Pierre Ronget

Maire de Vernier

 

« Ma volonté est de faire en sorte qu’il fasse bon vivre à Vernier »

Première ville de l’agglomération genevoise, Vernier est aujourd’hui la deuxième commune la plus peuplée du canton avec ses 35 301 habitants. Riche de son histoire et de ses nombreux quartiers à l’identité forte, c’est aussi une ville de culture comme l’illustre le très attendu campus culturel de Châtelaine. Bien Vivre a rencontré Pierre Ronget, Maire de Vernier, en charge des finances, de l’administration, de la culture et de la communication, ainsi que de l’environnement urbain.

Votre collègue du Conseil administratif, Thierry Apothéloz a fait son entrée au Conseil d’Etat. Quelle est votre réaction ?

Les excellents rapports que nous avons eus au sein du Conseil administratif et notre volonté de travailler ensemble pour Vernier me font bien évidemment regretter son départ. On ne peut cependant ignorer le fait qu’il avait vraiment envie d’accéder à cette nouvelle fonction et qu’il en a les capacités. Je pense également que c’est une excellente chose qu’une personne, qui a été sept fois Maire de la Ville de Vernier et qui a présidé l’Association des communes genevoises, soit élue au Conseil d’Etat, car on peut s’attendre à ce que la sensibilité des communes soit davantage perçue au niveau cantonal.

On se dirige vers des élections complémentaires. Vos attentes ?

Les trois partis que nous représentions, à savoir le PS, les Verts et le PLR, ont défini un contrat de législature, en 2011 et en 2015. Nous estimons que nous avons une politique équilibrée. Après les perturbations que la commune a connues, de 2008 à 2011, nous avons su redonner confiance à la population. Dans la continuité, je me réjouis pour ma part qu’un candidat socialiste soit élu à l’automne.

Quel regard portez-vous sur Vernier ?

C’est une commune à laquelle je suis très attaché. Mon arrière-grand-père était adjoint au Maire en 1910. J’ai été élu pour la première fois au Conseil municipal en 1979 et réélu jusqu’à ce jour. Libéral humaniste, je ne peux être insensible aux conditions difficiles que vivent certains habitants. Vernier compte le plus haut pourcentage de chômeurs du canton et sa population est défavorisée sur le plan économique. Notre politique ne peut être identique à celle de Cologny ou de Vandoeuvres, sans compter que les Verniolans ont une capacité contributive limitée. Dans ces conditions, c’est d’autant plus intéressant de faire de la politique à Vernier. Ma volonté est de faire en sorte qu’il fasse bon vivre à Vernier et que nos finances soient suffisamment saines pour pouvoir mener une politique sociale généreuse. Il ne faut pas oublier non plus la politique culturelle, qui me tient à cœur, puisque dès le début de mon engagement politique, j’ai travaillé dans le cadre de la commission culturelle, puis comme magistrat responsable de la culture, en tant que Conseiller administratif.

La situation financière de Vernier est préoccupante. Comment faire face ?

Les comptes 2017 ont accusé un léger déficit en raison d’une baisse des recettes fiscales de près de CHF 1,7 millions. Les charges demeurent cependant maîtrisées. Ce résultat aurait pu être plus négatif sans le travail important mené par le Conseil administratif, avec le soutien engagé de l’administration.

Un important campus culturel verra prochainement le jour dans le quartier de Châtelaine. Comment est né ce projet ?

Notre commune est la deuxième plus grande ville du canton. Nous nous sommes rendu compte que notre territoire était relativement pauvre en équipements culturels et que la population ne fréquentait pas les grands lieux culturels genevois. Depuis 2011, un concept culturel a été mis en place, qui visait à offrir une culture de proximité aux habitants. La Salle du Lignon est la seule scène d’importance sur la commune, mais elle ne comprend pas tous les équipements indispensables à une production culturelle moderne. Précédant tout projet, nous avons tenu à faire une analyse des besoins culturels des diverses associations communales, qui a débouché sur la nécessité de créer un campus culturel multidisciplinaire dédié aussi bien à la création, à la formation, qu’à la représentation.

Que pourra-t-on y trouver ?

Le campus culturel de Châtelaine (CCC) offrira deux salles de spectacles (400 et 150 places), une salle de création et 18 salles de répétitions, dont Genève manque cruellement, 9 studios de danse, un studio d’enregistrement, 15 espaces multifonctionnels, une bibliothèque, des ateliers d’arts, une galerie, trois foyers, deux restaurants et un hôtel de 40 chambres. A ce programme s’ajoutent des logements pour 300 étudiants et l’aménagement de l’espace public alentour. Ce sera donc un lieu pluridisciplinaire, de création et de formation qui accueillera dès son inauguration en 2022 la saison culturelle de Vernier. Il est d’autant plus important qu’il va modifier l’image de Vernier, comme lieu de culture et d’intégration.

Comment avance le projet ?

Nous avons lancé en 2014 un concours international d’architecture. Le premier prix a été attribué au bureau d’architectes CCJVV de Madrid. Estimé à CHF 140 millions, le projet a déjà reçu de nombreuses promesses de dons. La réalisation devrait débuter en 2020, avec une inauguration prévue en 2022.

Autre projet d’envergure, le quartier de l’Etang. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Il s’agit de créer un véritable morceau de ville dynamique et attractif vecteur d’unité pour la commune. Le quartier de l’Etang, c’est 1000 logements pour environ 2500 habitants supplémentaires et 2500 places de travail. On y trouvera notamment des équipements publics, dont une école, une crèche et une maison de quartier, mais aussi des logements pour étudiants, des espaces de loisirs ainsi que des commerces, des restaurants et des surfaces artisanales. Une offre riche et variée pour un quartier qui sera un lieu central et incontournable pour les Verniolans.