Marc-André Berclaz

EPFL Valais-Wallis

 

« L’EPFL contribue à propulser le Valais dans le XXIe siècle »

Passionné et passionnant, Marc-André Berclaz, directeur opérationnel du pôle EPFL, a mené l’installation de ce Campus hors du commun à Sion qui, déjà actif dans plusieurs domaines de hautes compétences, va encore se diversifier avec l’arrivée d’ALPOLE, pôle de recherche sur l’environnement alpin et polaire. Dans le même temps, des expériences menées depuis les premières heures, par des scientifiques venus du monde entier, se matérialisent. Pour mieux comprendre l’importance d’un tel regroupement de savoirs, Bien Vivre a questionné Marc-André Berclaz.

Le Valais et l’EPFL, un projet gagnant-gagnant?

Si nous parlons de finances, les choses sont bien différentes de ce qu’elles étaient au démarrage du projet. Initialement, le canton devait investir annuellement 45% pour que le site puisse vivre, les autres 55% étaient pris en charge directement par l’EPFL. Après 5 ans d’exploitation, les chiffres ont évolué. En effet, notre Campus en assume dorénavant environ 70%. Ce changement est la preuve de la place d’importance qu’il a su prendre en peu de temps grâce à la qualité de ses chercheurs et de leurs travaux. Aujourd’hui, nous en accueillons plus de 220 dont 160 qui sont venus s’installer en Valais. A horizon 2025, ils seront environ 400 donc autant de personnes qui contribuent à l’économie locale. Grâce à cette situation, tout le monde s’y retrouve car d’une part l’EPFL est installée dans des conditions optimales et d’autre part le canton est gagnant autant au point de vue de son image que des finances.

Quel bilan tirez-vous de ses 5 années?

Je suis très satisfait de la manière étonnante dont l’ensemble des acteurs de ce projet a joué le jeu. Tout a été vite et c’est en partie pour cette raison que des chercheurs reconnus ont eu envie de venir s’installer à Sion. Notre structure étant très souple, elle leur a également permis d’adapter les laboratoires à leurs exigences et leurs attentes, un autre atout. Ce monde de scientifiques aime que les choses se fassent rapidement et ne pas devoir attendre trop longtemps pour s’installer. L’EPFL leur a donné cette opportunité, ils ont su la saisir autant pour ceux qui emménageaient dans un espace à créer que ceux qui arrivaient avec leur propre laboratoire. Ceci nous vaut d’être au-delà de nos espérances puisque nous comptons plus de 220 collaborateurs à ce jour là où nous en avions escompté 150 et ceci ne va pas s’arrêter puisqu’avec l’arrivée d’Alpole, le chiffre s’élèvera à 400 d’ici quatre ans. Tout ceci me permet d’être optimiste et déjà satisfait de l’étendue des choses accomplies en seulement 5 années.

Est-ce que l’EPFL change l’image du canton?

Indéniablement ! Sans vouloir être dans l’image de carte postale, nous sommes bien loin de la raclette-Fendant qui symbolise trop souvent le Valais. L’arrivée de l’EPFL a contribué à propulser le canton dans le XXIe siècle, de plus cette implantation est un formidable moyen de valoriser tout ce qui existait déjà et était reconnu. Avec les partenariats qui nous unissent à la HES-SO et à des instituts de recherche, nous renforçons cette notoriété et faisons du Valais, une place innovante où la technologie est à la pointe. De plus, tout est cohérent puisque nos chercheurs travaillent autour de thèmes, l’énergie, la chimie, la santé et bientôt l’environnement alpin et polaire, qui sont liés au Valais.

Pouvez-vous nous présenter ALPOLE qui va prochainement s’installer à Sion?

ALPOLE, pôle de recherche sur l’environnement alpin et polaire, va s’installer dans un bâtiment qui lui sera entièrement dédié. Partie intégrante de l’ENAC (Faculté de l’environnement naturel, architectural et construit) par l’Institut d’Ingénierie de l’Environnement (IIE), il accueillera huit nouvelles chaires regroupant l’excellence dans les domaines de recherche et d’enseignement. La création de l’ALPOLE reconnaît la pertinence mondiale des changements qui se produisent dans les environnements de haute altitude et de haute latitude, sentinelles du changement climatique. Les effets en cascade vont au-delà des aspects liés à la nature jusqu’aux environnements construits, comme par exemple l’agriculture, le tourisme, la planification des infrastructures et la gestion des paysages. Un défi majeur est, et sera, la compréhension et la prévision des impacts induits par le climat sur l’environnement, ainsi que les adaptations à ces impacts. ALPOLE sera composé de cinq chaires de base qui couvriront les échelles spatiales et temporelles pertinentes pour comprendre les conditions environnementales changeantes et leurs effets : environnements extrêmes axés sur les systèmes glaciers alpins et polaires ; sciences et ingénierie computationnelles de l’environnement ; sciences intégrées des bassins versants ; adaptation environnementale et laboratoire de recherche sur les biofilms et les écosystèmes fluviaux. A ce jour, nous attendons l’arrivée de Julia Schmale qui est spécialisée dans le domaine polaire et qui mène de nombreuses expéditions dans les pôles pour mieux appréhender leur étude. Tom Battin va également nous rejoindre et travailler, entre autres, sur un phénomène peu connu, l’émission de CO2 par les rivières de montagne. Toutes ces recherches auront pour but de comprendre l’origine des choses et de trouver des solutions ou adapter l’existant pour endiguer les problèmes. Avec ALPOLE, nous aimerions donner une place à la Suisse dans la diplomatie polaire. Vous l’aurez compris, l’EPFL est active sur de nombreux fronts et entend bien faire avancer les sciences par les recherches menées mais également par le partage de connaissances de tous nos chercheurs. De tout ceci va naître une énergie qui verra arriver de nouvelles sociétés, de nouveaux talents, des brevets… autant d’atouts qui feront du Valais une des places incontournables en matière d’innovations.