Nathalie Fontanet

DF – Département des finances, des ressources humaines et des relations extérieures

 

Un quotidien qui rime avec projets d’envergure

Pondérer l’imposition des personnes physiques et morales, offrir à chacune et à chacun un quotidien exempt de toute discrimination, lutter encore plus efficacement contre les violences domestiques : voilà un aperçu des défis auxquels Nathalie Fontanet s’emploie à répondre. La ministre en charge des finances, des ressources humaines et des affaires extérieures affiche sa détermination pour que Genève reste un canton attractif et où il fait bon vivre. Rencontre avec une conseillère d’Etat sur tous les fronts.

L’agence Standard & Poor’s (S&P), la plus influente au monde, a relevé la notation financière du canton à AA, en juin dernier, à un niveau jamais atteint. Comment cela s’explique-t-il et est-ce que cela peut apporter des bénéfices supplémentaires à Genève en matière d’image et/ou de finances?

La demande de notation auprès de S&P a été faite, il y a 23 ans, par le canton. Non obligatoire, elle exprime la volonté des autorités d’être transparentes, car rien n’est laissé de côté par cette agence. Tout au long de l’année, ses spécialistes analysent scrupuleusement les documents que nous fournissons. Ils et elles se déplacent notamment une journée en novembre, en ma présence, pour une réunion au cours de laquelle ils souhaitent entendre le pouvoir politique. La notation du canton intervient au terme de ce long processus.

La nouvelle note attribuée en juin dernier a été une très grande satisfaction. Son évolution positive, qui a une influence sur la capacité du canton à se financer, s’explique par la résilience de notre tissu économique et par les revenus supplémentaires enregistrés, lesquels se sont traduits par des comptes positifs. Elle témoigne de la solidité financière de Genève et met en lumière sa bonne gestion des deniers publics. Il faut maintenant espérer maintenir cette évaluation à l’avenir ou, mieux encore, l’améliorer.

Les discriminations en raison des origines ethniques, d’identité de genre, de croyance et nombre d’autres vont toujours crescendo. Comment le canton lutte-t-il contre ceci?

Un canton comme le nôtre, historiquement liés aux droits humains, entend poursuivre son engagement afin que chaque individu dispose des mêmes droits. Le Conseil d’Etat a ainsi déposé un projet de loi dans ce sens, il y a 2 ans, pour la promotion de l’égalité et contre les discriminations de genre. Les députés et les députées ont toutefois souhaiter aller plus loin et combattre les discriminations dans leur ensemble. Le Grand Conseil a par conséquent adopté deux projets de loi en la matière : l’un de portée générale et l’autre spécifique sur l’égalité et contre les discriminations liées au genre. D’autres projets de loi spécifiques pourront être déposés au cours de la législature. Toutes les parties constitutives de notre démocratie travaillent activement et conjointement à ce que personne ne subisse de discriminations dans notre canton.

En chiffres, qu’est-ce que la Genève internationale et quels sont ses principaux atouts?

Notre canton accueille 38 organisations internationales et 432 organisations non gouvernementales. 179 Etats y sont représentés par une mission permanente. La Genève internationale, dont font partie les nombreuses multinationales, recense quelque 36 000 emplois. L’ensemble de cet écosystème est intimement lié à notre aéroport et à notre sécurité. Les interactions qui en découlent ont une portée mondiale. A titre d’exemple, on estime que 2,7 millions de personnes vivant dans des pays vulnérables, ont été sauvées grâce la distribution de vaccins contre la Covid dans le cadre de l’initiative Covax. Genève est un centre réputé en matière de multilatéralisme. Il est très important d’en perpétuer la dynamique, pour continuer à être considéré comme un lieu où peuvent se négocier, entre autres, des accords de paix.

Parmi tous vos dossiers, lequel vous accapare le plus?

Cela dépend des périodes, sachant que tous ont leur importance. Mais il en est un qui me tient particulièrement à cœur et pour lequel j’ai déposé un projet de loi. Il concerne l’allègement de la fiscalité de l’outil de travail et concerne la fiscalisation des titres non côtés détenus par les entrepreneurs genevois. L’objectif du Conseil d’Etat est de favoriser l’entrepreneuriat et la création d’emplois. Le projet de loi va être étudié par la commission fiscale du Grand Conseil. Au même titre, l’imposition des personnes physiques doit être révisée à la baisse, en particulier pour la classe moyenne. Le canton de Genève est l’un des cantons où l’on paie le plus d’impôts. Celui sur la fortune y est même le plus élevé du pays. Il y a un très gros travail à mener dans ce domaine, s’agissant d’assurer en même temps la santé financière de notre canton et de garantir les prestations publiques.

Quel est votre plus gros challenge à venir pour ces 5 prochaines années au sein du Conseil d’Etat?

Les défis sont nombreux. Parmi eux, la lutte contre les violences domestiques fera l’objet d’une attention particulière. Même si Genève est en avance sur d’autres cantons, avec une ligne téléphonique directe dédiée aux victimes, il reste beaucoup à faire en matière d’éducation et de prévention. La prise de conscience va crescendo, notamment avec un nombre croissant de féminicides ayant marqué les esprits, mais le problème de fond demeure. Il faut impérativement agir plus en amont sur la prévention et faire en sorte que les comportements violents soient plus rapidement dénoncés afin d’avoir une prise en charge plus rapide et éviter une montée en puissance de ce type de comportements.

Le Genève de vos rêves dans 5 ans, comment est-il?

Celui d’un canton connecté. Je fais ici en même temps référence à nos liens avec la communauté internationale et à l’importance de la transition numérique. Berceau de projets humanistes et de dialogue, Genève est un emblème de paix. Dans un monde toujours plus interdépendant, il représente un espoir face aux menaces qui nous entourent.

Photo principale: © Céline Michel