Pierre-Alain Tschudi

Maire de Meyrin

 

Meyrin, un état d’esprit

Avec 23 000 habitants, Meyrin est la 4e ville (la plus peuplée) du canton de Genève. Une des plus multiculturelles aussi avec près de 140 nationalités représentées. Une diversité source de richesse et synonyme d’ouverture comme nous l’explique Pierre-Alain Tschudi, conseiller administratif en charge des aîné-e-s, de l’énergie, de la sécurité, des travaux publics et de l’urbanisme et maire de Meyrin. Pour Bien Vivre, il nous parle de sa commune et des grands projets à venir.

Quelles sont les origines de votre engagement politique ?

Je suis actif depuis l’âge de 20 ans dans les mouvements antinucléaire et pacifiste, de solidarité avec les peuples du Tiers Monde et de défense des droits humains. J’ai rejoint le parti écologiste genevois en 1991, devenu depuis les Verts, conscient que l’égalité et la justice passaient par la remise en question de notre modèle de développement et de croissance. J’ai souhaité m’engager au niveau de mon environnement proche, ce que j’ai fait en devenant conseiller municipal de Meyrin en 1995. Une fonction que j’ai occupée durant 13 ans. De 2010 à 2011, j’ai été membre de l’Assemblée constituante du canton de Genève (Les Verts et Associatifs) et je suis devenu la même année conseiller administratif de la commune de Meyrin. J’aime le lien et le contact direct avec la population, c’est vraiment quelque chose d’enrichissant.

Qu’est ce qui caractérise Meyrin selon vous ?

Meyrin possède une véritable identité. Sa grande diversité culturelle et sa richesse de nationalités (plus de 140 nationalités) sont des atouts indéniables qui en font une ville ouverte sur le monde. Son évolution démographique et sa croissance urbanistique n’ont pas empêché Meyrin de conserver une mentalité de village, notamment dans la notion d’échange et de partage. C’est aussi une commune avec un tissu associatif dense et dynamique qui participe directement à forger l’esprit de Meyrin. Nous avons aussi la chance d’avoir un tissu industriel relativement varié avec notamment de l’horlogerie, de la chimie, mais aussi des industries de pointe avec des entreprises aussi bien locales qu’internationales. La ville est aussi marquée par la présence du CERN. De manière générale, Meyrin est une ville dynamique et innovante comme l’illustre par exemple le quartier des Vergers, le premier écoquartier du canton de Genève.

Qu’est-ce qui est mis en œuvre au niveau des autorités pour assurer la proximité avec les habitants ?

Je pense qu’il y a deux aspects qui participent à la proximité entre les autorités et les habitants. Dans les années 1960, Meyrin a vécu une véritable métamorphose, passant d’une ville agricole de 3200 habitants à une ville de plus de 19 000 habitants en 1980 par la création de la première cité satellite de Suisse. Malheureusement dans un premier temps la ville s’est peu préoccupée de ses habitants. Les gens ont dû se débrouiller par eux-mêmes. Cela a contribué au développement d’un tissu associatif riche. De nombreuses personnes investies dans ces associations sont actives au sein de la commune, ce qui crée déjà une proximité. Ces dernières années, de surcroît, nous avons mis en place des démarches dites participatives dans tous les grands projets développés par la ville. Cela fait vraiment partie de l’ADN de Meyrin.

On parle beaucoup du réaménagement de la Place des Cinq-Continents. Pouvez-vous nous en dire davantage sur ce projet ?

Il témoigne d’une vraie volonté de la municipalité de revaloriser les espaces publics. Après plus de trente ans d’études et de discussions, le Conseil administratif de Meyrin a signé en 2016 une convention cadre avec la propriétaire du centre commercial. Le texte entérine la construction d’un parking souterrain de 475 places devant le centre commercial (P1) d’ici à 2020. L’aménagement d’un second ouvrage souterrain en remplacement du parking extérieur P2 n’est pas (encore) abandonné, mais renvoyé à l’appréciation de générations futures. Cela nous permettra d’optimiser l’utilisation de certains espaces situés au cœur de la cité en libérant près de 10 000 m² sur la place des Cinq-Continents. Ce faisant, la Commune pourra enfin réaliser une place piétonne devant le centre commercial, un parc arborisé et ériger un nouveau bâtiment pour héberger la mairie. Depuis une année, nous dialoguons avec des jeunes, des groupes d’habitants, le Conseil municipal, les riverains de la place, l’administration communale et Forum Meyrin. Toutes ces personnes ont nourri le projet jusqu’à l’élaboration d’un cahier des charges qui a conduit à une première image directrice élaborée avec des professionnels et adoptée par le Conseil municipal. Un concours va être lancé début 2019.

Où en est-on par rapport au quartier « Les Vergers » et quelles sont les particularités de ce projet emblématique ?

Avec ses 1350 appartements et près de 3000 nouveaux habitants, l’écoquartier des Vergers est l’un des plus gros projets immobiliers du canton. D’ici à 2020, la totalité des trente immeubles seront construits. Ce quartier répond à plusieurs caractéristiques, à savoir, une certaine densité, de la mixité sociale et d’activités, de hauts standards énergétiques et une priorité donnée à la qualité des espaces publics. Il me paraît particulièrement intéressant de mettre en avant la dynamique sociale et participative avec laquelle s’est développé ce quartier. En effet, il a été décidé de s’associer très en amont avec les futurs habitants. La Commune a ainsi lancé un appel à candidatures pour l’octroi de ses droits de superficie et a choisi sept coopératives et une fondation. Une démarche permettant d’impliquer une partie des habitants du quartier bien avant la construction de celui-ci, afin de renforcer leur sentiment d’attachement à leur futur lieu de vie. Parmi les initiatives qui ont abouti, on peut citer la mise en place d’un supermarché paysan participatif basé sur la vente de produits de proximité. Une manière de remettre la nature et l’agriculture en ville. Les espaces publics vont également être entretenus par des équipes d’agriculteurs et une association a déjà été créée autour des potagers urbains.

Des projets d’EcoParc industriel sont actuellement en cours.

Il s’agit de se mettre à l’écoute des besoins des commerces et des entreprises afin de faciliter un développement économique fondé sur la durabilité. Nous réfléchissons avec les entreprises sur un certain nombre de problématiques comme le stationnement, la mobilité, la gestion des déchets. Nous regardons notamment s’il y a des synergies possibles en termes d’écologie industrielle. La qualité des espaces publics et le développement des services sont également au cœur des discussions.

Meyrin est aussi une commune festive. Parlez-nous des grands événements locaux ?

Hormis les grands moments de rassemblement, tels que la Fête des écoles, la Fête du 1er Août ou l’Open air « Octopode », nous avons tout au long de l’année des événements culturels et festifs qui se succèdent dans notre grand centre culturel, Forum Meyrin, qui réunit un théâtre, une bibliothèque, des espaces d’exposition, de projection, de concert, de réunion et de restauration. Dans la magnifique aula de l’école des Boudines, nous accueillons chaque année plusieurs festivals de films : le FIFDH, le festival du film vert, le petit Black Movie. Nous donnons également une grande importance aux rencontres culturelles et festives à l’extérieur. En effet, il ne suffit pas de réhabiliter des espaces publics, encore faut-il que la population ait envie de se les approprier. Nous y contribuons notamment par des interventions artistiques et culturelles, accompagnées de visites guidées ou d’événements festifs. Dans ce cadre, le Jardin botanique alpin de Meyrin est un lieu exceptionnel qui attire de plus en plus de monde. Le dynamisme de notre ville fait que nous avons chaque année plusieurs ouvrages à inaugurer ; encore un prétexte bienvenu pour faire la fête ! Nous sommes convaincus que les événements culturels et festifs renforcent l’attractivité de notre ville, ainsi que la fierté et le plaisir de ses habitants d’en faire partie.