagiste, contrairement à de nombreuses autres branches, on trouve beaucoup d’apprentis. Le métier a toujours attiré les jeunes. On voit ce qu’on fait, le résultat est rapidement visible et c’est gratifiant. Cependant il est plus difficile garder ces jeunes après l’apprentissage. Pour cela, nous leur offrons de bonnes conditions de travail, des outils et machines permettant de diminuer la charge physique des travaux, un cadre de travail attractif et des salaires réévalués. La revalorisation du métier dans son ensemble est importante pour redonner la fierté du travail bien fait. Les apprentis peuvent devenir rapidement ouvriers, puis chefs d’équipe ou cadres dans l’entreprise.

Comment avez-vous vécu la pandémie de Covid et les récentes crises ?

Le Covid avait laissé du temps aux gens pour repenser leurs espaces verts et les paysagistes ont été très sollicités pendant cette pandémie. Cependant, les récentes crises géopolitiques et énergétiques poussent les gens à investir dans des solutions orientées vers les pompes à chaleur ou le photovoltaïque, avant les aménagements du jardin. Mais avec le réchauffement climatique, nous avons plus que jamais notre place dans les villes et villages pour les rafraîchir et baisser la température. Lausanne a par exemple prévu de planter autour de 25 000 arbres d’ici 2040 et de nombreuses villes font de même en Suisse comme à l’étranger. Les municipalités ont compris l’urgence de végétaliser et de ramener de la biodiversité dans les espaces urbains. Cependant, apporter de la végétalisation en ville nécessite des formations complémentaires car il faut faire avec les canalisations, choisir le type de terre, la gestion de la mobilité, l’arrosage, le choix des arbres résistants au réchauffement climatique et la sécheresse (chênes verts, Celtis australis, pins parasols…).

Comment se porte le paysagisme chez les particuliers ?

De plus en plus de gens font appel à nous car de moins en moins de personnes savent entretenir leur jardin comme le faisaient nos parents et arrières grands-parents. Mais ce secteur attire les convoitises et développe la concurrence avec notamment des entreprises de nettoyage qui ne sont pas ou peu formées à l’entretien des arbres et plantes. On voit parfois des erreurs grossières avec des tailles effectuées au mauvais moment et d’une mauvaise façon, ou encore l’emploi d’herbicides nocifs. Les conséquences se font sentir sur le long terme… Lorsque nous intervenons, nous pouvons distinguer les arbres et arbustes, nous savons quand et comment les tailler et comment entretenir tous les espaces verts. Nous utilisons aussi de plus en plus de produits naturels pour respecter les plantes et l’environnement en général.

Quelles sont les tendances de demain dans le paysagisme ?

La tendance principale est l’arrêt total à court terme de tous les produits chimiques. Les jardins seront beaucoup plus « nature » et intégreront un peu de mauvaises herbes, des fleurs des champs, des arbustes à fleurs… On verra de moins en moins de gazons verts impeccables qui consomment énormément d’eau. Le gazon fleuri qui ne nécessite pas d’engrais et peu d’eau, permet d’apporter de la couleur et de la variété tout en étant très résistant. Aujourd’hui 80% des gazons que nous plantons est une version fleurie. La baisse drastique des produits de traitements et engrais va amener de nouvelles pratiques et de nouveaux paysages. On ramène également autant de biodiversité possible dans les jardins, en plantant par exemple des arbustes qui produisent des baies l’hiver dont vont se nourrir les oiseaux. Tout ce qui apporte de la vie est bon pour la biodiversité et l’environnement. Nous investissons également dans des machines les plus neutres possible pour l’environnement, à l’image de machines à vapeur ou eau chaude qui éliminent les mauvaises herbes. Ceci cependant à un coût non négligeable pour les entreprises. Cette répercussion tarifaire devra être absorbée par nos clients. Ce sera le nerf de la guerre car dès que nous touchons au porte-monnaie, les ambitions des citoyens en termes d’écologie sont revues à la baisse. Nous espérons également pouvoir nous déplacer de plus en plus avec des véhicules électriques ou fonctionnant à l’hydrogène.

JardinSuisse Valais
Stéphane Lattion
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