La Maison d’Orphée et la Maison Collonges

Des lieux de vie à l’esprit ouvert

 

L’une est en pleine ville, l’autre dans un quartier calme. La première accueille 25 pensionnaires, l’autre en héberge 15. Bien plus que des foyers, les deux établissements psychosociaux médicalisés (EPSM) lausannois sont des lieux de vie et de soins où l’espoir est permis.

La Maison d’Orphée et la Maison Collonges sont deux structures reconnues d’utilité publique membres de la filière cantonale psychiatrique, qui définit des missions différentes selon la population hébergée et les prestations offertes. L’équipe multidisciplinaire y accueille des personnes entre 18 et 65 ans présentant des troubles de tout type. Les résidents communiquent entre eux, au rythme des nombreuses activités organisées par les uns ou les autres. Cette attention de chaque instant est le fruit de l’approche humaniste axée « rétablissement » portée par la directrice Josiane Noël et son équipe.

Maintenir les acquis et viser la réhabilitation

La filière cantonale regroupe les lieux d’hébergement psychiatrique et promeut le modèle du rétablissement comme concept de référence, avec une répartition des établissements en fonction des personnes accueillies. La Maison d’Orphée et la Maison Collonges, sous forme juridique de SA, offrent un accompagnement orienté vers le maintien des acquis et la réhabilitation psycho-sociale.

La Maison d’Orphée se situe dans une rue calme en plein cœur de Lausanne. Cette situation en plein centre fait palpiter l’EPSM au rythme de la vie du quartier proche de la Riponne, ce qui induit aussi parfois une collaboration étroite avec les forces de l’ordre dans l’intérêt et pour la protection de certains résidents. Cet ancien bâtiment de 3 étages a un long passé d’hébergement et s’est adapté naturellement à l’évolution de l’accompagnement psychiatrique.

La Maison Collonges, quant à elle, est une ancienne maison de maître dans un quartier arboré qui abritait jusqu’en 2015 un home non médicalisé pour les aînés ayant des troubles psychiatriques. Avec son grand jardin, cette charmante bâtisse permet aux équipes soignantes d’accompagner des personnes adultes dans un cadre apaisant aux nombreuses possibilités d’activités.

A la Maison d’Orphée et la Maison Collonges, la mission de l’équipe est claire : permettre aux personnes expérimentant des troubles psychiatriques graves de vivre en sécurité dans un lieu convivial voué à l’amélioration de la santé.

Réhabilitation en psychiatrie: prendre sa vie en mains

Josiane Noël et son équipe s’attachent à maintenir les acquis des résidents et, surtout, à projeter avec eux leur rétablissement. Le cheminement de l’usager, qui passe par l’acceptation de son trouble et sa motivation à s’engager dans les changements nécessaires, lui permet de retrouver l’espoir d’une vie riche et pleine, malgré la maladie.

Le mouvement du « rétablissement » est né aux Etats-Unis dans les années 90, lorsque certains usagers des services psychiatriques n’ont plus voulu être enfermés dans un diagnostic, sans aucune perspective de guérison, voués à une vie de discrimination. Ils sont donc partis en quête de soins leur permettant d’apprendre à vivre avec la maladie et même de s’en rétablir. Leur cause a été soutenue par des chercheurs et cliniciens progressistes. D’après le Dr Jed Boardman, la réhabilitation implique 3 facteurs : espérer, prendre sa vie en charge, avoir la possibilité de participer et de contribuer à la société.

Josiane Noël adhère à ce mouvement qui se marie bien à son approche humaniste de la psychiatrie. Le postulat de base dit que chaque personne sait ce qui est le mieux pour elle. Cela induit de ne pas faire à la place des gens. « Nous apprenons à nous mettre en retrait du rôle de soignants traditionnels, d’intégrer des approches plus douces, plus créatives ». Des méthodes complémentaires sont proposées aux usagers, favorisant leur équilibre corps-esprit. « L’approche du rétablissement demande énormément d’humilité comme soignant, une remise en question de l’ordre établi. Nous mettons notre expertise de côté pour laisser au résident le rôle principal de sa vie. Et nous remettons la blouse en cas de crise », explique Romain, un infirmier formé à cette approche. L’évolution du concept inclut la formation de pairs aidants, d’anciens patients rétablis qui ont réintégré la société.

Entre loisirs et projet de vie

L’un des paramètres de la réhabilitation est de prendre des risques calculés, à contrecourant d’une société frileuse quand il s’agit de responsabilités. Projet ambitieux, les résidents sont partis en vacances au Maroc, en avion. Dans le souk, ils pouvaient se mêler à la foule et devenir des touristes comme les autres. Lorsque ce type d’expérience est une réussite, l’émotion est palpable.

Lors des réunions de maison, les résidents proposent des activités à réaliser dans leur communauté. Ainsi, un atelier « Cuisines du monde » a été créé. « Les résidents proposent un menu, ils font les courses, préparent le repas et le dégustent… sans nous ! », sourit Josiane Noël. De nombreuses animations sont organisées pour pallier la désocialisation et la stigmatisation des personnes vivant des troubles psychiatriques.

Redéfinir le sens de sa vie, avoir des rêves, et même un projet de réhabilitation de sa propre existence, transforme les patients résignés en personnes en voie d’autonomisation. « C’est une dynamique de co-construction que nous instaurons avec le résident et son entourage. » Un exercice de confiance mutuelle entre soignants et soignés.

Redonner l’autodétermination et l’espoir d’une vie épanouie aux usagers d’un système psychiatrique, parfois extrêmement lourd et pas très humain, serait-il l’avenir d’une société inclusive ? Intégrer chacun dans une nouvelle normalité, avec ses différences et difficultés, serait-il la promesse de la société de demain ?

La Maison Collonges
Avenue de Collonges 8 – CH-1004 Lausanne
Tél. +41 21 646 07 30 – Fax +41 21 646 07 21
info@maison-collonges.ch

La Maison d’Orphée
Rue Pré-du-Marché 46 – CH-1004 Lausanne
Tél. +41 21 647 13 77 – Fax +41 21 647 25 77