Nicole Baur

Présidente du Conseil communal de Neuchâtel

 

Dans 10 ans, comment pourrait être Neuchâtel ?

Depuis janvier 2021, un nouveau Conseil communal administre la capitale cantonale. Elle est présidée actuellement par Nicole Baur (VertPopSol) à la tête du Dicastère de la famille, de la formation, de la santé et des sports. Nouveaux projets autour de l’école et des personnes âgées, ambitions pour que la ville soit plus agréable encore à vivre… beaucoup de dossiers sont sur la table. Pour en parler, la présidente répond à nos questions.

Qui êtes-vous Nicole Baur?

Je suis biennoise d’origine. Après des études en sciences politiques à Lausanne, j’ai travaillé dans différents médias dont la RTS. Si je m’y plaisais, j’avais pourtant en tête de partir comme déléguée du CICR dans des pays secoués par des conflits. C’est comme cela que je me suis retrouvée durant une année au Salvador, en pleine guerre civile, et une autre en Palestine, durant la première Intifada. De retour en Suisse, j’ai réintégré la RTS, à Lausanne, comme journaliste, où je suis restée une quinzaine d’années. A la fin de cette carrière, j’étais correspondante parlementaire à Berne. Dès 2008, une opportunité professionnelle m’a amenée à Neuchâtel avec mes 3 enfants et je mets tout en œuvre pour défendre les causes qui m’ont toujours été chères.

Quel est votre chemin en politique?

Je suis sensible depuis longtemps à deux combats: l’écologie et le féminisme. Enfant, j’étais déjà très attachée à tout ce qui touchait à l’environnement, puis en avançant en âge, la défense des femmes a pris de l’importance. Après des années de journalisme, j’ai décidé en 2002 de m’investir plus avant en politique et suis devenue collaboratrice personnelle de François Marthaler, membre des Verts, conseiller d’Etat vaudois. Le choix du parti s’est fait naturellement puisque les Verts défendent tout ce qui me tient à cœur. A partir de là, je vis une ascension fulgurante. On me propose rapidement de prendre la présidence du parti vaudois. Je ne savais trop que faire: il me semblait que tout allait trop vite, que je n’avais pas l’expérience voulue, mais j’ai accepté. C’était naïf. J’ai été immédiatement la cible de nombreuses attaques. Ce fut une période vraiment difficile et la fin d’une certaine confiance dans la politique de partis. Pour autant, cela ne remettait pas en cause mes combats et mes convictions, raison pour laquelle quand j’ai vu une annonce pour un poste de déléguée à l’égalité et à la politique familiale dans le canton de Neuchâtel, j’ai postulé et j’ai été engagée. Nous sommes en 2008, je m’installe alors ici avec mes 3 enfants et m’inscris chez les Verts neuchâtelois comme simple adhérente.

Comment vous retrouvez-vous au Conseil communal de Neuchâtel?

En 2012, je suis élue au législatif de la Ville, que je quitte en 2016 après plusieurs déceptions (les Verts avaient perdu beaucoup de voix aux élections fédérales de 2015). Retournement de situation en 2019 où ils cartonnent. Les femmes ayant une place plus affirmée que jamais, après la grève de 2019, on me propose de me présenter au Conseil d’Etat, ce que je refuse. Dans le même temps, une carte est à jouer à la ville de Neuchâtel pour aller y chercher un second siège. Je me présente et suis seule élue, à ma grande surprise, en octobre 2020. Les dicastères sont attribués en fonction de nos profils. Avec une immense joie, je me vois attribuer celui de la famille, de la formation, de la santé et des sports. Depuis juillet dernier, je suis présidente du Conseil communal (exécutif).

Quel projet vous occupe spécialement?

La Suisse a cette particularité de ne pas aider les femmes à travailler quand elles ont des enfants. Avec des écoles qui libèrent les élèves à midi ou très tôt dans l’après-midi et du parascolaire souvent onéreux, on les décourage de s’investir dans le monde du travail. Par conséquent, lorsqu’elles arrivent à l’âge de la retraite, elles ont peu cotisé au 2e pilier. Ce qui engendre tout simplement une paupérisation féminine! Pour remédier à ceci et donner une chance aux parents qui veulent s’épanouir professionnellement, il faut donc avoir une école adaptée. Pour cette raison, je travaille à un projet pilote qui va concerner deux collèges et les cycles 1 et 2. Ils seront sur le modèle de l’école à la journée. Les enfants seront pris en charge pour le repas de midi et auront à choix différentes animations après les cours. Ainsi, jusqu’à 18h, ils auront l’occasion de faire du sport avec des professionnels ou encore de la musique, par exemple. Ceci présente également un autre avantage, celui de donner l’opportunité à des jeunes, qui ne l’ont pas toujours, de pratiquer des activités nouvelles auxquelles ils ou elles ne pensaient pas ou qui leur étaient inaccessibles financièrement. C’est aussi une belle façon de mettre tout le monde sur un pied d’égalité. Tout ceci ne sera pas gratuit, mais le prix à payer sera adapté en fonction des revenus parentaux. Pour aller de l’avant, il faut que le canton accepte d’en subventionner une partie. Et parallèlement, si le Conseil communal me suit, je vais devoir me battre devant le Conseil général pour en obtenir le financement. J’ai bon espoir: récemment, une enquête a prouvé que lorsque l’on permet à davantage de parents de travailler, les familles engrangent des revenus qui, par effet domino, apportent un meilleur retour fiscal aux collectivités publiques.

Qu’en est-il du quotidien des aînés dans la ville?

Dans une société où les personnes âgées souhaitent rester le plus longtemps possible à domicile, il me semble essentiel de tout mettre en œuvre pour qu’elles conservent leur autonomie au quotidien. Ceci passe aussi par le maintien de la vie sociale. Il faut éviter à tout prix qu’elles deviennent trop sédentaires. Les maisons de quartier sont un bon compromis pour éviter l’isolement et organiser des moments de rencontre autour d’un café, par exemple. Certaines existent déjà dans et ces moments d’échanges sont très appréciés! Il nous faut donc élargir cette offre. Par contre, si les collectivités publiques font ce qu’elles peuvent pour aider les aînés, il est nécessaire qu’une solidarité intergénérationnelle existe et soit solide. Le bien-être des seniors est l’affaire de tous. Il passe également par de nombreuses associations qui s’investissent pleinement. Ensemble, nous pouvons et devons aller de l’avant sur ce type de projets car il ne faut pas perdre de vue que 20% de la population de la ville a plus de 65 ans.

La Neuchâtel de vos rêves dans 10 ans, elle est comment?

C’est une ville progressiste où il fait vraiment bon vivre, même si, aujourd’hui déjà, nous y sommes bien. Alors, pour ajouter à ses atouts actuels, je vois davantage de zones libres de voitures, moins de sols bétonnés, et les bords du lac encore mieux aménagés. Et pour le plus grand bonheur de la cycliste que je suis, Neuchâtel devient le paradis de la mobilité douce! On joint à tout ceci une école qui permet réellement la conciliation famille-travail et un encadrement attentif des aînés, et tout y est!

Ville de Neuchâtel
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