Patrick Herrmann – Théo Bregnard

Président du Conseil communal de La Chaux-de-Fonds

Président sortant du Conseil communal de La Chaux-de-Fonds

 

La Chaux-de-Fonds, une ville qui s’ouvre à l’avenir

L’histoire de La Chaux-de-Fonds est intimement liée à l’horlogerie, mais aussi à la culture. Divers projets sont en train d’éclore et révèlent les objectifs que s’est donnés la ville: s’imposer comme première Capitale helvétique de la culture tout en devenant une ville encore plus verte, riche en atouts et qui place la qualité de vie de ses habitants au cœur de toutes ses préoccupations. Patrick Herrmann, président du Conseil communal et en charge du dicastère des ressources humaines, des espaces publics, des énergies et de la sécurité et Théo Bregnard, président sortant en charge du Dicastère de l’instruction publique, de la culture et de l’intégration font le point de la situation actuelle et nous dévoilent les enjeux, défis et projets de demain.

Vous êtes très engagé en faveur de l’écologie. Comment se traduit cette volonté de faire plus pour la ville?

PH: Notre désir est de travailler sur plusieurs axes pour à la fois créer une ville plus verte et améliorer la qualité de vie des habitants actuels et futurs. Dans ce sens, l’introduction d’une nouvelle politique de stationnement, l’amélioration des conditions de la mobilité douce, la requalification arborisée de certaines rues et l’extension des zones 30 sont les marques les plus visibles de cette politique voulue par le Conseil communal dans son ensemble et devraient permettre à notre population de jouir de plus de calme et de sérénité au cœur même de la ville.

Le projet «Vadec évolution» est un projet phare. Pouvez-vous nous en dire davantage?

PH: Vadec est, à La Chaux-de-Fonds, le nom de l’entreprise qui gère l’usine d’incinération des déchets située à l’Est de la ville. Après analyse, il ressort qu’au vu de la localisation de cette installation, de l’existence préalable d’un important réseau de chauffage à distance, de la possibilité d’utiliser en partie le train pour les transports, de la densité de l’habitat dans notre ville ainsi que de son climat plus frais que sur le plateau suisse, l’agrandissement de l’usine serait écologiquement et économiquement intéressant pour une région qui s’étend pratiquement de Delémont à Yverdon. L’avantage pour notre ville pourrait être, outre les places de travail et l’investissement, d’alimenter un chauffage à distance pour près de 30 000 habitants et de produire de l’électricité pour à peu près le même nombre. Les autres régions partenaires seraient, elles, gagnantes sur le prix d’incinération de leurs déchets.

Quels sont les autres grands projets actuels et à venir de la ville?

PH: Notre ville est en effervescence et fourmille de projets; au niveau des infrastructures, nous sommes en attente d’une liaison ferroviaire et d’un contournement routier; nous réaménageons presque tous nos musées et nous sommes prêts à nous lancer dans des projets ambitieux pour notre piscine, notre patinoire, voire à plus long terme le stade de la Charrière; nous repensons notre urbanisme «certifié UNESCO» avec, déjà, plusieurs transformations visibles comme la rue qui mène du Musée des Beaux-Arts au Muzoo. Outre Vadec, dont j’ai déjà parlé, nous avons l’espoir de voir s’ériger un grand hôtel en centre-ville, tandis que Viteos a un projet d’installation intéressant au Sud de la ville. Par ailleurs, la ville a «redopé» son service économique pour attirer des entreprises intéressées à s’installer dans ce qui est, chez nous, davantage un jardin industriel qu’une «zone», comme c’est souvent le cas ailleurs. Et, pour couronner le tout, La Chaux-de-Fonds espère devenir première Capitale culturelle suisse en 2025!

Quelle serait selon vous la ville idéale dans 10 ans?

PH: La Chaux-de-Fonds multiplie les paradoxes; historiquement, vu son altitude et sa situation, elle n’est pas une ville évidente et ne s’est développée que grâce à la volonté de ses habitants. Aujourd’hui, elle est à la fois une ville industrielle avec de nombreuses entreprises mondialement connues, une ville de culture grâce à son patrimoine et à l’ouverture au monde de sa population, et une ville à la campagne tant elle a mis de soin à préserver la nature environnante qu’elle laisse pénétrer au plus profond d’elle-même. Demain, je la vois continuer à cultiver son art de vivre avec ses randonnées et torrées des week-ends, croître un peu, jusqu’à 40 000-42 000 habitants, ce qui serait idéal au vu de la taille et de la qualité de ses infrastructures, apaiser le centre de la ville et y créer encore davantage d’espaces de convivialité et de verdure et devenir pratiquement autonome au niveau énergétique. Bref, offrir l’image d’une ville heureuse, attractive, agréable à vivre, consciente de ses atouts et ambitieuse dans ses projets!

A La Chaux-de-Fonds, l’horlogerie et la culture entretiennent des liens étroits, comment cela s’explique-t-il?

TB: De tout temps, l’horlogerie a tissé des liens importants avec l’art et en dépendait pour la décoration des boîtiers. En tant qu’historien et spécialiste du mécénat, j’ai d’ailleurs particulièrement étudié cette question. Pendant longtemps, on a vécu dans une ville isolée. Les patrons d’horlogerie ont délibérément fait le choix de réinvestir leur fortune non pas dans l’horlogerie mais dans une salle de musique et un musée des beaux-arts avant même celui dédié à l’horlogerie. Cela démontre la volonté des horlogers de développer l’art sous toutes ses formes et l’importance pour eux d’éduquer au «Beau». Une particularité de La Chaux-de-Fonds est d’ailleurs que la ville a eu une école d’art et un théâtre avant d’avoir l’eau accessible dans tous les logements!

Vous venez d’inaugurer cette année une Maison de la culture, que va-t-elle proposer?

TB: Nous avons pu constater que les résidences d’artistes ont très bien marché durant la pandémie. Il y a de la part de la ville la volonté de faire dialoguer des artistes d’ici avec le monde entier. Huit appartements seront ainsi mis à disposition dans un immeuble de la rue Numa-Droz. L’idée est également de redynamiser un quartier de la ville dont l’image n’est pas toujours très positive au sein de la population.

Quels sont les autres projets importants du moment en matière de culture à La Chaux-de-Fonds?

TB: Il faut noter la récente acquisition de la Villa Fallet, construite en 1906, qui est la première œuvre pour laquelle a travaillé Charles-Edouard Jeanneret, futur Le Corbusier. Un autre projet qui me tient particulièrement à coeur et que j’ai poursuivi même au plus fort de la crise liée au Covid: la prochaine ouverture du Muzoo, qui réunira l’actuel zoo situé au Bois-du-Petit-Château et le Musée d’histoire naturelle. C’est un projet assez unique où on pourra tout à la fois observer la nature et les animaux mais aussi être sensibilisé aux grands enjeux liés à l’environnement. Le monde évolue et il est nécessaire d’être partie prenante de ces changements.

La Chaux-de-Fonds se caractérise par une population en grande partie ouvrière, comment les sensibilisez-vous à la culture, qui est habituellement associée à un milieu plus intellectuel?

TB: Il est en effet intéressant de noter que 40% de la population de notre ville travaille dans le secteur secondaire. C’est plus du double de la moyenne des villes de Suisse. J’ai toujours œuvré à ce que la culture soit ouverte à tous, dès mes débuts en politique. L’une de mes fiertés en tant que Conseiller communal est que depuis trois ou quatre ans au sein des écoles, de la même manière que la visite chez le dentiste ou les cours d’éducation routière, tous les élèves vont au moins une fois par an au musée. C’est à la fois anecdotique et très symbolique. Trop souvent, la culture n’est pas considérée comme une priorité, mais en faisant le pas de rendre la visite obligatoire, on se rend compte combien les élèves ont du plaisir. Quand on parle de culture à La Chaux-de-Fonds, on pense évidemment aussi au festival des arts de la rue de La Plage des Six Pompes qui symbolise pleinement l’effort toujours renouvelé de travailler avec et pour l’ensemble de la population. Il ne suffit pas de dire «bienvenue», il faut aller vers ce public, réfléchir à comment ouvrir la culture à toutes et tous, pour que la volonté d’une culture populaire se concrétise sur le terrain.

Ville de La Chaux-de-Fonds
Passage Léopold-Robert 3 • CH-2301 La Chaux-de-Fonds
Tél. +41 32 967 62 21
www.chaux-de-fonds.ch