Jean-Kley Tullii

NECO – Service de l’économie du canton de Neuchâtel

 

Neuchâtel, un canton pionnier, producteur de richesses et d’innovations !

La région de Neuchâtel est reconnue comme la capitale horlogère de la Suisse. Désormais, le canton compte aussi comme lieu phare de l’innovation, que ce soit en matière de blockchain et de cryptomonnaie ou grâce à sa forte expertise industrielle dont s’inspirent de nombreux pays. Nous sommes allés à la rencontre de Jean-Kley Tullii, l’actuel chef du Service de l’économie du canton de Neuchâtel (NECO) qui après cinq ans au service du tissu économique quittera ses fonctions en fin d’année. Pour Bien Vivre, il détaille les enjeux et perspectives de la région.

A l’échelle suisse, le canton de Neuchâtel ne représente que 2% de la population du pays, mais génère 45% de l’excédent de la balance commerciale suisse. Une autre particularité du canton est que presque 1 franc sur 2 est issu du secteur secondaire. Ainsi, Neuchâtel est particulièrement manufacturier, que ce soit dans les Montagnes neuchâteloises, entre La Chaux-de-Fonds et Le Locle, dans les vallées latérales, mais aussi sur le Littoral.
Dans ce contexte, pour le canton, «il s’agit de réfléchir à sa compétitivité, explique Jean-Kley Tullii, et encore plus important: de se concentrer sur la disponibilité et l’adéquation des compétences. Quelle est la propension à innover chez nous?»

«Profiter du vent, sans vouloir le contrer»

Un point important sur lequel Neuchâtel doit se pencher est le domaine foncier. Entre lac et montagnes, avec peu de terrain disponible, le territoire doit être repensé. «Il faut s’assurer d’être en adéquation avec les demandes actuelles, d’un point de vue foncier et immobilier.»
La période particulière dans laquelle nous évoluons pousse aussi à réfléchir et à se réinventer. «Le contexte mène à des évolutions d’habitudes, comme par exemple des relocalisations. Sans aller jusqu’à dire que la situation géopolitique est une opportunité pour nous, elle pousse toutefois à se réinventer, à développer encore plus intensément certains domaines, comme le pôle photovoltaïque cantonal pour contrer la possible pénurie d’électricité.» A ce titre, le canton réfléchit à la manière dont il peut amener sa contribution pour accélérer les processus d’innovation.
Mais malgré le rythme mondial encore incertain en lien avec la pandémie et la guerre en Ukraine, le redémarrage des activités dans le canton a été particulièrement rapide, ce qui n’a pas manqué de surprendre le chef du Service de l’économie. «On ne s’attendait pas à une reprise si soudaine et d’une telle ampleur. Les entreprises ont dû s’y adapter, avec notamment un manque de main d’œuvre et de matières premières parfois.»
La conjoncture actuelle pousse aussi à de nouvelles préoccupations. «Les entreprises doivent réfléchir à des choses auxquelles elles ne pensaient pas devoir s’occuper. Des évidences et des acquis tels que le prix de l’énergie deviennent le centre de préoccupations alors que cela ne constitue pas le cœur de leur métier.»

Savoir profiter des effets de la reprise

Un enjeu de l’époque consiste à savoir accompagner au mieux l’évolution des habitudes. «Nous assistons à une accélération généralisée, que ce soit en matière numérique, de développement durable mais aussi d’économie présentielle/de proximité.» Dans un tel contexte, capter des richesses localement est un vrai défi.
Et comment limiter le chômage? Neuchâtel par le passé a déjà su tirer son épingle du jeu. Avec un taux de chômage à 2,7% en juin 2022 – le plus bas que le canton ait connu depuis vingt ans (il y a 6 ans, le taux était à plus de 6%) – la baisse a été plus forte qu’ailleurs. «Nous avons su profiter, capter les effets de la reprise» analyse Jean-Kley Tullii.
Concrètement: «Nous avons entretenu un dialogue permanent entre les entreprises et les services cantonaux, et l’activité industrielle s’est maintenue. Afin de permettre la conservation des emplois et des savoir-faire, le canton a beaucoup fait appel à l’outil des RHT, plus qu’ailleurs en raison de la structure de son tissu économique.
Le canton mène aussi des actions très spécifiques pour stimuler la reprise et en profiter, notamment en mettant en place des outils d’accompagnement, en collaboration étroite avec les associations faîtières.

Canton attractif et à l’avant-garde

En matière de collaboration, «Neuchâtel peut bénéficier d’échanges avec des écosystèmes complémentaires au nôtre». C’est par exemple le cas de l’association Swiss Medtech qui représente près de 700 entreprises de technologie médicale en Suisse. «Notre canton attire une partie des centres de recherche ou des métiers d’avenir.» A ce titre, Neuchâtel a rejoint l’initiative nationale Switzerland Innovation qui a pour objectif de promouvoir l’image technologique de la Suisse, «au-delà du Cervin et du chocolat» plaisante le chef de NECO.
Neuchâtel d’ailleurs se positionne clairement comme un terrain fertile en matière de blockchain. Le canton a bâti un réseau reconnu à l’étranger avec l’assentiment des autorités locales. «Nous y voyons une opportunité de marché, de collaboration avec nos industries locales, que cela soit en matière de transactions facilitées que de protection de la propriété intellectuelle.»
A l’avant-garde des technologies de demain, Neuchâtel n’en reste donc pas moins fidèle à son ADN industriel, et fait même profiter d’autres pays de son expertise en la matière. «On peut observer un programme de réindustrialisation progressive aux Etats-Unis, visant 15-20% du PIB. Neuchâtel fait figure de modèle inspirant.»
Continuer à faire fructifier l’expertise d’hier, tout en sachant accueillir les technologies de demain, la recette du succès neuchâtelois?

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