Pierre Dessemontet

Syndic d’Yverdon-les-Bains

 

Miser sur la qualité de vie

Commune à la syndicature partagée, Yverdon-les-Bains met tout en œuvre pour le bien-être de ses concitoyens. En s’appuyant sur l’identification précise de leurs attentes, elle multiplie des intentions originales soutenues par la Confédération. Dans un autre ordre d’idée, si la découverte de vestiges d’habitats palafittiques a mis un frein à un projet immobilier permettant d’accueillir 800 nouveaux résidents, cette formidable découverte va lui permettre de capitaliser dessus et d’attirer les férus d’histoire dans la ville. Pour nous donner plus de détails sur l’actualité locale, rencontre avec Pierre Dessemontet, syndic d’Yverdon-les-Bains.

Yverdon-les-Bains a une syndicature partagée. Pourquoi ce choix et comment s’organise le travail sous cette forme ?

Lors des élections, le Parti socialiste, dont je fais partie, et les Vert·e·s étions alliés. La question de savoir comment nous nous partagerions le travail en cas de victoire électorale s’est posée de manière transparente tout au long de la campagne. Juste avant la fin du deuxième tour des élections, alors que Carmen Tanner (les Vert·e·s) et moi-même étions d’ores et déjà élus, nous nous sommes demandés comment la prochaine syndicature pourrait être organisée. L’idée avant-gardiste d’une cosyndicature a émergé à ce moment-là. Une Municipalité bicéphale reflétait également bien la répartition des sièges quasi identiques entre nos deux partis au Conseil communal. Ainsi, le taux de travail de 100% de la syndicature a été réduit à 80%, et la vice-syndicature a été valorisée grâce à un 80%, au lieu du 60% usuel. Cette organisation permet le partage des tâches (job splitting) et le renforcement du travail de l’Exécutif en tant que collège, avec une meilleure horizontalité dans la gouvernance. Dans cette optique, les services centraux, attribués habituellement au syndic, ont été partagés lors de l’attribution des dicastères : je m’occupe du Secrétariat général et des Finances, et Carmen Tanner des Ressources humaines. Alors que je représente la Ville lors des rencontres intercommunales et intercantonales, les représentations publiques sont réparties entre Carmen Tanner et moi-même. Chaque semaine, nous prenons un moment pour échanger et nous distribuer ces missions spécifiques.

Une des zones du plan directeur localisé Gare-Lac a été déclarée inconstructible suite à la découverte de vestiges palafittes préhistoriques. Quels sont les problèmes engendrés et comment allez-vous y palier ?

Dans le cadre du Plan directeur localisé Gare-Lac, la zone à l’est du Buron a été examinée par la Ville, le Canton de Vaud et la Confédération. Les résultats des analyses indiquent que ce site abrite en son sous-sol des vestiges palafittiques préhistoriques d’une grande valeur, raison pour laquelle il a été déclaré inconstructible. Cette décision a des conséquences importantes pour Yverdon-les-Bains car il était prévu d’accueillir environ 800 nouvelles habitantes et nouveaux habitants sur ce site. Heureusement, les logements planifiés à cet endroit devraient être reportés sur d’autres projets de développement urbain dans la ville et les travaux des autres plans d’affectation du Plan directeur Gare-Lac se poursuivent comme prévu. Je comprends la déception des propriétaires concernés par cette annonce. Nous avons cependant la responsabilité de protéger et conserver ces vestiges exceptionnels classés au patrimoine mondial de l’UNESCO. Par sa richesse archéologique, ce site fait office de mémoire de l’humanité ; il est donc indispensable de le préserver pour les générations futures.

Votre ville retirera-t-elle un avantage de ces vestiges ?

Ces vestiges d’habitats palafittiques représentent un patrimoine archéologique exceptionnel. Nous souhaitons le partager et le valoriser auprès de la population. En collaboration avec la Confédération et le Canton de Vaud, Yverdon-les-Bains va s’atteler à rendre visibles ces vestiges, que ce soit sur le site ou dans le Musée d’Yverdon et région. On pourrait, par exemple, imaginer un concept de réalité augmentée au-dessus du site. La stratégie de valorisation est en cours d’élaboration avec l’ensemble des institutions concernées.

En matière d’urbanisme, de nouveaux projets sont-ils à l’étude ?

Pour offrir un espace de vie apprécié par toute sa population, la Ville agit à large échelle en requalifiant par exemple les cours d’école, les places de jeux et les espaces publics. Le projet le plus innovant en la matière est indéniablement « un espace public à 5 minutes de chaque Yverdonnois·e ». Son objectif est d’offrir des zones de repos et de loisirs agréables et accueillantes, accessibles à pied en 5 minutes depuis les domiciles ou les lieux de travail de la population.

En 2022, une démarche participative menée dans les quartiers a permis de mieux cerner les usages des espaces publics et d’identifier les attentes des habitantes et habitants. Ces données ont orienté la réalisation d’aménagements ciblés dans les quartiers des Cygnes et des Moulins ainsi que l’élaboration de deux études d’aménagements pilotes. Cette année, la Municipalité dévoilera le plan directeur des espaces publics et soumettra des demandes de crédits afin de poursuivre les réalisations. La Municipalité est particulièrement fière de ce projet qui bénéficie par ailleurs d’un soutien de la Confédération pour son caractère original. Nous nous réjouissons de voir la population profiter de ces espaces de proximité pour se rencontrer, apprécier la nature, pratiquer une activité physique ou participer à des événements socio-culturels.

Quel est le dossier qui vous accapare le plus aujourd’hui ?

Sans conteste la politique de l’accueil de jour. Soutenir la conciliation entre vie privée et vie professionnelle des familles est une mission capitale, au centre de notre programme de législature, et ce n’est pas une sinécure dans une commune qui n’est pas riche ! Nous avons toutefois opté pour une politique ambitieuse, basée sur trois piliers : quantité, qualité et accessibilité financière. Concernant l’accueil préscolaire, on ambitionne d’ici à 2030 de doubler la capacité d’accueil du réseau afin de couvrir totalement le besoin de garde sur sol yverdonnois. En chiffres, cela correspond à 234 places d’accueil en plus d’ici à 2030. Pour le parascolaire, le plan de développement, avec 147 places de plus, est en cours de réalisation et devrait même être largement dépassé. Mais il ne s’agit pas seulement d’augmenter les places : la Ville attache une grande importance à la qualité de cet accueil. D’une part pour les familles, mais également parce que ces espaces constituent un vecteur important de socialisation et d’apprentissage, en complément des cercles familial et scolaire. Un nouveau concept d’accompagnement pédagogique sera prochainement mis en place pour les restaurants scolaires, et un poste innovant de coordinatrice qualité a été créé pour assurer le suivi auprès des structures d’accueil préscolaire. Enfin, l’accessibilité financière est aussi une priorité. C’est pourquoi la Municipalité a diminué le coût de l’accueil pour les familles à bas revenu et pour les familles avec plusieurs enfants accueillis dans le réseau d’accueil de jour, y compris pour les familles plus aisées.

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Photo principale: © Ville d’Yverdon-les-Bains / Zoé Jobin
Petite photo: © Sarah Carp