Service des bâtiments (SBat)

Cheffe du Service des bâtiments: Anne Jochem
Architecte cantonal: Michel Graber

 

Rénovations de bâtiments, mise en valeur du patrimoine historique… de nombreux chantiers et projets de taille pour le canton

Pour la première fois de son histoire, l’Etat de Fribourg se dote d’une stratégie immobilière, courant de 2022 à 2035, autant pour réhabiliter des bâtiments nécessitant d’importants travaux que pour mettre en valeur un patrimoine unique, à l’image de châteaux. Pour mener à bien ces projets ambitieux et d’envergure, le Service des bâtiments met, au quotidien, toute son énergie et sa passion à leur service. Pour nous parler de l’actualité du présent et de celle du futur, Bien Vivre a rencontré Anne Jochem, cheffe du service, et Michel Graber, architecte cantonal.

Y-a-t-il au sein du Service des bâtiments, une philosophie particulière ?

AJ : Notre service n’est autre qu’une entreprise de construction qui travaille à la maitrise immobilière, aux projets de réalisation, et à l’entretien et l’exploitation du portefeuille de l’Etat, propriétaire d’un patrimoine estimé à quasiment 2 milliards de francs de valeur d’assurance. Avoir la chance de pouvoir travailler autour de tant de projets uniques, spécifiques, complexes voire même exceptionnels nous apporte un enthousiasme et un dynamisme sans faille. Nous traduisons l’ambition qu’a le Conseil d’Etat pour le canton, la stratégie 2022-2035 la renforce et permet au Service des bâtiments d’avoir une perspective positive. Le portefeuille de biens est unique, à nous de le valoriser, l’assainir quand il le faut, le faire grandir et donner l’occasion aux Fribourgeois-es d’être fièr·e·s de leur patrimoine.

En quelques mots, qu’est-ce que la stratégie immobilière 2022-2035 ?

AJ : Elle nous sert de fil conducteur pour les décisions ayant trait au patrimoine immobilier du canton. Elle tourne autour des 3 rôles de l’Etat : propriétaire, maître d’ouvrage et exploitant. Avec cette nouvelle stratégie, le Conseil d’Etat dispose d’un outil qui lui permet de piloter le développement de ce secteur clé avec une plus grande cohérence et de répondre aux exigences économiques, environnementales et pratiques auxquelles doit faire face l’Etat de Fribourg dans la gestion de ses bâtiments. Elle lui donne une vision globale de son parc immobilier – près de 700 objets recensés – et de la manière dont il entend le gérer, en prenant des décisions homogènes. Si la rénovation d’un certain nombre est une priorité, acquérir de nouveaux bâtiments est aussi une nécessité. Pour citer un exemple, le canton est dans l’obligation d’ouvrir de nouvelles écoles. Pour ce faire, nous devons avoir des locaux à disposition.

Pouvez-vous nous donner un exemple précis d’un travail réalisé autour de cette stratégie ?

AJ : Parmi les 700 bâtiments que compte le parc immobilier cantonal, 200 nécessitent de gros travaux sous une échéance de 15 ans. Nous en avons priorisé certains et fait réaliser des diagnostics techniques sur une première cinquantaine. Grâce à ces analyses, nous connaissons maintenant les tâches à mener pour qu’ils gardent leur valeur tout en devenant vertueux. En agissant de la sorte, nous pouvons planifier les interventions ainsi que les ressources financières qui vont avec puisqu’il s’agit de chantiers d’importance. Etre exemplaire au niveau du développement durable est une obligation, c’est à nous de donner l’élan au plus grand nombre. Il s’agit là d’une démarche qu’il faudra actualiser et entretenir sur le long terme.

S’il ne fallait parler que de deux chantiers d’importance en cours, lesquels choisissez-vous ?

MG : Il m’est impossible de ne pas parler de la Bibliothèque cantonale et universitaire (BCU). Les travaux ont démarré en 2020 et aujourd’hui encore c’est un chantier spectaculaire, au cœur de la ville de Fribourg, qui demande une énorme logistique. Il avance puisque début 2023 les 2/3 du gros œuvre seront achevés. S’ensuivront le second œuvre, la mise en place des équipement et mobilier, qui permettra un rapatriement des œuvres et ouvrages mis à disposition du public pour une réouverture prévue courant 2025. Dans un autre ordre d’idée, je peux citer également la construction d’un nouveau bâtiment de recherche sur le site de l’Agroscope à Hauterive-Posieux. Le canton s’est engagé à construire un bâtiment pour ce qui constitue un des centres de compétence de la confédération en matière agronomique et agroalimentaire pour y installer des chercheurs et une structure qui se trouvent actuellement à Liebefeld. C’est un projet à plus de 100 millions dont les travaux ont démarré en 2021. Ce ne sont là que deux exemples, il y en a évidemment beaucoup d’autres, à l’état d’études ou de chantiers ouverts.

Les travaux de l’Hôtel Cantonal qui abrite la salle du Grand Conseil, sont achevés. Qu’apportent-ils au bâtiment ?

MG : On peut parler d’une conjugaison réussie entre conservation du patrimoine historique et intervention contemporaine, dont la finalité se traduit par une nouvelle fonctionnalité qui métamorphose fondamentalement ce bâtiment. C’est au niveau architectural qu’un travail exceptionnel a été réalisé, tout comme son pilotage, mais quand on voit le résultat, l’Etat de Fribourg peut être fier. Concernant les députés, leur rapport à l’Hôtel Cantonal a totalement changé. En effet, le Secrétariat du Grand Conseil y est installé de manière permanente et de nombreuses salles à disposition permettent aux commissions d’y siéger. Auparavant, elles devaient se rendre dans d’autres bâtiments de l’agglomération fribourgeoise. Cette « Maison du Parlement » est désormais véritablement « habitée » et elle génère au cœur de la cité historique une activité qui n’est plus uniquement rythmée par les séances du Grand Conseil.

Quelque chose de particulier est-il prévu pour le patrimoine historique ?

AJ : L’Etat de Fribourg a missionné notre service pour mettre en valeur ses bâtiments patrimoniaux emblématiques. Dans cette lignée, on peut évoquer l’Hôtel Cantonal, dont parlait Michel Graber auparavant, qui est tout simplement exceptionnel et qui éblouit chaque visiteur. Il y a maintenant une volonté politique de se tourner vers d’autres fleurons qui font la fierté du canton : les châteaux. Je laisse notre Architecte cantonal vous en parler.

MG : Effectivement, nous allons, comme le souhaite l’Etat de Fribourg, valoriser un patrimoine historique marquant. Cette démarche démarre avec le château de Bulle. Un concours a été mené autour de ce dernier pour sa mise en valeur. Le but était de trouver des solutions pour maximiser l’utilisation des espaces intérieurs, vides ou partiellement exploités jusque-là pour un grand nombre. Le projet qui va prendre place, et dont les travaux d’études débutent, nous permettra grâce à des travaux de réhabilitation de pouvoir accueillir par la suite des services de l’Etat. La rénovation concernera également les toitures et les façades. Aujourd’hui, par exemple, les pierres sont apparentes mais selon des études, à ses premières heures, le château de Bulle, comme d’autres dans le canton, était crépi. Il sera intéressant de lui faire retrouver son authenticité. Si nous démarrons avec ce bel édifice, d’autres sont également au programme comme ceux de Romont, d’Estavayer-le-Lac et de Morat, ainsi que les remparts du château de Gruyères.

 

Photo principale: Le château de Bulle. © Aeby Aumann Emery architectes Fribourg