Réseau des villes de l’Arc jurassien (RVAJ)

L’Arc jurassien à horizon 2040, il serait comment?

 

Créé en 1996, le Réseau des villes de l’Arc jurassien (RVAJ) est aux prémices de projets emblématiques tels qu’Expo.02 ou Jura & Trois-Lacs. Actuellement, l’association regroupe 14 communes réparties sur les 4 cantons de l’Arc jurassien. Elle vise à faire de cette région une zone économique et culturelle forte et unie, indépendamment des frontières politiques. Dès 2008, le réseau se dote d’un secrétariat permanent, assuré par arcjurassien.ch. Ensemble, les deux associations ont développé une ambitieuse vision stratégique de l’Arc jurassien à horizon 2040. Pour nous parler de cette dernière et de l’actualité de l’association, Jacques Florey, chargé de mission, répond à nos questions.

Quelles sont les missions du RVAJ?

La mission principale du RVAJ est de regrouper les forces des communes avec une fonction de centre de l’Arc jurassien et de faire valoir les intérêts de ce territoire. Son organe exécutif est constitué de 9 villes affiliées, chacune représentée par une ou un membre de l’exécutif communal. En 2020, le RVAJ a développé une stratégie qui donne le cap des actions actuelles et futures de l’association. Cette stratégie se décline en 5 orientations, autour des thématiques suivantes:
– Le portage et la mise en œuvre de la vision territoriale pour l’Arc jurassien.
– La défense des intérêts des membres du RVAJ et de l’Arc jurassien en général.
– Le pilotage de projets pionniers que les cantons ou les communes n’ont pas encore ou très peu abordé.
– La communication à l’interne et à l’externe du réseau.
– La gouvernance de l’association.

Chacune de ces orientations stratégiques sont déclinées en objectifs à moyen terme et en mesures concrètes à mettre en œuvre.

Proche de tout ce qui touche à la mobilité, quelles actions menez-vous dans ce sens?

Nous avons lancé un projet-pilote, soutenu par le programme «Projet-modèle pour un développement territorial durable» de la Confédération, et qui court jusqu’à 2024. Comme on le sait, les villes sont confrontées à un trafic important, ce qui entraîne des impacts négatifs sur l’environnement, la santé et la qualité des espaces publics. Si le diagnostic est bien souvent partagé, les solutions pour réduire ce trafic sont quant à elles plus difficiles à trouver. En cherchant à réduire le trafic motorisé grâce à des solutions innovantes qui impliquent des acteurs privés et publics, ce projet vise à renforcer l’attractivité des centres urbains. Cela passe par la réduction de la mobilité dans les centres, et particulièrement de la mobilité liée à l’activités économique, comme le transport de marchandises.

Comment comptez-vous vous y prendre?

Selon l’ARE, 16,5% des déplacements sur route sont directement liés à l’activité économique (transport de marchandises, de services ou de personnes). Ils explosent en ville. Pour ce faire, plusieurs leviers sont mobilisables, premièrement: l’imposition d’horaires de livraison aux entreprises (B2B) et aux ménages sur le territoire communal; deuxièmement: la constitution d’un fonds d’investissement communal financé par une adaptation de la tarification à l’égard des pendulaires (par exemple au travers des macarons) et, troisièmement: l’utilisation de ce fonds pour subventionner un service local de transport de colis à vélo (aide directe, mise à disposition de locaux, etc.). En combinant ces trois leviers, les communes favorisent les flux commerciaux en ville tout en privilégiant un mode de livraison à la fois efficace et durable. Ces propositions sont discutées dans chacune des villes pilotes, puis adaptées en vue d’une phase test.

Parmi les projets, il y a les micro-hubs, de quoi parle-t-on?

La création de «micro-hubs» logistiques constitue une réponse innovante à l’enjeu de réduction du trafic de marchandises en ville. Le concept est simple: il s’agit de créer des zones de transbordement à proximité des centres, afin de faciliter le transfert de marchandises des camionnettes vers des véhicules plus légers, par exemple des vélos-cargos.

Ce projet implique les principales entreprises de transport ainsi que les villes pilotes concernées, soit Bienne, Delémont, Le Locle, Neuchâtel et Orbe. L’objectif est de pouvoir mettre en place des expérimentations dans plusieurs de ces villes, en partenariat entre les acteurs publics et privés. Les enseignements de ce projet seront bien sûr utiles aux 5 villes pilotes, mais ils pourront également orienter les actions des autres membres du RVAJ confrontés aux mêmes enjeux.

La vision à 2040 de l’Arc jurassien est un de vos gros dossiers. Qu’en est-il pour le RVAJ?

L’Arc jurassien est un territoire dans lequel évoluent de nombreux organismes de développement régional. Ce fractionnement institutionnel rend difficile l’émergence d’une identité partagée et le portage de projets communs, alors même que les enjeux de développement sont nombreux. Quels défis voulons-nous relever en commun? Comment mieux valoriser les atouts de notre territoire? Sur quelles bases construire une identité partagée plus affirmée? Comment apporter plus de cohérence aux actions menées dans l’Arc jurassien? C’est pour répondre à ces questions que le Réseau des villes de l’Arc jurassien, en collaboration étroite avec arcjurassien.ch et le Secrétariat d’Etat à l’économie, a souhaité élaborer une vision d’ensemble cohérente pour ce territoire. Pour cela, le RVAJ et arcjurassien.ch ont mandaté les bureaux urbaplan et SEREC avec pour objectif de fédérer la diversité des acteurs du territoire autour d’une vision partagée. Ainsi ont participé à la réflexion les 4 cantons que couvre l’Arc jurassien et des communes tout comme des associations, par exemple. Pour la définir en quelques mots, elle s’articule autour d’éléments-clés:
– Chercher à fédérer la diversité des acteurs de l’Arc jurassien plutôt qu’à unifier.
– Assumer l’hétérogénéité et la multipolarité du territoire en tirant parti des spécificités locales.
– Mettre l’accent sur les sujets qui nous relient pour développer des collaborations à l’échelle intercantonale.

Autour de cette base s’articule évidemment une multitude de points qui permettront, nous l’espérons, à cette vision de se concrétiser. Sa concrétisation passe par la mise en œuvre de projets, que ceux-ci soient le fruit du RVAJ, d’arcjurassien.ch ou de tout autre acteur institutionnel, associatif ou privé de notre territoire. Car cette vision n’est pas une utopie, mais une vision «idéale» de l’Arc jurassien à horizon 2040, et c’est à nous tous de faire en sorte qu’elle devienne une réalité.

Réseau des villes de l’Arc jurassien (RVAJ)
Rue de la Paix 13 – CH-2300 La Chaux-de-Fonds
Tél. +41 32 889 76 01
info@rvaj.chwww.rvaj.ch

Photo principale : © Jura & Trois-Lacs, Christoph Sonderegger