Roberto Schmidt

DFE – Département des finances et de l’énergie

 

« Comme ministre de l’énergie, je définirai le Valais comme étant le cœur énergétique de la Suisse »

Chef du Département des finances et de l’énergie, Roberto Schmidt est également cette année à la tête du Conseil d’Etat. Fervent défenseur de l’énergie hydro-électrique, il met tout en œuvre pour répondre efficacement aux besoins d’un secteur en perpétuelle évolution. Retour sur le quotidien d’un homme engagé qui dévoile pour Bien Vivre les stratégies cantonales en cours.

Quel est votre quotidien en tant que chef du Département des finances et de l’énergie et président du Conseil d’Etat ?

Mon quotidien est bien entendu chargé, mais véritablement passionnant ! J’ai des journées de travail de 15 heures, mais cela est normal pour un ministre. Il n’y a que peu d’espaces libres dans mon agenda. Mais je ne m’en plains pas ! Au contraire, je trouve mon travail enthousiasmant.

Mon département recouvre 8 services totalement différents (finances, ressources humaines, impôts, énergie, informatique, registre foncier, géoinformatique, immeubles et patrimoine de l’Etat), avec des thèmes et des projets variés. Cela demande une certaine souplesse de ma part pour me plonger dans des thématiques si distinctes les unes des autres. Mais cela peut également me montrer les potentielles synergies entre les sujets que j’aborde.

De plus, étant représentant du Valais dans plusieurs conférences gouvernementales et intercantonales (CGSO, RKGK, EnDK, CDF, CLDF*, etc.), je suis régulièrement en déplacement et amené à rencontrer mes collègues d’autres cantons. Ce qui est également un plus pour moi, car je peux régulièrement échanger et comparer les pratiques avec le reste du pays.

Ce mandat politique est également passionnant, car chaque semaine est différente de la précédente. Il n’y a que quelques rencontres qui sont récurrentes de semaine en semaine, comme la séance du mercredi avec mes collègues du Conseil d’Etat.

Cette année est particulière, car je préside le collège gouvernemental. C’est une chance. Je rencontre une multitude de personnes de tous les horizons, que cela soit des Valaisans (également ceux hors-canton), des Confédérés ou des ambassadeurs ou des amis de l’extérieur, avec qui nous sommes amenés à collaborer et à tisser des liens économiques, financiers, touristiques, et j’en passe.

Parmi les grands dossiers en cours, où en est la stratégie énergétique ?

En avril dernier, j’ai présenté à la presse notre vision de notre politique énergétique pour 2060, ainsi que les objectifs intermédiaires à atteindre à l’horizon 2035. Le Valais est une terre d’énergie. Il doit viser un approvisionnement 100% renouvelable et indigène pour 2060. La révision de la loi sur l’énergie est en cours.

Le Valais va, à long terme, couvrir entièrement ses besoins d’énergie grâce aux ressources énergétiques renouvelables qui seront en ses mains et contribuer activement à l’approvisionnement en électricité renouvelable de la Suisse et de l’Europe. Nous devrons travailler sur trois axes :
• diminuer drastiquement la consommation d’énergie, l’amélioration de l’efficacité énergétique des bâtiments, des installations techniques et des véhicules;
• augmenter la production d’énergie renouvelable valaisanne (électricité et chaleur) et la valorisation de rejets de chaleur inévitables pour couvrir les besoins d’énergie résiduels ;
• assurer que les infrastructures énergétiques, qu’elles soient de production, de distribution, ou de stockage, soient majoritairement en mains valaisannes.

L’optimisation de la valorisation des ressources énergétiques valaisannes nécessitera certainement une réorganisation de la structure de l’économie énergétique cantonale en lien avec la production, la commercialisation, la distribution et le stockage de l’électricité.

La force hydraulique dont vous êtes un défenseur, n’est pas rentable, ni compétitive en Suisse. Comment se positionne le Valais par rapport à cela et quelles solutions peuvent-être envisagées à court, moyen et long termes pour le canton ?

La force hydraulique est l’épine dorsale de l’approvisionnement en électricité de la Suisse et du Valais. Elle continuera à jouer un rôle important à l’avenir en raison de la « décarbonisation » du système énergétique et de la sortie du nucléaire.

La Confédération en est consciente et prévoit diverses mesures d’aide pour les centrales hydroélectriques, qui sont actuellement rentables.

A court terme, depuis 2018, les exploitants et les propriétaires de grandes centrales hydroélectriques suisses peuvent demander à la Confédération une prime de marché pour l’électricité qu’ils produisent et qu’ils doivent vendre sur le marché en dessous du prix de revient. La prime de marché s’élève à un maximum de 1 centime par kilowattheure par centrale électrique. Les primes du marché pour 2019 sont allées à 17 bénéficiaires. La subvention totale s’est élevée à environ 65,4 millions de francs pour 8,85 milliards de kilowattheures, soit 23% de la production hydroélectrique nationale de la Suisse en 2018. 77% de l’énergie hydraulique suisse pourrait ainsi être exploitée de manière rentable en 2018.

A moyen et long terme, les contributions à l’investissement pour de nouvelles grandes centrales hydroélectriques ainsi que pour des agrandissements ou des renouvellements importants de ces centrales peuvent être demandées. Cela est déjà effectif depuis 2018. Ainsi, en 2018, la Confédération a accordé des subventions d’investissement d’un montant total de 101,2 millions de francs.

L’affirmation selon laquelle l’énergie hydraulique suisse n’est pas rentable et n’est pas compétitive ne peut donc pas être confirmée de manière générale à l’heure actuelle. Ceci est également mentionné par des études. Il s’agit d’un milieu en évolution, où le stockage deviendra très important. Les possibilités de repompages, avec des projets comme Nant de Drance, mais également le fait que l’eau deviendra une ressource de plus en plus importante avec les fontes des glaces, influenceront également la branche et améliorera encore sa souplesse en fonction de la demande d’énergie.

En raison de sa grande importance économique pour le Valais, mon département suit de très près la situation de l’énergie hydraulique et participe activement aux discussions sur les mesures visant à maintenir et à renforcer l’énergie hydraulique.

Comment se portent les finances du canton ?

Les finances du canton du Valais se portent très bien. En 2018, les revenus du compte de résultats s’élèvent à 3,79 milliards de francs et dépassent de 8,7 millions les charges. Avant prise en compte des amortissements et réévaluations du patrimoine administratif, le résultat se monte à 215 millions de francs et permet de financer intégralement les investissements nets de 195,6 millions et de dégager un excédent de financement de 19,5 millions de francs. Après deux années de vaches maigres en 2013 et 2014, le canton a su se ressaisir, prendre des mesures, et depuis 2015 le compte de résultat est dans le vert. D’ailleurs, le canton n’a plus de dettes bancaires à ce jour.

Les comptes 2019 vont probablement confirmer, voire améliorer, la bonne situation actuelle. Mais plusieurs points nous font penser que les années à venir seront moins bonnes :
– la péréquation financière révisée, moins favorables à notre Canton ;
– la révision fiscale qui renforcera l’attractivité de notre place économique, mais qui impliquera également des baisses de recettes pour les collectivités publiques ;
– les redevances hydrauliques qui seront certainement remises en cause à moyen terme.

Le Valais doit donc rester attentif afin de garder des comptes équilibrés, qui puissent garantir également les investissements futurs et des bonnes prestations en faveur de nos citoyennes et citoyens.

Quelle définition donneriez-vous du Valais ?

Le Valais a plusieurs visages particulièrement attractifs et attrayants. Le Valais, c’est également un lieu où se mélangent à la fois traditions et innovations. L’attachement fort des habitants de ce canton à des valeurs profondément ancrées dans leur terre ne les empêche pas de s’ouvrir au monde, que cela soit à travers la recherche scientifique ou le tourisme.

Comme ministre de l’énergie, je définirai le Valais comme étant le cœur énergétique de la Suisse. Le Valais est une terre d’énergie, riche en eau, soleil, biomasse et vent. Ses ressources font qu’il peut être un canton incontournable pour l’alimentation énergétique et électrique de notre pays.

* CGSO = Conférence des gouvernements de Suisse occidentale, RKGK = Conférence des gouvernements des cantons alpins, EnDK = Conférence des directeurs de l’énergie, CDF = Conférence des directeurs des finances, CLDF = Conférence latine des directeurs des finances