
11 Fév SIA Valais – Société suisse des ingénieurs et des architectes
José Zufferey
Œuvrer pour un patrimoine bâti durable
La SIA Valais s’engage à défendre et promouvoir un patrimoine bâti de qualité, en tenant compte des enjeux actuels liés à la gestion durable des ressources, à l’efficacité énergétique et aux défis climatiques. La section valaisanne entend jouer un rôle clé dans l’évolution du secteur de la construction en favorisant des pratiques responsables et adaptées aux exigences environnementales de demain. Afin d’en savoir plus sur cette vision et les projets à venir, nous avons rencontré le nouveau président de la SIA Valais, José Zufferey, pour une interview exclusive.
Pouvez-vous vous présenter ?
Mon parcours professionnel est assez diversifié. Après avoir travaillé pendant une vingtaine d’années dans le secteur de l’hydroélectricité, tant en Valais qu’à l’étranger, j’ai pris en 2020 la décision de réorienter une partie de mes activités. Si je n’ai pas totalement quitté le domaine hydroélectrique, j’ai choisi de me concentrer davantage sur l’efficacité énergétique en général et plus spécifiquement dans le domaine de la construction, en me spécialisant dans le photovoltaïque. Ce tournant m’a naturellement conduit à m’engager auprès de la SIA. Mon approche diffère légèrement de celle des ingénieurs civils et des architectes traditionnels, bien que je collabore étroitement avec eux au sein du comité. Ma présidence, avec un profil quelque peu atypique en tant qu’ingénieur en électricité, me permet de garder un regard extérieur et un certain recul, ce qui me conduit à adopter une approche moins centrée sur les enjeux purement professionnels. En tant que bénévole, je m’investis pleinement dans cette mission tout en conciliant mes responsabilités d’indépendant.
Comment se porte la SIA Valais à ce jour ?
La section valaisanne compte actuellement 420 membres. Depuis quelques années, les conditions d’admission de la SIA Suisse, auparavant assez élitistes, ont été modifiées pour faciliter l’intégration des titulaires de Bachelor. Cette évolution a permis une ouverture accrue, entraînant une augmentation du nombre de membres (une dizaine dans notre section). Nous souhaitons ainsi tirer parti de cette nouveauté pour croître, renforcer nos ressources et améliorer notre représentativité au sein du tissu économique local. Cela nous permettra de mener des actions de lobbying plus efficaces et de renforcer la reconnaissance de nos professions.
Quelles sont les orientations de la SIA Valais ?
Pour atteindre ses objectifs, la SIA Valais agit sur le terrain politique, notamment à travers son intégration à Construction Valais, la faîtière du secteur de la construction. Cette position stratégique lui permet de mener des actions de lobbying aux niveaux cantonal et national. Actuellement, trois grands dossiers retiennent particulièrement notre attention : la révision de la Loi sur les constructions, prévue pour février 2025, l’accompagnement de l’application de la nouvelle loi cantonale sur l’énergie introduite le 1er janvier 2025 et enfin le suivi du dossier du projet Rhône3.
Quels sont les enjeux relatifs aux auteurs des plans, dans le cadre de la Loi sur les constructions ?
Depuis plusieurs décennies, le Valais a connu une urbanisation souvent mal encadrée, avec des constructions qui ne prenaient pas toujours en compte des enjeux essentiels tels que la densification et l’aménagement du territoire pour éviter le mitage et garantir une urbanisation cohérente, la préservation du patrimoine bâti et paysager, aujourd’hui menacée par des interventions inadaptées aux contextes historiques et naturels des villages, les dangers naturels, omniprésents en Valais et nécessitant des solutions architecturales et techniques adaptées, ainsi que la transition énergétique, marquée par des normes de plus en plus strictes pour des constructions respectueuses de l’environnement et économes en ressources.
Face à ces défis, la législation a progressivement évolué pour renforcer l’encadrement des auteurs de plans, assurant ainsi que seuls des professionnels qualifiés puissent assumer cette responsabilité. La loi sur les constructions, entrée en vigueur en 2018, a introduit une période transitoire qui a pris fin en janvier 2023, marquant le début d’une application plus stricte des exigences. Depuis lors, les dossiers de mise à l’enquête doivent être signés par des titulaires de diplômes spécifiques dans le domaine de la construction, comme un master ou un bachelor (EPF, HES ou équivalent), un diplôme d’une école supérieure technique (ES), une maîtrise fédérale ou un brevet fédéral en construction ou une personne inscrite au registre professionnel REG A, B ou C. Depuis la fin de cette période transitoire, les communes et le canton constatent unanimement une amélioration de la qualité des dossiers déposés, désormais mieux préparés, plus complets et plus faciles à traiter, garantissant ainsi une meilleure cohérence dans la planification du territoire et une exigence accrue de qualité dans les projets.
Quel est le rôle du REG ?
Tout d’abord, la modification de la loi sur les constructions actuellement en discussion au parlement va préciser le profil de l’auteur des plans en spécifiant le domaine technique du projet déposé et non plus uniquement le domaine de la construction. La SIA soutient également la mention du REG dans le texte de loi. Le Registre des architectes et ingénieurs (REG) est un outil de garantie des compétences des concepteurs de bâtiments et ouvrages et se décline en trois niveaux : le REG A pour les ingénieurs et architectes diplômés d’une EPF, le REG B pour les titulaires HES et Bachelor et le REG C pour les techniciens y compris les dessinateurs. La SIA soutient la position que l’expérience seule ne peut suffire à garantir l’acquisition des compétences pour les auteurs des plans et qu’une reconnaissance formelle comme le REG C pour les titulaires d’un CFC est nécessaire afin de garantir de respecter les standards de qualité, de sécurité, de durabilité et de transparence, des valeurs essentielles pour des ouvrages conçus dans les règles de l’art.
Quid du projet Rhône3 et de son coup d’arrêt actuel ?
Le projet de la 3e correction du Rhône (R3) représente un enjeu crucial pour le Valais, visant à sécuriser la plaine contre les crues, revitaliser le fleuve et intégrer des dimensions environnementales et socio-économiques. En mai 2024, le gouvernement valaisan a pris la décision de réviser entièrement ce projet. Cette décision fait suite à une analyse controversée où le rôle et la fonction des ingénieurs mandatés étaient remis en cause. Face à cette situation, la SIA Valais a choisi de prendre position sur cette révision, comme elle l’avait fait dans le passé. Lors du référendum sur le financement du projet en 2015, la SIA Valais avait activement soutenu le gouvernement, dont le décret de financement avait été largement approuvé par ses membres et accepté par le peuple valaisan. Cet engagement témoigne de la volonté constante de défendre ce projet d’envergure.
Dans ce contexte, la SIA Valais a pris des mesures pour défendre les intérêts des ingénieurs et architectes tout en contribuant à l’amélioration du projet. Une lettre officielle a été adressée au chef du département en charge de la mobilité, du territoire et de l’environnement, réaffirmant le soutien aux objectifs initiaux du projet tout en proposant des pistes concrètes pour cette révision, équilibrant les impératifs économiques, sociaux et environnementaux. Elle a également insisté sur la nécessité de clarifier les responsabilités entre le canton et les bureaux d’ingénieurs. Cette démarche, résolument orientée vers la recherche de solutions, a permis de maintenir le dialogue avec les autorités cantonales, notamment par une invitation à discuter avec le chef du Service des dangers naturels. Cette rencontre a permis de préciser les propositions, de mieux comprendre les attentes des autorités et de renforcer la collaboration autour du projet. La SIA Valais a reçu confirmation qu’elle sera partie prenante dans les différents groupes d’accompagnement au maître d’ouvrage dans la conduite du projet. Son implication contribuera à affirmer le rôle central des ingénieurs et architectes dans la révision du projet, tout en consolidant la crédibilité et l’impact de la profession. Nous souhaitons rappeler que la SIA Valais reste pleinement mobilisée pour soutenir la réussite du projet R3.
Comment la loi sur l’énergie transforme-t-elle la construction et la rénovation en Valais ?
Le Gouvernement valaisan a pour ambition d’avoir une consommation d’énergie indigène et 100% renouvelable à horizon 2060 avec déjà nombre d’objectifs intermédiaires à atteindre d’ici à 2035. La loi sur l’énergie, récemment adoptée, marque un tournant pour la gestion des énergies en Suisse, notamment en Valais. Alors que les ordonnances sont sorties et les formations lancées, la SIA joue un rôle clé dans sa mise en œuvre, en particulier dans le secteur de la construction. En collaboration avec le Service de l’énergie, elle contribue à l’application de cette législation, en formant les bureaux techniques et les communes pour garantir son efficacité. En Valais, un canton qui accusait un léger retard, cette loi représente un pas décisif vers la modernisation des infrastructures et une transition énergétique renforcée. Ainsi, même en partant d’une contrainte, cette loi devient un moteur de changement, soutenu par des acteurs régionaux et nationaux qui œuvrent pour une transition énergétique réussie et un avenir plus vert en Valais.
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