Pierre Maudet

DDE – Département du développement de l’économie

 

« Je défends une économie humaine qui ne laisse personne sur le bas-côté de la route »

Conseiller d’Etat en charge du développement de l’économie, Pierre Maudet est confronté à une multitude de dossiers qui font passé ses journées à celles d’un marathonien devant courir à la vitesse d’un sprinter ! S’il va sur le terrain, avec ses collaborateurs-trices, à la rencontre des entrepreneurs pour comprendre leurs attentes et leurs problèmes, il gère également des sujets de portée mondiale comme la cyber-sécurité, dont Genève s’est faite capitale. Pour nous parler de son actualité et de sa vision de l’économie, Bien Vivre l’a rencontré.

Quel est votre quotidien en tant que Conseiller d’Etat chargé du développement de l’économie ?

Il est bien rempli, car je rencontre très souvent des PME. Il m’est important de savoir ce que vivent exactement les entrepreneurs et il n’y a rien de mieux que le contact direct pour cela. Parallèlement, il y a évidemment de nombreux dossiers à gérer et de multiples séances à mener. Pour avoir une idée précise de ce qu’est mon quotidien, chacun peut se rendre sur mon site personnel, pierremaudet.ch, où est publié mon emploi du temps.

Un focus est mis par Genève sur la philanthropie déjà très présente par le biais de nombreuses fondations. Qu’est-ce qui va être mis en œuvre ?

Le domaine lié à la philanthropie est peut-être moins connu que le milieu des entreprises, mais c’est pourtant un secteur clé que nous devons renforcer. Pour cette raison, en 2018, un pôle interne entièrement dédié a été créé afin de stimuler son développement. De même, une étude a été menée pour identifier les futures pistes à privilégier en vue de valoriser et dynamiser cet écosystème. Dans la foulée, une cartographie numérique des fondations d’intérêt public installées à Genève a été réalisée, ce qui nous permet aujourd’hui de connaître encore mieux ce secteur. Tout est mis en œuvre pour faciliter sa croissance et nous observons déjà un développement du nombre d’acteurs qui le composent.

Quels sont les intérêts directs retirés par le canton ?

Les fondations représentent un véritable enjeu pour l’image de Genève et son rayonnement, mais aussi et surtout pour le développement de son tissu économique, et pour la défense de causes d’intérêt général, que ce soit ici ou à l’étranger. Nous devons particulièrement être attentifs à l’importance des conditions-cadres attractives pour leur permettre de remplir leur mission le plus efficacement possible.

Genève est capitale mondiale de la cybersécurité. Comment cela se traduit-il ?

Il s’avère que plus de 50% des discussions liées aux politiques numériques se déroulent à Genève, de par les différents organismes qui travaillent autour de ce sujet. C’est ici aussi qu’a été lancé la « Swiss Digital Initiative» et que Libra, le projet de monnaie virtuelle initié par Facebook et rejoint par un consortium de grandes entreprises ainsi que d’ONG, commencera à se déployer dans le courant de cette année. Cependant, le grand public est encore peu conscient de l’importance du sujet. A l’échelle du canton, nous agissons pour sensibiliser le plus grand nombre de personnes possible. Aussi, la DG DERI vient de mettre à disposition une formation en ligne gratuite pour permettre à chacun-e, et en particulier les employé-e-s des PME genevoises, d’acquérir les bonnes pratiques de l’usage d’internet et évaluer ses connaissances en matière de lutte contre le piratage informatique.

Un soutien particulier est donné à la recherche et à l’innovation. A qui cela s’adresse-t-il et sous quelles formes ?

L’innovation permet de renforcer les pôles d’excellence existants. Elle offre aussi la possibilité d’en générer de nouveaux, par le développement de sociétés commerciales nées de projets scientifiques, à travers l’aide à la recherche et au développement de PME et d’entités déjà établies, ou encore grâce à l’accompagnement notamment d’initiatives porteuse reposant sur les technologies de registres distribués. La mission de mon département est d’assumer un rôle de catalyseur et de facilitateur, de manière à ce que toute matière grise locale ou importée serve à renforcer les emplois genevois de manière durable. Genève compte une galaxie de structures bien imbriquées, qui répondent à chacun des cas énoncés. Que l’on parle d’accompagnement, de soutien financier, de gestion… différentes entités sont là, de manière tout à fait complémentaire, pour permettre aux entrepreneurs d’atteindre leurs objectifs.

Lequel de vos dossiers vous tient le plus à cœur et pourquoi ?

Il y en a deux. Tout d’abord la formation qui est un enjeu clé pour le canton, et, évidemment, que ce soit pour les jeunes mais aussi pour les gens qui souhaitent ou doivent se réorienter professionnellement. En la matière, Genève peut se flatter d’être à un très bon niveau et d’assurer ainsi au plus grand nombre un emploi à la fin des études. Pour autant, il ne faut pas se contenter de ce que l’on a, mais toujours réévaluer la qualité afin d’être en phase avec les attentes du marché. C’est un enjeu intéressant qui me tient à cœur, tout comme la libre circulation des personnes, un paramètre fondamental pour la bonne santé de notre économie et la création d’emplois. A l’heure où nous nous parlons, nous sommes à quelques mois de la votation du 27 septembre. Les accords bilatéraux ne peuvent pas être résiliés comme le souhaiteraient certains, nous serions alors isolés, et les répercussions seraient dévastatrices sur l’emploi. N’oublions pas que c’est grâce à un marché du travail dynamique que nous pouvons, entre autres, payer les rentes des retraité-e-s.

Pour vous, comment serait « la Genève » idéale en matière d’économie ?

J’aimerais que l’on ait une économie humaine, tournée vers la population et qui refuse de considérer les inégalités comme une fatalité, mais qui au contraire permette à tout le monde de trouver sa place. Idéalement, elle offrirait également des réponses aux défis environnementaux et sociaux que nous vivons. Ce sont les entreprises, par leur capacité à innover, qui sont les acteurs du changement et les fers de lance de ces nouvelles solutions durables.