Jean-Pierre Doutaz

Syndic de Gruyères

 

Gruyères, une commune tournée vers ses habitants

Berceau du fromage éponyme et entourée de paysages à couper le souffle, Gruyères attire de nombreux touristes. Grâce à sa politique locale et à l’implication de son syndic depuis 17 ans, elle séduit aussi les entreprises et les habitants qui viennent profiter d’un cadre de vie exceptionnel. Pour satisfaire davantage ses quelques 2350 habitants, la ville composée des villages de Pringy, Epagny et Moléson-sur-Gruyères entreprend de nombreux chantiers. Bien Vivre a rencontré Jean-Pierre Doutaz, son syndic, pour discuter de ceux en cours.

A quoi ressemble le tissu économique dans votre commune ?

Nous avons un peu plus de 1000 places de travail existantes réparties sur différents secteurs : le primaire représente 5% avec une majorité destinée à l’agriculture et à l’agroalimentaire, 50% pour le secondaire et 45% pour le tertiaire principalement dans le tourisme. C’est cette large palette de métiers qui rend la commune dynamique. Ces 10 dernières années, la zone d’activité d’Epagny est passée de 150 à 350 emplois et dispose aujourd’hui d’une zone d’activité d’importance régionale. Les entreprises sont séduites par l’environnement, le nom de Gruyères qui a une renommée internationale, et la zone d’activité à proximité de la H189 et de l’autoroute A12.

Quelles mutations sont en cours et à venir dans la commune ?

Le site de Pringy est animé par plusieurs chantiers autour de la nouvelle gare de Gruyères dont la stratégie est de créer un hub de mobilité, de favoriser la mobilité publique. Des cadences des trains vers Bulle-Palézieux-Lausanne toutes les 30 minutes ! Des bus reliant les principaux sites d’importances touristiques de la Gruyères. Ainsi, la Maison du Gruyère, qui a attiré 155 000 visiteurs en 2022, accueillera une nouvelle fromagerie avec une muséographie, un restaurant, une boutique et un bâtiment administratif. Nous espérons que ces travaux puissent commencer cette année. En parallèle, un EMS de 80 lits devrait voir le jour en 2027 ou 2028. D’importance régionale, il proposera une antenne de soins et de repas à domicile et remplacera le home existant qui se situe à Gruyères, qui n’est plus aux normes et qui contient 36 lits. A côté sera également construit un nouveau bâtiment administratif communal. Vers la cité médiévale de Gruyères il est prévu aussi d’aménager un parking pour faciliter l’accueil et la venue des hôtes mais le projet est bloqué depuis six ans dans les méandres de l’administration cantonale. Nous espérons que cette situation se décantera en 2023 ! Un autre chantier important est en cours à l’aérodrome. Cette année signant la fin de son bail d’exploitation, il devrait pouvoir être renouvelé car il est très important pour l’économie locale. Il accueille 15 à 16 000 mouvements par année et est utilisé par Swiss Helicopter comme base romande pour des travaux forestiers, de sauvetage, ou travaux agricoles en montagne notamment. L’aérodrome est en train de se doter d’une flotte d’avions électriques moins polluants et moins bruyants. Du côté de Moléson-sur-Gruyères enfin, cette année, nous engageons le remplacement d’un téléski qui date des années 1960, planifié depuis plus de 8 ans, par un télésiège débrayable de six places qui devrait être opérationnel en 2024. L’ouverture d’une nouvelle piste de ski et de trois pistes dédiées au VTT de descente sont d’autres projets pour 2023.

Le bien-être des Gruériens est l’ambition de votre législature. Comment le leur assurez-vous ?

Tous ces projets dont nous avons discuté ont pour objectif d’offrir et d’éviter aux habitants d’avoir à se déplacer en dehors de la commune. Avec le Conseil communal je fais tout pour que la population se sente bien à Gruyères et qu’elle dispose d’une offre d’activités multiple. Cela passe notamment par l’accompagnement de la métamorphose de la commune avec le projet du centre de Pringy en particulier et le développement de la station de Moléson. Dans ce sens, notre critère d’intégration au paysage des nouveaux projets de construction vise à respecter l’identité Gruyérienne, c’est-à-dire les paysages avec ses alpages, les maisons sobres construites avec des matériaux locaux, les constructions avec deux ou quatre pans et la vie agréable au centre des villages. Gruyères est passée de 1600 à 2300 habitants entre 2000 et 2015 et sa population tend à stagner depuis 2018. Le désir collectif est de rester autour de 2500 habitants maximum plutôt que de continuer à grossir, l’objectif étant de conserver l’excellente qualité de vie dont nous profitons actuellement. Ici, on se salue dans la rue et on a des rapports amicaux entre voisins ! C’est donc vers cette qualité de vie que nous souhaitons aussi limiter la pendularité en favorisant l’emploi à proximité. La commune a ainsi déplacé et transformé quelques zones d’habitations en en zones d’activités. De quoi permettre de créer 300 à 400 nouveaux emplois et d’attirer de nouvelles sociétés ou de déménager des entreprises installées au centre d’Epagny en particulier pour revaloriser le centre du village. Accroître la sécurité des riverains, diminuer le trafic pendulaire ou encore déporter le passage des poids lourds et des collaborateurs vers les zones d’activité situées à l’extérieur des centres villageois est une volonté.

L’écologie n’est pas un nouveau sujet dans votre commune. Pouvez-vous nous présenter ce qui a été fait ?

Nous éteignons l’éclairage public depuis plus de treize ans déjà et avons remplacé 90% des sources lumineuses par des LED. Nous n’avons pas attendu les risques de pénurie d’énergie que nous avons risqué cet hiver ! Des chauffages à carburant fossile ont été remplacés par des chauffages bois, CAD, pour les bâtiments communaux et certains immeubles privés. Nous avons équipé plusieurs toitures de panneaux solaires. L’isolation a été améliorée en installant du triple vitrage sur les fenêtres de bâtiments communaux et nous venons d’acquérir un véhicule électrique pour l’édilité et le service e police communal. Nous avons créé une commission dédiée à l’environnement et la durabilité pour la commune en 2021.

L’activité touristique de Gruyères a changé pendant la pandémie. Comment se porte le secteur aujourd’hui et que faites-vous pour l’encourager ?

Les touristes qui ont découvert Gruyères pendant la pandémie n’étaient pas les mêmes, 90 à 95% étaient des Suisses alors qu’avant ils n’étaient que 65% contre 35% d’étrangers. L’activité touristique est bien remontée en 2022 ce qui est réjouissant et cette année nous espérons retrouver les niveaux d’affluence de 2018-2019 ! Nous pouvons nous permettre d’être aussi optimistes car cela fait 30 ans que nous développons le tourisme doux quatre saisons : culture, patrimoine, loisirs, gastronomie, dans des paysages magnifiques, et de plus avec les remontées mécaniques, le bob luge, le minigolf, la via ferrata, le ski, le VTT, etc., nous avons maintes activités pour attirer les publics toute l’année. L’intégration de la station et du domaine skiable de Moléson au Magic Pass est un vrai plus ! Le sport et les loisirs peuvent y être pratiqué en famille. Du côté de l’offre touristique, nous avons deux pôles reconnus depuis le dernier plan directeur cantonal : la Cité médiévale de Gruyères et le site de Moléson. C’est sur ce dernier que sont faits beaucoup d’investissements touristiques, sans oublier la Maison du Gruyère à Pringy.

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