Joël Dicker

Ecrire? comme une évidence!

 

Genevois d’origine, ville où il vit toujours, Joël Dicker est un écrivain au succès mondial. Ses 6 premiers romans, traduits en 40 langues, se sont vendus à plus de 15 millions d’exemplaires. L’arrivée de son dernier opus, « Un animal sauvage », renforce encore l’admiration que lui portent des lectrices et lecteurs aussi férus qu’avides de ses œuvres. Pour mieux le connaître, rencontre avec un auteur au destin hors du commun.

En quelques mots, comment démarre votre vie ?

Dès mon plus jeune âge, j’aime que l’on me raconte des histoires. Par la suite, lire est plus qu’un passe-temps, c’est une passion jusqu’à ce que je me mette à écrire mes propres lignes. Ce n’est en rien anecdotique ou sporadique, au contraire tout ceci fait déjà partie intégrante de mon existence. Pour autant, arrivé le moment de regarder vers demain, je me suis orienté vers le droit où j’ai obtenu un master.

Comment êtes-vous venu à l’écriture puis à l’édition ?

Ecrire est dans mon ADN, comme une évidence. A l’obtention de mon diplôme de droit, j’ai compris que ce n’était pas dans ce domaine que je m’épanouirai. J’ai donc décidé de me consacrer pleinement à mon premier amour. J’ai alors écrit plusieurs romans, tous refusés par des éditeurs, jusqu’au jour où le destin a mis sur mon chemin, Bernard de Fallois, qui allait changer ma vie. Il a non seulement accepté de publier mes textes, mais il les a portés, il est devenu l’artisan de leur succès, et m’a surtout appris les ficelles du métier d’éditeur. A son décès, j’ai décidé de me lancer, d’ouvrir ma propre maison, Rosie & Wolfe, pour poursuivre le chemin tracé ensemble et promouvoir ce qui me tient tant à cœur : faire lire et écrire.

Avez-vous une « recette » pour écrire un livre ?

Pour « Les derniers jours de nos pères », comme tous les suivants, rien ne s’est forgé sur un coup d’éclair. Chacun de mes livres part d’une première idée qui en amène d’autres. Je démarre toujours mon travail sur une base que l’on pourrait appeler des fondations. Au fil des minutes, des heures, des jours, je fais grandir la construction. Je la façonne, je gomme, je recommence, j’affine la trame, l’histoire, l’intrigue. Je peux annuler complètement ce que j’ai rédigé la veille en reprenant le travail le lendemain. Pour moi, c’est normal, c’est même bon signe, cela veut dire que je suis pleinement dedans et que je ne dois pas m’arrêter là mais au contraire aller plus loin. Evidemment, il y a un moment où l’histoire arrive à sa fin. Quand je vois que les corrections ne servent plus à changer quoi que ce soit et qu’elles ramènent à la base, alors le livre est achevé. Il n’existe pas de recette mais des choses incontournables qu’il est bon de savoir si l’on souhaite se mettre à l’écriture. Je donne des pistes sur le site de ma maison d’édition, avis aux amateurs.

Ecrivez-vous dans des conditions spéciales ?

J’aime démarrer tôt la journée. Elles se ressemblent toutes puisque je commence par mettre de la musique puis je me concentre et me focalise totalement sur mes pages. Ecrire avec un fond sonore est assez paradoxal car je trouve difficile voire impossible de rédiger sur ce sujet et de le traduire avec des mots, pourtant il m’est important. Pour en revenir à mon quotidien, je ne me mets pas de timing. C’est l’écriture qui dicte le temps puis les obligations de la vie qui m’amènent à faire des pauses.

Comment vivez-vous le succès ?

Je le vis bien, voire très bien ! Depuis 10 ans, j’ai toujours le même plaisir à me retrouver chez des libraires et y rencontrer mes lectrices et lecteurs. Je trouve cela touchant et un peu fou qu’ils soient toujours au rendez-vous et aussi bienveillants à mon égard. J’ai la chance de vivre des vrais moments de partage qui peuvent conduire certaines personnes à s’ouvrir, à me faire des confidences. C’est un lien particulier qui s’est forgé au fil des années. De plus, mon succès est doux, à comprendre que je suis incapable de vous donner un souvenir de moment difficile. Je n’en vis pas. Je le répète, c’est exceptionnel et un vrai bonheur pour moi.

Et demain ?

Des projets, et écrire bien sûr !

Quelques mots sur «Un animal sauvage», paru en février dernier, un polar doublé d’un thriller psychologique. Suspense haletant au rendez-vous!

2 juillet 2022, deux malfaiteurs sont sur le point de dévaliser une grande bijouterie de Genève. Mais ce braquage est loin d’être un banal fait divers… Vingt jours plus tôt, dans une banlieue cossue des rives du lac Léman, Sophie Braun s’apprête à fêter ses quarante ans. La vie lui sourit. Elle habite avec sa famille dans une magnifique villa bordée par la forêt. Mais son monde idyllique commence à vaciller. Son mari est empêtré dans ses petits arrangements. Son voisin, un policier pourtant réputé irréprochable, est fasciné par elle jusqu’à l’obsession et l’épie dans sa vie la plus intime. Et un mystérieux rôdeur lui offre, le jour de son anniversaire, un cadeau qui va la bouleverser.

Il faudra de nombreux allers-retours dans le passé, loin de Genève, pour remonter à l’origine de cette intrigue diabolique dont personne ne sortira indemne. Pas même le lecteur.

Du tac au tac

1 auteur ou autrice : Romain Gary
1 plat : des spaghettis caccio & pepe
1 dessert : une forêt-noire de chez Castrischer à Genève
1 genre musical : le jazz
1 heure de la journée : aux aurores
1 sport : la course à pied
1 coin de Suisse : les Grisons
Votre plus grande qualité : la sincérité
Votre pire défaut : l’impatience.

 

Photo principale: © Anoush Abrar
Petite photo: © Marine Mossot